Le Cambodge et la Chine ont signé un accord bilatéral de libre-échange (ALE), un contrat présenté par ses signataires comme une excellente opportunité pour les exportations agricoles du Cambodge.
Le Premier ministre Hun Sen et le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi présidaient hier la cérémonie de signature de l’accord commercial au Palais de la Paix à Phnom Penh. Des accords de subvention pour la rénovation d’un hôpital et du système d’assainissement dans la ville côtière de Sihanoukville et d'autres projets prioritaires ont également été conclus. Lors de la cérémonie, le ministre cambodgien du Commerce, S.E Pan Sorasak, a déclaré que l’accord garantirait un partenariat économique solide entre les deux pays en offrant un accès plus élargi au marché des biens, des services et des investissements. Le ministre a ajouté :
« La mise en œuvre opportune de cet accord apportera des avantages économiques et sociaux aux populations des deux pays d’une manière avantageuse »
Priorité aux produits agricoles
L’ALE a été conclu après moins d’un an de négociations. Les deux gouvernements ont fourni relativement peu de détails techniques sur l’accord de libre-échange, sauf pour annoncer que ce serait un accord très bénéfique pour le secteur agricole cambodgien en couvrant environ 300 produits — sans compter l’exportation de riz, qui bénéficie actuellement d’un quota d’exportation de 200 000 tonnes. Le Premier ministre a rappelé que le Cambodge avait perdu les préférences du régime européen Tout Sauf les Armes, un accord temporaire, mais que cet accord de libre-échange avec la Chine serait permanent.
L’accord devait initialement être signé le 12 août à Pékin. Il s’agissait aussi de la date choisie par l’Union européenne pour mettre en œuvre la suppression d’une partie du régime douanier préférentiel. Le Premier ministre Hun Sen a exhorté les agriculteurs du Cambodge à augmenter leur production, tout en demandant à la Chine d’augmenter ses importations de fruits, de poivre et d’autres produits agricoles. Le vice-premier ministre S.E. Hor Namhong a réitéré ce sentiment à Wang Yi lors d’une réunion dimanche dernier. Les deux pays ont également signé une subvention pour la modernisation de l’hôpital de référence Preah Sihanouk à Sihanoukville, et pour la modernisation du système d’égouts de la ville portuaire.
Aides au développement
S.E. Hor Namhong a également annoncé que la Chine avait fourni 140 millions de dollars de subventions pour des projets de développement prioritaires dans le Royaume. Dans un communiqué publié lundi, le ministre a déclaré que la subvention serait utilisée pour des projets à Sihanoukville, notamment un câble sous-marin à fibre optique vers Hong Kong, la construction de la route nationale 71C, des lignes de transport d’électricité rurales et pour stimuler la production et l’exportation de riz. Il a ajouté que les fonds seront également utilisés pour des projets d’irrigation et de protection contre les inondations dans la province de Kampong Speu, ainsi que pour l’expansion et la modernisation des routes nationales 41, 33 et 31.
Réactions
Selon CCTV, Wang Yi a déclaré que l’accord de libre-échange favoriserait non seulement le commerce bilatéral, mais contribuerait également à relever les défis du Cambodge une fois que les impacts économiques de la pandémie COVID-19 se seront atténués :
« La Chine est prête à consolider davantage la confiance politique et à renforcer le soutien mutuel, à tracer conjointement la voie et à promouvoir le développement des relations bilatérales dans la période post-pandémique »
Quelques économistes ont remis en question le potentiel pour le Cambodge de tirer pleinement parti de l’ALE, en particulier à la lumière de la contraction économique estimée induite par le COVID-19 pour 2020. Jayant Menon, chercheur principal invité à l’Institut ISEAS-Yusof Ishak, un groupe de réflexion basé à Singapour, estime que, en raison de l’économie ouverte du Cambodge et des tarifs avantageux :
« Un ALE avec la Chine présente un grand avantage pour le pays, mais cela augmente une dépendance économique déjà élevée envers la Chine. »
« Pour réduire ce risque, le Cambodge devrait chercher à diversifier davantage ses flux commerciaux et d’investissement, afin de ne pas trop dépendre d’un ou de quelques partenaires commerciaux », a-t-il déclaré à VOA.
Notes : AKP & VOA Khmer
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