Le Premier ministre Hun Manet a défini l’importance de « la paix, de la stabilité politique et du rôle du secteur privé » comme les conditions déterminantes à la croissance économique et au développement, lors de son discours lundi dernier au Sommet des affaires et de l’investissement de l’ASEAN 2023, à Jakarta.
Lors de son discours, le Premier ministre cambodgien a rappelé comment le Royaume s’était transformé, passant d’un pays marqué par des décennies de guerres à un pays en paix.
Importance de la paix
« C’est grâce à la paix que le Cambodge a pu maintenir une croissance économique de 7 % par an avant la pandémie de Covid-19. C’est cette paix qui a permis au Cambodge d’atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure en 2015 », a-t-il déclaré, poursuivant :
« Le Cambodge montre donc que l’établissement de la paix, de la stabilité politique et de la sécurité est une condition préalable et un élément central du développement socio-économique et humain, sans lequel les droits fondamentaux et la liberté du peuple ne peuvent être protégés. »
Le PM a également expliqué que son gouvernement préserverait et entretiendrait la paix durement gagnée par le Royaume, tout en accélérant le développement national pour faire en sorte que le Cambodge devienne un pays à revenu élevé d’ici 2050, grâce à la « stratégie pentagonale ».
Cette stratégie, a-t-il rappelé, définit cinq domaines d’intervention : le développement du capital humain, la diversification économique et le renforcement de la compétitivité, le développement du secteur privé et de l’emploi, le développement résilient, durable et inclusif, et le développement d’une économie et d’une société numériques.
S.E. Hun Manet a également évoqué le rôle essentiel que devait jouer le secteur privé pour contribuer à la prospérité du Cambodge, notant que « son gouvernement accordait la priorité à l’amélioration du climat des affaires et de l’investissement ».
Il a également mis en lumière plusieurs problèmes mondiaux actuels, tels que la guerre en Ukraine, la crise au Myanmar et la concurrence géopolitique entre les superpuissances.
Inquiétudes
Selon le PM, « la rivalité géopolitique entre les grandes puissances devient de plus en plus tendue et entraîne des perturbations en permanence dans les économies et les échanges régionaux et mondiaux. Elle exerce également une pression sur la paix, la sécurité et la prospérité de l’ASEAN dans son ensemble » :
« Nous souffrons tous, directement et indirectement, des effets des conflits externes. Ils vont de la perturbation des chaînes d’approvisionnement au ralentissement de la croissance. »
Il a ajouté que le Cambodge avait longtemps été actif dans la défense et l’engagement des questions de paix et de sécurité régionales et mondiales. Dans ce contexte, le nouveau PM a souligné l’engagement de son gouvernement en faveur du système multilatéral et de l’ordre international fondé sur des règles, ainsi que sa volonté de travailler avec les États membres de l’ASEAN :
« En tant que nouveau premier ministre du Cambodge, je tiens à vous assurer que le Cambodge reste attaché au système multilatéral, à l’ordre international fondé sur des règles et aux principes de non-ingérence, afin de protéger et de promouvoir la paix dans le pays et dans le monde. »
« Nous travaillerons en étroite collaboration avec tous les États membres du bloc — ainsi qu’avec le secteur privé - pour favoriser l’inclusion, la paix et la prospérité dans la région et au-delà », a-t-il ajouté.
Jean-François Tain, ministre délégué auprès du Premier ministre, qui accompagnait M. Manet au sommet, a déclaré à nos partenaires du Post que le Premier ministre avait reçu un accueil chaleureux de la part des dirigeants mondiaux présents à ce sommet :
« À travers ses diverses rencontres avec les dirigeants étrangers et ses discours, Hun Manet a envoyé un message clair au monde sur la position du Cambodge sur la scène internationale. Pendant une période difficile au niveau mondial, avec la guerre en Ukraine, et au niveau régional, avec les conflits entre les superpuissances dans la zone indopacifique, le Premier ministre a réussi à faire comprendre que le Cambodge aimait la paix ».
Résolutions
A la fin de la session plénière de ce 43e Sommet de l’ASEAN à Jakarta, les dirigeants de la communauté de pays ont adopté un certain nombre de documents clés pour « stimuler leur croissance économique, assurer la sécurité alimentaire et favoriser l’économie numérique,
Les documents adoptés comprennent la déclaration des dirigeants sur l’ASEAN en tant qu’épicentre de la croissance, la déclaration des sur le renforcement de la sécurité alimentaire en réponse aux crises, la déclaration sur le développement de l’accord-cadre de l’ASEAN sur l’économie numérique (DEFA), l’accord-cadre sur l’économie bleue et le projet de vision de la communauté de l’ASEAN pour 2045.
Dans son discours, le Premier ministre cambodgien a rappelé son inquiétude à propos de l’escalade des tensions géopolitiques, mais aussi le rôle de l'ASEAN dans ce contexte.
« En ce sens, a-t-il déclaré, le bloc doit être en mesure d’anticiper, de prévenir et d’atténuer l’impact des crises en utilisant les sommets de l’ASEAN, et en tant qu’organe de décision politique de haut niveau. le bloc peut prendre des mesures décisives et opportunes sur des questions urgentes et stratégiques »
Dans l’après-midi, les chefs d’État ou de gouvernement de l’ASEAN ont participé à la session de réflexion pour échanger leurs points de vue sur l’évolution de la situation dans la région et dans le monde.
Les rapports du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale (BM) et du secrétariat de l’ASEAN présentés lors de la session plénière démontrent que - bien que la situation économique mondiale se détériore en raison des effets de la crise du COVID-19, des guerres et des tensions dans certaines régions - l'ASEAN demeure le fer de lance de la croissance économique mondiale en atteignant une augmentation du PIB estimée à 4,6 % en 2023, ce qui équivaut à près de 3,6 milliards de milliards de dollars américains, soit environ 10 % du PIB mondial, faisant de la communauté de pays la cinquième plus grande économie du monde.
Par ailleurs, les représentants du FMI et de la Banque mondiale ont exhorté le bloc à « procéder à des réformes institutionnelles et à renforcer l’investissement dans l’emploi, la jeunesse, l’éducation, la technologie numérique et toute croissance garantissant la durabilité ».
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