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Solidarité & Culture : Julie Pietri au Cambodge, « un pays fabuleux, une cuisine savoureuse, une authentique découverte »

Photo du rédacteur: Christophe GargiuloChristophe Gargiulo

Dans un entretien exclusif accordé à Cambodge Mag, Julie Pietri, interprète inoubliable de « Ève, lève-toi » mais aussi de « Et c'est comme si », « Amoureux fous » en duo avec Herbert Léonard, « Nouvelle vie », « Si on parlait de ma vie », se confie sur sa carrière de chanteuse égérie des années 80, son retour sur scène, sa rencontre avec l’association AMUR et enfin son premier voyage au Cambodge.

Julie Pietri
Julie Pietri

Immense star des années 80, vous vous êtes faite discrète pendant une dizaine d’années avant de connaître un regain de popularité à partir des années 2000, parlez-nous un peu de cette période

J’ai tout simplement arrêté ma carrière lorsque je me suis retrouvée enceinte de ma fille en 1991. J'ai arrêté pendant plus de dix ans et je suis revenue en 2003 grâce à une émission extraordinaire proposée par TF1 et intitulée Retour gagnant. Il s'agissait de choisir un titre et d'évoquer notre carrière durant l’émission. J'étais en concurrence avec un certain nombre d'amis chanteurs et chanteuses, et cette émission a eu un énorme retentissement. Il y avait dix personnalités qui concouraient avec moi en direct et j'ai été celle qui a gagné avec 4,5 millions de votes de spectateurs…

Voilà comment j'ai pu reprendre ma carrière grâce à cette émission en 2003. À partir de là, j'ai recommencé à sortir des albums qui me faisaient plaisir, et qui n'étaient pas seulement des compilations, mais de vrais albums. J'ai notamment sorti un album de reprises jazzy intitulé Autour de minuit en 2007.

Julie Pietri

J'ai également fait une très belle scène en 2007. Aujourd'hui, c'est difficile pour moi d'en parler parce que c'est de triste mémoire, mais à l'époque, c'était une très belle scène qui n'avait pas ce lourd passif. Il s’agit du Bataclan. J'ai proposé un spectacle exceptionnel, et j'ai sorti un DVD, avec un orchestre Big Band de jazz de 25 musiciens. Ce fut un moment magnifique et cela a vraiment relancé toute la machine. Entre retour gagnant et cet album jazzy, j'ai aussi pu revenir sur scène avec mes musiciens et tourner dans toute la France, partir au Liban, en Tunisie, au Maroc, en Amérique du Sud, etc.

J’ai plus récemment (en 2022) sorti un album intitulé Origami dont je suis également la productrice et la co-auteure. Malheureusement, j'ai souffert d’un cancer et j'ai été opérée en 2023. L'année suivante, j'ai un peu relancé la machine en sortant le même album en double vinyle, avec trois inédits et des duos avec des amies chanteuses. Voilà, cela reste mon bébé le plus récent, qui se vend très bien en France.

J’imagine que votre retour a suscité beaucoup d’émotions en vous…

Déjà, quand j'ai remporté cette émission qui faisait participer le public en 2003, je me suis dit : « Waouh, c'est dingue », car je ne savais pas que j'avais encore autant d’amour de la part du public.

J'avais connu beaucoup de succès avec plusieurs disques d'or : Maria Magdalena, Et c'est comme si, Je veux croire, Amoureux fous avec Herbert Léonard, tout cela sous le nom de Julie tout court d'ailleurs. J'ai eu le culot de reprendre mon nom de famille pour l'album Le Premier Jour, qui comportait Ève, lève-toi, disque d'or également, première place au top 50 et plus de 1000 000 d’exemplaires vendus.

Cet album proposait un concept très novateur, parce que ce n'était pas du tout le type de musique que je produisais auparavant. Pour répondre à votre question concernant ce tourbillon, je dirais que c'est quelque chose qui vous dépasse. On vous appelle dans toutes les télés, dans toutes les radios, dans le monde entier – la version anglaise a bien marché en Espagne, en Italie et en Allemagne, et a été classée dans les 15 premières places de l'Europarade. Je n'ai pas pu apprécier sur le coup, parce qu'il fallait que je sois partout à la fois, que je fasse toutes les télévisions possibles et imaginables, que je courre le monde, que j'aille encore une fois jusqu'au Liban, en revenant par l'Allemagne et en repassant par l'Espagne. C'était assez difficile parce que je n'arrivais plus à gérer quoi que ce soit. Je n’ai pas vraiment eu le temps d’apprécier cette période, c’est dommage.

« Je dis souvent que cette chanson est le blockbuster de ma vie et les gens me réduisent beaucoup à ça, mais je l'accepte parce que j'ai écrit ce texte avec cette volonté de modernité et de féminisme. »

Je crois aussi que, à l'époque, tout le monde ne comprenait pas vraiment ce que je voulais exprimer. Il faut prendre le temps d’écouter le texte et ses nombreuses références, ainsi que son sens profond.

Julie Pietri

J’ai eu droit à beaucoup d’interprétations différentes à propos du sens de cette chanson, des interprétations réductrices ou parfois loufoques. Je trouve ça réducteur, c'est parfois une impression de trop-peu pour moi, mais j'en suis aussi ravie, parce que c'est une chanson qui réunit beaucoup d'aficionados, qui exprime les idées qui sont les miennes, c'est-à-dire ma conception du féminisme, d'une musique fusion qui réunit sons d’Orient et d’Occident. Ce métissage me plaisait beaucoup.

Enfin, si l'on se souvient de moi comme d'une partie du patrimoine de la musique française grâce à « Ève, lève-toi », je l'accepte tout de même avec beaucoup d'amour, et c'est aussi une chance parce que tout le monde ne peut pas en dire autant.

Vos sentiments sur le paysage musical français aujourd’hui…

En ce qui me concerne, c’est difficile, car les médias placent en priorité celui qui fait le buzz en oubliant le reste. On matraque à outrance et, quand j’arrive dans une radio pour proposer mes plus récentes créations, on me dit que mes chansons sont bien, très modernes, mais que la station ne me diffusera pas, car je n’ai plus trente ans. C’est de l’âgisme, mais aussi de la discrimination, car d’autres artistes de ma génération sont diffusés parce que ce sont des hommes !

Les hommes ont moins de problèmes d'âge par rapport à un métier artistique. Les femmes sont souvent réduites à... « Elle est belle quand même pour son âge ». Il y a une obsolescence programmée pour nous, les femmes. Alors, c'est terrible.

Comment avez-vous connu l’association AMUR (Au Moins Un Repas) ?

Martial Leotard et Éric Idier, qui travaillent dans l’événementiel, ont contacté le manager de mon groupe pour organiser un concert dans la ville de Richelieu pour les fêtes de Noël 2017. Cette région se trouve également être celle de mon enfance. Après notre retour d’Algérie, j’y avais en effet beaucoup de souvenirs avec mes cousins et surtout ma grand-mère. Ce fut un bel événement qui a attiré beaucoup de monde et rappelé de nombreux moments agréables de mon adolescence.

De gauche à droite,Eric Idier, Julie Pietri et Martial Leotard
De gauche à droite,Eric Idier, Julie Pietri et Martial Leotard

Voilà, je rencontre ces deux garçons, je sors de scène, je dédicace à tout va, et ils demandent à discuter. Ils me parlent de leur initiative au Cambodge. Ils ont souhaité que je devienne la marraine de leur association. Ils m'ont demandé de préfacer leur livre Regards du Cambodge, ce que j'ai fait volontiers, et l'histoire s'est lancée comme ça. J’ai offert un concert avec tous mes musiciens pour les dix ans de l’association, et j’avais alors promis de venir dans le pays. Le projet a été retardé en raison de mon cancer, mais aujourd’hui, enfin, je peux découvrir le travail de l’association, faire connaissance avec ma filleule Chantoun et aussi découvrir ce beau pays. J’ai été très émue lors de ma première rencontre avec les enfants des bidonvilles soutenus par AMUR. Les voir attendre sagement, en silence, était un moment très fort.

Julie Pietri avec les enfants des bidonvilles
Julie Pietri avec les enfants des bidonvilles

Quelles seraient vos premières impressions sur le Cambodge ?

Je suis complètement candide, mais ma première impression serait la richesse culturelle du pays. Je pense à cette impression de deux mondes qui se côtoient, un monde très uptown, assez aisé, et puis un autre de la campagne, où la vie est beaucoup plus dure. Lors d’une promenade en soirée devant le palais du roi, j’ai vu une dame avec son bébé qui dormait par terre. Donc oui, on a forcément envie d'aider. Je dis souvent une chose peut-être très naïve :

« Si on sauve un enfant, on sauve le monde… »

Grâce au travail d’AMUR, s’il y a au moins la moitié des enfants qui s’en sortent, ce sera déjà très bien. On pourrait me dire qu’il y a de la misère ailleurs, oui bien sûr, il y a de la misère dans le monde entier, il y a de la misère dans mon propre pays, la France, mais je fais ce que je peux et si on me propose de m’impliquer dans un projet de ce genre, je m'y engouffre, parce que je trouve que, encore une fois, sauver un enfant sur cette terre, c'est sauver le monde. Il y en a qui s'en fichent et qui se voilent la face, à l’image de beaucoup d'artistes. Surtout à notre époque, le nombril est surdimensionné. Et moi, je connais beaucoup d'artistes qui se regardent beaucoup le nombril ou qui s’impliquent dans l’humanitaire pour faire parler d'eux. Tel n'est pas du tout mon cas, je n'ai pas du tout envie. Ça me révulse.

Est-ce que vous avez des amis artistes que vous voudriez aussi sensibiliser ou envie de créer une synergie autour de votre implication dans cette ONG ?

Je ne sais pas encore. Moi, j'en parle, je fais des publications sur les réseaux sociaux tous les jours, avec ma petite Chantoun, je communique avec tout ce que je peux relayer. En fait, je communique beaucoup sur trois sujets : la condition des femmes (je suis très féministe, c'est vrai), les cancers féminins et les enfants dans le monde. Si c'est au Cambodge, c'est au Cambodge. Pour aider les enfants, il n'y a pas de couleur, pas de race, pas de religion. Ils sont partout, ils ont besoin de nous.

Quels sont les aspects du Cambodge qui vous séduisent le plus ?

Je suis en admiration quand je vois ces splendides pagodes, quand je vois le Mékong… Ah, je suis aussi totalement fan de la cuisine cambodgienne. Je tiens d'ailleurs à en goûter tous les jours durant ce voyage. Il y a des plats extraordinaires. J’ai découvert le fameux amok, mais également d’autres plats à base de légumes et d'herbes aromatiques. C'est absolument délicieux. C'est une vraie découverte. Moi, j'adore être en immersion, je trouve cela génial.

Anecdote : j’ai appris qu’il y avait pas mal de membres du gouvernement qui parlaient français et l’un d’entre eux, le ministre du Tourisme, a absolument tenu à me rencontrer. 

« Très franchement, pour revenir à mon impression, c'est un pays fabuleux, un peuple fantastique, il y a une quantité folle de choses à voir. »

À mon grand regret, les gens ne prennent pas le temps de découvrir Phnom Penh, qui est pourtant une capitale fabuleuse avec des quartiers authentiques et une quantité folle de choses à voir.

 

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