De nos jours, avec les progrès de la technologie, l’étude des manuscrits est quelque peu délaissée et très peu d’enfants cambodgiens connaissent l’importance historique des manuscrits et leur origine.
Pas de papier avant les Français
Au Cambodge, les manuscrits ont principalement été écrits par des moines et des enseignants des temps anciens. Pourtant le papier destiné à l’écriture a été inventé en Chine très tôt, durant la dynastie des Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.) par Cai Lun, un eunuque. Et, le papier, identique à celui utilisé aujourd’hui, sera introduit seulement au milieu des années 1800 par l’administration française.
Le papier n’était pas donc pas vraiment utilisé au Cambodge avant l’arrivée des colons. Les anciens lui préféraient le sleuk rith, une forme de manuscrit en feuilles de palmier. Comme les enfants étudiaient dans les pagodes, ce sont les moines qui se chargeaient alors de conserver les manuscrits.
Bien que ces derniers puissent être en principe conservés pendant des centaines d’années, il est à craindre actuellement que la plupart d’entre eux ne soient perdus à jamais s’ils ne sont pas préservés correctement.
Peu de manuscrits
Hélas, 80 % de tous les manuscrits conservés dans les bibliothèques des pagodes ont été détruits par les Khmers rouges. Même après la chute du régime en 1979, de nombreux manuscrits survivants ont été jetés alors que les réfugiés désespérés utilisaient les pagodes comme abri.
« Sur plus d’un millier de pagodes que nous avons visitées, moins d’une centaine ont encore les manuscrits. Les restaurer n’était pas une tâche facile. Beaucoup d’entre eux étaient collés ensemble, grâce à des moisissures, des termites et des excréments d’animaux », explique Kok An du Fonds pour l’Édition des Manuscrits du Cambodge (1).
Atelier pour les jeunes
Dans un petit village de la province de Siem Reap appelé Kork Thmei, un groupe de jeunes apprend patiemment la technique du manuscrit. Financé par le gouvernement royal, cet atelier d’écriture a pour vocation de permettre aux jeunes écoliers cambodgiens de comprendre cette technique ancestrale qui permettait l’accès à la connaissance.
Mme Phoeun Phavi, spécialiste des manuscrits et en charge de cet atelier explique que la nouvelle génération doit maîtriser les difficultés de ces techniques anciennes pour que cette tradition survive. Selon Mme Phoeun Phavi :
« La transcription est très différente de l’écriture sur papier et nous manquons de matières, car les feuilles ne sont pas toujours faciles à trouver »
Les apprentis scribes ont en charge actuellement de retranscrire des poèmes du célèbre troubadour Kram Ngoy (1865-1936). Leurs œuvres iront ensuite rejoindre les bibliothèques des pagodes du royaume.
(1) Le Fonds pour l’Édition des Manuscrits du Cambodge est une bibliothèque située dans l’enceinte de la pagode Phnom Penh Wat Ounalom, où les manuscrits de tout le pays sont conservés.
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