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Photo du rédacteurChristophe Gargiulo

Sports & Cambodge : Rithy Tep, « à propos de Coupe Davis, d'ATP et de la santé du tennis local »

Dernière mise à jour : 29 nov. 2023

Ce weekend se déroulait la 28e édition du tournoi « TEP KHUNNAH MEMORIAL CUP » au stade Morodok Techo. L'occasion de faire le point avec Rithy Tep - Secrétaire général de la Fédération (Tennis Cambodia) - sur la santé du tennis cambodgien et les ambitions de celui qui a ressuscité ce sport il y a trente ans.

Rithy Tep, secrétaire général de Tennis Cambodia
Rithy Tep, secrétaire général de Tennis Cambodia

Que se passe-t-il aujourd’hui au stade Morodok Techo ?

Aujourd’hui, il s’agit de la 28e édition de la « TEP KHUNNAH MEMORIAL CUP », une compétition organisée en l’honneur d’un très grand joueur de tennis, mon père, qui était le numéro 1 cambodgien dans les années 50 et 60.

Cette année, nous avons décidé de faire jouer les catégories 10 ans et moins, 12 ans et moins, 14 ans et moins et 18 ans et moins. Ainsi, nous accueillons plus d’une quarantaine de joueurs qui sont venus un petit peu partout, de Siem Reap, de Battambang, Phnom Penh et Kep.

Comment se situe le niveau de ces jeunes ?

Le niveau 10 ans et moins est normal, j’oserais dire, régulier, mais rien de faramineux parce que ce sont souvent des jeunes qui font partie de nos programmes d’école.

Et par contre, on a vu clairement, chez les 14 ans et moins, et 18 ans et moins, que ça commence à avoir une consistance un peu plus soutenue et surtout d’un niveau régional très correct.

Comment se porte le tennis cambodgien en général ?

Ça se passe très bien. D’ailleurs, nous avons été les hôtes des Jeux d’Asie du Sud-Est cette année, au mois de mai et notre équipe de tennis a remporté deux médailles de bronze. Pour ce qui a trait à la Coupe Davis, nous sommes en groupe 4 cette année, car nous avons été relégués l’année dernière, et nous faisons une tentative de montée. Et je pense que la Coupe Davis se déroulera ici, au Cambodge. Ce sera la première fois que nous accueillerons un tournoi aussi prestigieux.

Qu’est-ce qui manque au tennis local pour monter d’un cran ?

Ce qui nous manque, ce sont ce que j’appelle les trois C : les courts, les coachs et la compétition. Sans un de ces C là, ça ne peut pas marcher. Donc, aujourd’hui, nous avons pas mal de compétitions. Tous les deux mois, nous avons une épreuve de jeunes pour reconstruire ce qu’on appelle notre « grassroots », notre base.

Et malheureusement, nous n’avons pas assez de sponsors pour nous aider à organiser des compétitions beaucoup plus soutenues et beaucoup plus régulières. Nous prenons exemple sur la Fédération Française de Tennis qui privilégie la compétition à 100 %.

« Il s’agit de créer une uniformité dans le coaching, se battre sur le terrain le plus possible et aussi, bien entendu, avoir des compétitions chaque semaine. »

Donc, c’est un bon défi pour nous. Mais, je pense que si on pouvait avoir une compétition toutes les deux ou trois semaines, le niveau de la base monterait, bien entendu, plus rapidement.

Que pensez-vous de la concurrence du padel et du pickleball ?

Je ne vois rien de mauvais dans le paddle et nous venons juste de nous enregistrer au sein de la Fédération Internationale de pickleball. Et le padel viendra. Toutefois, pour le pickleball, ce sont des infrastructures qui nous coûtent beaucoup moins cher parce que l’on convertit nos terrains de tennis. Et je pense que c’est vraiment très complémentaire. Je pense qu’il y aura des joueurs de tennis un peu plus âgés qui vont faire un transfert en loisirs dans le padel.

« Et aussi, vu que nous allons avoir beaucoup de jeunes dans le pickleball, je pense que certains voudront venir essayer le tennis. »

Parce que c’est toujours, plus ou moins le même sport, avec une coordination entre les mains et les yeux.

un mot sur le chemin parcouru pour reconstruire ce sport au Cambodge

Wôw ! En 1994, cela a été extrêmement dur parce que nous n’avions plus du tout de joueurs. Donc, mon frère et moi avions pris à l’époque tous les ramasseurs de balles, au cercle sportif - qui est devenu maintenant l’ambassade américaine - au Cambodge.

Et, nous leur avons donné des cours de tennis. En fait, ils n’en voulaient pas, mais nous leur avions promis que s’ils venaient, on leur donnerait quelque chose à manger. Et donc, c’est ce qui s’est passé.

« Et aujourd’hui, sur les 100 gamins avec qui nous avons travaillé, il y a facilement aujourd’hui 25 coachs, dont trois qui sont restés au sein de l’administration de Tennis Cambodia. »

Et si on compare dans les années 90 à aujourd’hui, c’est totalement différent, car, nous avons des événements très régulièrement, des joueurs qui ont un rang au niveau mondial, des joueuses des États-Unis, des Khmers américaines, des Françaises, des Franco-Khmer d’Europe ou de France qui nous rejoignent, que ce soit pour la Billie Jean King Cup ou pour la Coupe Davis. Donc, nous sommes vraiment très choyés et je crois que les joueurs ont confiance en nous à présent.

Peut-on envisager un jour un tournoi ATP au Cambodge ?

Nous avons déjà organisé des tournois ATP qu’on appelle les Futurs. Quand on organise ce genre d’événement, c’est vraiment pour encourager, pour donner ce qu’on appelle les Wild cards - invitations à nos joueurs.

Organiser une épreuve à un niveau supérieur, soit un challenger, qui représente 30, 40, 50 000 dollars de prix pour un tournoi, c’est beaucoup trop tôt parce que nous n’avons pas encore les joueurs pour leur faire pleinement profiter de cet évènement. Donc, nous avons prévu en 2024 de faire trois tournois futurs ATP. Ce seront des tournois de 15 000 et de 30 000 $ de prix.

Donc, nous allons poursuivre dans cette catégorie et cela va permettre aussi à nos joueurs locaux d’y participer et de faire belle figure. Voilà !

 

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