Le Cambodge célébrera, du 13 au 16 avril 2020 , son Nouvel An traditionnel, l'une des fêtes les plus symboliques du pays.
Le 13 avril, à 20h48 précisément, marquera la fin de l'année bouddhiste 2563 BE et le début de la nouvelle année 2564, l'année du rat. C'est la déesse Koreakeak Devi, la deuxième fille de Kabel Moha Prum, qui accompagnera cette nouvelle année. Le Nouvel An traditionnel « Chaul Chhnam Thmei », tombe généralement vers la mi-avril ou le Chet, le cinquième mois du calendrier lunaire cambodgien pendant lequel les paysans achèvent la récolte de riz de la saison sèche. Généralement, les Cambodgiens retournent dans leur village natal, se rendent à la pagode, partent en vacances et participent à diverses activités de divertissement.
Restrictions
Mais, pour cette année 2020, afin d'empêcher la propagation de l’épidémie de COVID-19, le Premier ministre Hun Sen a appelé tous les ouvriers, employés et fonctionnaires de tous les secteurs à travailler normalement et a décidé de reporter les jours fériés du Nouvel An khmer. De plus, les déplacements d'une province à l'autre sont restreints depuis le 9 jusqu'au 16 avril.
Si les grandes célébrations n'auront pas lieu, les déplacements à la pagode et les regroupements familiaux ne sont pas interdits, mais peu recommandés. C'est donc un Nouvel An plus discret qui se profile dans le royaume, l'occasion de rappeler l'origine et le déroulement de cette fête traditionnelle.
Depuis le septième siècle, les Khmers ont adopté un nouveau calendrier faisant coïncider le Nouvel An avec le quatrième mois du calendrier chrétien.
Le premier jour du Nouvel An est appelé “Moha Sankranta”, du sanskrit Sankranti, la grande marche, le deuxième “Vanapata”, et le troisième “Loeung Sak”, entrée dans la nouvelle année. D’ordinaire, les cloches et les tam tams des pagodes annoncent l’arrivée du Nouvel An quelquefois tard dans la nuit car, de nos jours, le calendrier traditionnel khmer est établi en fonction de la double marche du soleil et de la lune. Durant la matinée du deuxième jour ont lieu les offrandes de l’aumône aux moines et, dans l’après-midi du même jour, ceux-ci sont invités à se baigner avant leurs sermons.
Célébration
Les Cambodgiens ont l’habitude d’aller célébrer le Chaul Chhnam dans la pagode de leur village où l’on organise aussi un concert de Pinpeat afin d’accompagner la fête et de célébrer la venue du Nouvel An; cet orchestre n’est pas obligatoire et peu courant chez les particuliers.
Les roulements de tam-tams, le carillon de cloches mêlées à des vœux et à des psalmodies saluent l’heure du Nouvel An tandis que les volutes de baguettes d’encens montent des petites chapelles de bois éclairées par des bougies aux bords des routes.
Quelques jours avant le Nouvel An, les familles cambodgiennes préparent des décorations florales, des lanternes aux formes multiples, des bougies et bâtonnets d’encens plantés sur des monceaux de sable, également ornés de petits oriflammes de papier multicolores, érigés tout près des maisons.
Rites traditionnels
Outre les rites traditionnels qui durent trois jours pleins, les Cambodgiens, et surtout les jeunes, aiment s’adonner aux danses et jeux populaires, tels que l’Angkunh (sorte de jeu utilisant des graines naturelles servant de billes), le jeu de Chol Chhoung, (lancer de balle faite d’un krama roulé, le tout accompagnée de chants), le jeu de Leak Kansèng (également avec un krama), le jeu de halage de lanière, de Chap Kaun Khlèng (l’épervier et les poulettes), de Laut Anteak (saut du filet), de Anteak Kach, (la foudre) et de Khsep Ta Prohm.
Et, parmi les danses, on notera le bien connu Trot (Troddi) consistant à mimer la chasse au cerf ; mais aussi la ronde Roam Vong, les chants alternés tels “le Ayaï” et l’interprétation de Yiké, (forme de théâtre chanté connu au Cambodge depuis des siècles).
Jeux populaires
Toutefois, certains jeux populaires disparaissent, tels le jeu de Dandoeum Phlè Daung (attraper une noix de coco graissée), le jeu de polo nocturne, la course de pirogues de bambou. De nos jours, apparaissent de nouvelles distractions comme le lancer de flèches, l’orchestre moderne, le cinéma, le théâtre et le cirque.… Dans certains quarties, il arrive que la communauté invite un chanteur troubadour à venir raconter des contes ou légendes ; et parfois même l’orchestre de Pinpeat ou de Mohori est aussi invité à se produire.
Pèlerinage
Fidèles à une habitude en passe de devenir une belle tradition depuis trois ou quatre décennies, les Cambodgiens entreprennent un pèlerinage vers Angkor où, par endroits, ils dressent un abri provisoire pour une agréable partie de camping ou de pique-nique pendant leur visite des temples sous un ciel bleu d’avril.
Outre le jeu du lancer de krama roulé, les Cambodgiens s'adonnent également à d’autres distractions : la danse populaire de “bois de cerf”, la danse de Kap Krâbei Phoeuk Sra (mise à mort du buffle), et celle de Ang-Rè, (danse au pilon). Chaul Chhnam est un événement très important chez les Cambodgiens. Chacun s’efforce, à cette occasion, de faire de bonnes actions dans son foyer, ou vers les gens de l’extérieur. On est censé exorciser les malheurs ou déconvenues de l’année passée pour recevoir le bonheur et la prospérité pour l’année qui vient.
Dans certaines provinces ou régions, le Nouvel An est précédé et prolongé de jeux populaires pendant un mois avant et après l’événement. On se rassemble dans la pagode, dans les places publiques, dans les sites historiques ou touristiques pour danser, se distraire et inviter les âmes des ancêtres à rejoindre cette atmosphère heureuse ; et à célébrer la gloire d’antan.
コメント