La Conservation d’Angkor ouvrira exceptionnellement ses portes ce samedi 17 septembre 2022, pour la Journée du patrimoine. À cette occasion, retour sur la précédente édition.
De nombreux visiteurs se sont déplacés pour parcourir les allées de ce site unique en son genre, où sont stockées des centaines de pièces archéologiques d’une valeur inestimable.
Des curieux, des étudiants, des amoureux du patrimoine, des touristes sont venus admirer les chefs-d’œuvre de la sculpture khmère. Des croyants, aussi, qui en ont profité pour rendre hommage aux divinités tant hindouistes que bouddhistes noyées pour l’occasion sous la fumée des encens.
Un lieu mystérieux
Une promenade dans l’enceinte de la Conservation n’est pas chose courante, puisque le site n’ouvre ses portes au public que deux fois dans l’année.
La Journée du patrimoine et le Nouvel an khmer sont donc les seules occasions de parcourir ce lieu dont les hauts murs surmontés de barbelés rappellent le caractère confidentiel.
Car la Conservation n’est pas un endroit comme les autres : fondé en 1908, cet organisme s’est fixé comme mission de stocker, de préserver et de restaurer les pièces n’ayant pu trouver leur place au sein d’un musée. Certaines sont pourtant dignes des plus belles collections, comme ce Vishnu colossal au pied duquel reposent des offrandes de fruits et de fleurs. Ou encore ces fières et menaçantes nagas qui alternent avec les linteaux, les devatas, les dvarapalas, les lions et les garudas qui jonchent le parcours.
Un condensé d’histoire khmère
De tous les bâtiments dévolus au stockage de ces trésors, un seul a été ouvert au public : les autres, réservés aux ateliers de restauration et à l’entreposage des poteries et petites sculptures, sont restés fermés pour des raisons évidentes de sécurité.
Dans la vaste pièce, les visiteurs ont pu admirer d’antiques statues du Bouddha, parfois en bois, côtoyant les visages massifs des géants chargés du barattage de la mer de lait, venus tout droit des portes ceignant Angkor Thom. Au centre, des dizaines de stèle en sanscrit, à l’écriture fine et serrée, racontent à elles seules toute la grandeur de la civilisation angkorienne.
Certaines œuvres portent encore les stigmates de l’histoire : des Bouddhas au visage défiguré témoignent de la violente réaction shivaïte du XIIIᵉ siècle ; d’autres, sectionnées en plusieurs parties par des trafiquants, ont dû être réassemblées.
Un site discret mais très actif
Tout au long de la visite, d’abondants panneaux rappellent les actions menées par l’institution, qui dépend du ministère cambodgien de la Culture et qui travaille en étroite collaboration avec les équipes d’archéologues de toutes nationalités. Les Français, encore très présents, occupent une place à part dans ce lieu, puisqu’ils sont à l’origine de sa création.
Des dizaines de photos, en noir et blanc et en sépia, rendent d’ailleurs hommage à ces précurseurs nommés Jean Commaille, Maurice Glaize, Henri Marchal, Bernard-Philippe Groslier, pour ne citer qu’eux.
Si les grosses vagues de découvertes se sont atténuées, la Conservation demeure une structure indispensable, dévolue tant à la sauvegarde d’un patrimoine exceptionnel qu’à la formation des étudiants et des chercheurs. Pouvoir visiter un tel endroit constitue à ce titre un rare privilège.
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Texte et photographies par Rémi Abad
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