Pour Meas Channary, Cambodgienne d’origine chinoise, le Nouvel An chinois, qui débutera officiellement le 10 février 2024, est l’une des meilleures occasions pour honorer ses ancêtres et retrouver la famille.
Quelques jours avant la fête, cette résidente de Phnom Penh, âgée de 36 ans, confie qu’elle a toujours décoré sa maison avec des morceaux de papier de couleur rouge, des fleurs et des lanternes de cette même couleur pour cette célébration.
« Habituellement, nous prions pour exprimer notre gratitude à nos ancêtres et pour demander le bonheur et les bonnes affaires pour la nouvelle année », dit-elle.
« Cette année, même si notre pays souffre toujours de l’impact de la pandémie COVID-19 et que nos revenus ont un peu diminué, nous célébrons toujours la Fête du Printemps parce que cela demeure notre culture et notre tradition », ajoute-t-elle.
Chea Huykong, 37 ans, et vendeuse de décorations et d’articles du Nouvel An chinois à Phnom Penh, confie que quelques semaines avant le festival, les affaires reprennent. « Malgré une certaine morosité, beaucoup de gens viennent encore acheter des décorations », dit-elle, ajoutant :
« J’espère qu’au cours de la nouvelle année, les affaires iront mieux »
Grande célébration
Le Nouvel An chinois n’est pas un jour férié au Cambodge, mais il est largement célébré et certaines écoles, entreprises privées et institutions sont fermées à cette occasion. Le pays observe généralement trois festivals du Nouvel An par an, à savoir le Nouvel An occidental, le Nouvel An chinois et le Nouvel An cambodgien.
« Actuellement, il y a beaucoup de Cambodgiens d’ascendance chinoise, et pendant la Fête du Printemps, qu’ils soient Cambodgiens d’origine chinoise ou Khmers d'origine, ils profitent de cette occasion pour se retrouver »
Le porte-parole attribue cette grande célébration au respect de la diversité culturelle et de la liberté de croyance, et « aux excellentes relations entre les peuples des deux pays ». Sambo Manara, de l’Université Pannasastra, suggère que la fête du printemps gagne en popularité dans le pays chaque année en raison des liens plus étroits entre les deux pays tant dans les domaines politiques, économique que culturel
« Nous estimons qu’environ 80 % des Cambodgiens vivant dans les zones urbaines et 40 % dans les zones rurales célèbrent le Nouvel An chinois », confie-t-il.
« Nous le constatons de nos propres yeux, pendant la Fête du Printemps, la plupart des magasins et commerces de la capitale sont fermés, car leurs propriétaires sont occupés à célébrer le festival », affirme Manara.
Honorer les ancêtres
Un autre Cambodien, Ponnasirivath, estime que Cambodgiens et Chinois ont une manière très similaire d’adorer leurs ancêtres, c’est pourquoi il leur est facile de célébrer le festival ensemble. « Je pense que les Chinois et les Cambodgiens ont la même croyance - adorer l’esprit de leurs ancêtres, donc le festival est une occasion pour eux de prier et d’exprimer leur gratitude à leurs ancêtres », dit-il.
Diep Sophal, professeur d’histoire également, avance que les gens effectuent généralement des offrandes de porcelets ou de poulets rôtis et d’autres objets de prière à leurs ancêtres en fonction de leurs moyens, et prient pour le bonheur et les bonnes affaires au cours de la nouvelle année.
Il ajoute que certaines familles invitent des « danseurs du lion » à se produire dans leurs maisons ou entreprises pour inaugurer la Fête du Printemps et conjurer la malchance Les Cambodgiens et les Chinois « sont très reconnaissants et respectueux de leurs ancêtres », note-t-il. Sophal pense également que beaucoup espèrent que la célébration portera chance à leurs entreprises au cours de la nouvelle année.
Amitié fraternelle
Ponnasirivath affirme que la fête du printemps est célébrée au Cambodge depuis les temps les plus anciens. Manara, lui, rappelle que les deux pays ont des siècles de relations historiques, culturelles et commerciales :
« Cambodgiens et Chinois célèbrent ensemble la fête du printemps depuis le premier siècle, lorsqu’ils ont commencé les échanges commerciaux ».
« Cela démontre que les Cambodgiens sont ouverts à accepter la valeur culturelle des autres pays », ajoute-t-il. « Les relations étroites entre le Cambodge et la Chine aujourd’hui sont également le résultat de siècles de relations privilégiées entre les peuples des deux pays ». Chea Monyrith, président de la Chinese Cambodian Evolution Researcher Association, estime que cette grande célébration au Cambodge reflète vraiment « la relation fraternelle entre les peuples des deux pays ».
« Les gens qui célèbrent ce Nouvel An doivent bâtir une amitié plus étroite avec leurs amis chinois, leurs partenaires commerciaux et leurs voisins d’origine chinoise », déclare-t-il.
Sources : 新华社报道 & AKP
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