Quel sera l’avenir du tourisme au Cambodge ? Quelles formes prendra-t-il, quelles sont les tendances actuelles, comment positionner le Royaume face aux pays voisins et comment en faire une destination plus attractive ? Tous ces thèmes, et bien d’autres encore, ont été abordés lors d’une conférence organisée par la Cambodia Tourism Association (CATA).
« Next chapter for Cambodia tourism ». C’est sous cette thématique que se sont rassemblées près de 200 personnes dans la salle de conférences du Pacific Hotel de Siem Reap, y amenant de nombreuses questions dans un contexte charnière. Dépendant énormément du tourisme, l’économie siemréapoise peine encore à panser les plaies du Covid, la pandémie ayant fortement déstabilisé un secteur qui souffrait déjà de quelques faiblesses structurelles.
Un bref état des lieux a été dressé par les intervenants avant que ceux-ci ne proposent des pistes capables de hausser le nombre de visiteurs, mais aussi la durée de leur séjour dans un Royaume qui ne manque pas d’atouts.
Des touristes en quête d’immersion
Comment se porte le tourisme au Cambodge ? Si le Royaume attire les visiteurs venus admirer les temples d’Angkor, force est de constater qu’il ne représente encore pour beaucoup qu’une destination annexe. Un grand nombre d’entre eux profite d’un voyage en Thaïlande ou au Vietnam pour s’accorder quelques jours au Cambodge, comme en témoigne la faible durée des séjours. Alors que les touristes passent en moyenne entre neuf et dix jours au Vietnam ou en Thaïlande, seuls trois à cinq jours sont consacrés au Cambodge, la plupart du temps à Phnom Penh, mais surtout à Siem Reap afin de visiter les temples. « Beaucoup ne connaissent que cela du Cambodge », constate Savath Mao, qui a animé la discussion.
« Pourtant, les touristes demandent plus que jamais d’autres expériences plus immersives. Passer trois jours à visiter le parc archéologique peut se montrer lassant pour certains, qui ne savent pas toujours quoi faire d’autre. »
Ce constat, Craig Dodge le partage aussi. S’appuyant sur un petit film, le directeur des ventes du cirque Phare a listé tous les attraits du Cambodge. La nature, l’aventure, la culture, les arts, la gastronomie, les divertissements et l’histoire répondent à merveille aux désirs d’une clientèle dont les attentes ont bien changé au cours de la dernière décennie. « En réfléchissant à cela, et pour vous parler d’un exemple concret, je me suis rendu compte que le cirque Phare était bien plus qu’un simple spectacle. Nous proposons depuis peu un accès aux coulisses, qui permet de discuter avec les artistes, de découvrir leur histoire, d’assister aux préparatifs avant la représentation, bref, de se plonger dans la vie du cirque. Le succès est au rendez-vous et représente une idée de ce que les visiteurs peuvent attendre, et comment répondre à cette attente. »
Susciter l’envie de découverte
Abondant dans ce sens, Nikolas Hatz a ressenti une forte demande pour les visites hors des sentiers battus. Représentant à la fois Destination Mekong et GIZ, cet expert du tourisme a cité l’exemple sud-coréen, dont la mue a su assurer la pérennité du tourisme. Le choix s’est montré pertinent, tant les problématiques entre les deux pays se montraient identiques. « Les visiteurs ne se rendaient qu’à un seul endroit, en l’occurrence Séoul, et n’y restaient généralement que quelques jours. Le public comme le privé ont joint leurs efforts pour créer une multitude de zones touristiques à travers tout le pays. Mettant en valeur l’architecture d’un lieu, ou bien sa cuisine, ses paysages, en soulignant tantôt une culture urbaine ou amenant les visiteurs dans les zones rurales, la Corée du Sud est parvenue en seulement quelques années à radicalement changer la face de son tourisme. Le Cambodge a les moyens d’appliquer une recette identique. » « Il faut créer un cercle vertueux qui irait dans ce sens, a confirmé Craig Dodge. C’est le principe même de l’offre et de la demande. Pour qu’il y ait de la demande, il faut qu’une offre soit disponible, c’est aussi simple que cela. »
Nouvel aéroport, nouvelles perspectives
L’un des problèmes majeurs réside dans l’absence de vols long-courriers, rendant le Royaume difficilement accessible depuis l’étranger. Cette absence de liaisons directes devrait très prochainement être palliée par l’inauguration de nouveaux aéroports internationaux capables d’accueillir les gros porteurs. Si celui de Phnom Penh n’est attendu que pour 2025, celui de Siem Reap sera opérationnel dès le 16 octobre prochain. Ses nombreux terminaux et ses longues pistes laissent envisager une capacité de 10 millions de voyageurs lors des premières années d’exploitation, et jusqu’à 20 millions aux alentours de 2050.
« Envisagée depuis plus d’une décennie, la construction d’un nouvel aéroport permettra d’accroître le nombre de touristes tout en préservant les temples d’Angkor, dont la proximité de l’aéroport actuel menace l’intégrité », a résumé Lu Wei, son directeur.
Ce dernier a tenu à souligner l’étroite coopération entre le Cambodge et la Chine, la réalisation ayant été confiée à la compagnie Yunnan Investment Holdings Limited pour un budget de 880 millions de dollars. Si l’espoir placé dans cet aéroport est grand, certaines questions demeurent encore sans réponse, concernant notamment les compagnies aériennes prêtes à s’aligner sur le tarmac flambant neuf. « Dans le but de ne pas perturber le fonctionnement du prestataire actuel, les dessertes futures ne seront annoncées que lors de la transition, qui aura lieu entre les 15 et 16 octobre. Mais les compagnies chinoises se montrent d’ores et déjà intéressées, ce qui amènera non seulement de nombreux touristes, mais aussi de nouveaux investisseurs. »
Des conseils à grande et petite échelle
Une autre intervention remarquée fut celle d’Ivana Tranchini, qui représentait le leader financier VISA. En plus de proposer des solutions de paiement, l’entreprise organise régulièrement de vastes études permettant de comprendre les habitudes et les besoins des consommateurs.
« Pour qu’une destination soit attractive, il ne faut pas négliger les possibilités de paiement. Proposer un maximum de distributeurs de billets, multiplier les terminaux bancaires et étoffer les solutions sans contact facilite grandement la vie des voyageurs. Offrir plus de moyens de paiement contribue généralement à la hausse des dépenses effectuées au cours d’un séjour. »
Au cours de la deuxième partie de la conférence, les intervenants ont prodigué des conseils utiles à destination des acteurs officiant dans le secteur du tourisme. « Plus que jamais, la communication revêt une importance capitale, a insisté Craig Dodge. Repensez vos offres afin de les faire correspondre aux attentes actuelles. Suscitez l’envie de découverte, notamment en utilisant des canaux tels que TikTok et Instagram pour y publier des vidéos inspirantes. Diffusez des photos montrant combien vos clients apprécient leur visite, faites-vous identifier par des mots-dièses, faites des portraits de votre équipe ! Soyez visible sur internet et les réseaux sociaux, optimisez votre site web et offrez à vos clients la possibilité de réserver et de payer en ligne. »
Communiquer encore plus
Faire du Cambodge une destination plus attractive passe donc par de nombreux points. Le pays dispose de multiples attraits, qui demeurent pourtant souvent méconnus par des touristes qui se montrent plus informés à propos des pays voisins. « Cela dépend parfois de petites choses toutes simples », a constaté Ivana Tranchini, prenant comme exemple l’engouement suscité par une série Netflix se déroulant en France.
« Il suffirait d’un équivalent à Emily in Paris pour donner envie de visiter le Royaume ! »
Le fait est que, plus de vingt ans après sa sortie dans les salles, le film Tomb Raider est toujours cité par un grand nombre de touristes ayant découvert les ruines d’Angkor par ce biais. Du soft Power, de la communication, des offres plus diversifiées, des facilités pour voyager et des prestataires proposant une large palette de services devraient permettre de faire progresser le tourisme de manière significative.
« D’autant plus que la modernisation du pays et de ses infrastructures est entrée dans une remarquable dynamique. L’aménagement de la zone Kep/Kampot, l’autoroute reliant Phnom Penh à Sihanoukville, le nouvel aéroport, le stade Morodok Techo et la rénovation des routes et avenues de Siem Reap font partie des motifs de satisfaction », a précisé Kunthea Eng, président du CATA Siem Reap.
Cette conférence, qui s’est poursuivie par une discussion et un réseautage entre participants, s’inscrit dans le cadre d’un plan directeur mis en place en 2021 pour la province de Siem Reap et qui devrait s’étaler jusqu’en 2035. Ce plan a été confirmé par Thong Khon, le ministre du Tourisme, qui espère attirer dès 2026 à Siem Reap trois millions de touristes internationaux et quatres millions de touristes domestiques. Depuis la fin de la pandémie, les initiatives visant à accroître le niveau de fréquentation touristique se succèdent, promouvant un Cambodge qui ne demande qu’à recevoir de nouveaux visiteurs.
Si les soi-disant experts recommandent le modèle sud Coréen qui est le plus grand échec probablement dans le développement touristique en Asie en détruisant une partie du patrimoine et en *disneylisant* le reste, le tourisme au Cambodge à un bien noir avenir. Il est sur qu il faut développer des produits originaux et le Cambodge n en manque pas mais il faut aussi vendre la destination en globalité et surtout éviter que chaque entité fasse le marketing de sa propre entreprise. Il faut se ranger sous un parapluie commun ce qu il avait été bien commencé par le ministère du tourisme. En attirant 1 million de touristes séjournant 9 jours par an(soit 9millions de journees/tourisme) au lieu de un million…