SIREA est un groupe français, spécialisé dans la gestion et l’autoconsommation d’énergie renouvelable, installé au Cambodge depuis mars 2018. Ses armoires électriques peuvent délivrer une alimentation reposant sur plusieurs sources d’énergies, qu’elles soient renouvelables ou plus conventionnelles.
Se développant sur un marché cambodgien en plein essor, elle propose également des formations aux élèves de l’Institut de Technologie du Cambodge (ITC).
Cambodge Mag a rencontré Théo Rioux, chef de projet énergétique pour SIREA au cours d’un entretien
CM : Quand SIREA a-t-elle été créée ?
SIREA est une PME, créée il y a 25 ans à Castres par Bruno Bouteille, un ingénieur automaticien.
À l’origine, SIREA était une entreprise d’automatisme et d’électricité. Puis, il y a 17 ans, l’entreprise s’est tournée vers le marché des énergies renouvelables, en alliant l’automatisme et l’électricité.
CM : Pourriez-vous nous expliquer le mécanisme ?
Les armoires d’autoconsommation que Sirea conçoit et fabrique sont des solutions tout-en-un : elles contiennent tous les composants nécessaires à l’optimisation de l’utilisation de l’énergie renouvelable produite sur place.
Ainsi, le producteur d’énergie devient consommateur.
Pour cela des capteurs compilent les données de production d’énergie (des panneaux photovoltaïques par exemple) et de consommation du bâtiment (individuel ou tertiaire) et les font remonter aux deux automates de l’armoire, constituant le « cerveau » du système. Ces derniers vont analyser les données et être capables de gérer les flux énergétiques en fonction de ces données. Par exemple, ils sont en mesure de faire fonctionner la climatisation d’un bâtiment, à plein régime lors des heures de grosse production d’énergie solaire et de faire en sorte que les consommations soient moindres la nuit.
L’armoire contient aussi un onduleur pour transformer l’électricité d’un courant continu vers un courant alternatif utilisable par le bâtiment.
Enfin, pour compléter cela, des batteries peuvent stocker les surplus d’énergie du milieu de journée pour les réinjecter, si besoin en soirée ou la nuit.
Ce mécanisme d’optimisation permet une réduction de la facture d’électricité allant facilement jusqu’à 70%. De plus, Sirea propose une large gamme d’armoire allant du 3 kWh pour les particuliers au 60 kWh pour les petites usines par exemple. Ces dernières peuvent fonctionner en réseau (On-grid) ou en autonomie complète (Off-grid).
Armoire Sirea – Crédit Photo : Sirea
CM : Pourquoi avoir fait le choix du Cambodge ?
Initialement, nous nous sommes tournés vers l’Afrique, notamment au Burkina Faso, au Cameroun et en Éthiopie, nous sommes résolument tournés vers l’international. Notre fondateur Bruno Bouteille a rencontré Didier Lecomte, le fondateur de Forica, au Burkina Faso. Soutenant des programmes dans des écoles d’ingénieurs du Burkina Faso, l’entreprise s’est intégrée au marché burkinabé. Cette opération a été répétée au Cambodge en partenariat avec l’Institut de Technologie du Cambodge.
Il y a deux ans, nous avons détecté une opportunité de développement au Cambodge. En effet, le prix élevé de l’électricité et le réseau national ne couvrant pas l’intégralité du territoire ont été des facteurs clés.
A cela s’est ajouté un constat simple : le manque de main d’œuvre technico-manuelle (entretien, réparations et dépannage), indispensable pour l’entretien et la mise en place des installations électriques. Forts de ce constat, nous avons signé un partenariat avec l’Institut de Technologie du Cambodge (ITC) pour la formation des techniciens et des ingénieurs sur nos armoires autonomes. Nous travaillons alors avec trois départements de l’ITC : énergie, automatisme, et l’informatique
Au-delà de la formation, nous développons notre activité commerciale au Cambodge, en proposant nos produits sur le marché.
CM : Quelles sont les données récoltées ?
Nous travaillons sur une armoire qui gère l’énergie.
Plusieurs sources d’énergie peuvent être utilisées, dont notamment un groupe électrogène, une batterie et du solaire.
Grâce à l’automate, nous mesurons ces sources pour orienter les flux d’énergie en fonction des besoins. Cette armoire fonctionne grâce aux données récoltées.
CM : Récemment, l’AFD et l’UE ont signé une aide de 30 millions d’euros pour améliorer la gestion du réseau électrique de l’EDC (Électricité Du Cambodge). Allez-vous participer à l’initiative ?
L’AFD est dans une démarche de modernisation du réseau. A l’inverse, nous proposons une solution permettant de compléter le réseau, qui a deux avantages :
Accéder à coût du kilowattheure raisonnable (donner le % de réduction de prix par rapport à l’électricité du réseau)
Améliorer son confort d’utilisation en évitant les coupures d’électricité telles que nous les avons connues il y a deux mois Cette fiabilité de l’alimentation électrique est essentielle pour les industriels, car comme nous avons pu le constater, les coupures ralentissent leurs activités et représentent d’importantes pertes financières. Tous les établissements ne sont pas équipés de générateurs pouvant prendre le relais en cas de coupure.
CM : Quelles sont les perspectives futures avec avec l’ITC ?
Fin juillet, nous participons à la journée SEVEA Constructive, proposant un conseil sur les énergies renouvelables.
L’événement est réalisé en collaboration avec Energie Lab, un incubateur d’entreprises d’énergies renouvelables. Il permettra aux élèves de l’ITC de rencontrer des entreprises liées au domaine des énergies. Les étudiants pourront ainsi décrocher une première expérience professionnelle en stage, intégrant des journées de formation sur les enjeux économiques et technologiques des énergies renouvelables.
Par ailleurs, à partir d’août, des travaux pratiques “TP” seront proposés aux filières techniques de l’ITC. Ces séances de 4h sous la forme d’université d’été (stage) ont pour but d’apprendre aux étudiants la manipulation de nos produits.
Enfin, à partir de la rentrée prochaine, l’ITC lancera son Master Énergie dans lequel nous interviendrons.
Impliqués, nous nous sommes mis à la disposition des professeurs dès notre arrivée afin de développer des actions communes. Ce n’est que le début de nos collaborations que nous souhaitons continuer de développer.
Théo Rioux, Chef de projet énergétique à SIREA. Photographie par Hugo Bolorinos
Propos recueilli par Hugo Bolorinos
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