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Siem Reap & Initiative : Donner de la valeur ajoutée aux noix de cajou

Phal Phearom possède un magasin spécialisé à Siem Reap, le « Cashew Village ». Son activité est basée sur la valorisation d’un produit largement disponible et vise à améliorer les moyens de subsistance des villageois.

Des femmes épluchent des noix de cajou dans le district de Banteay Srei, dans la province de Siem Reap, le 28 juin. Photo fournie
Des Cambodgiennes épluchent des noix de cajou dans le district de Banteay Srei, dans la province de Siem Reap, le 28 juin. Photo fournie

Phearom a créé la boutique artisanale — qui achète des noix de cajou, puis les épluche et les rôtit avant de les emballer pour les vendre — dans le village Prei de la commune de Khnar Sandai, dans le district de Banteay Srei, en février 2022.

« Je pense que ce genre de commerce a été établi dans d’autres régions — j’en ai vu dans la province de Kampot — mais dans le district de Banteay Srei, nous n’avons jamais eu personne qui les épluche. Dans le passé, les habitants se contentaient de les casser à la main et de les manger. Cette méthode n’est pas aussi efficace que l’utilisation d’une machine et ne peut être utilisée pour de grandes quantités », dit-il.

« La particularité de nos noix de cajou est qu’elles sont cultivées localement. Cela signifie qu’elles sont très fraîches lorsque nous les préparons. Lorsque les noix de cajou sont expédiées dans une grande usine, il peut s’écouler jusqu’à un an avant qu’elles ne soient décortiquées. Elles n’ont donc pas un goût aussi frais que notre produit », ajoute-t-il.

Ayant visité l’entreprise, le gouverneur du district de Banteay Srei, Khim Finan, et le département provincial de l’agriculture l’ont encouragé à produire davantage de produits à base de noix de cajou et espèrent que les agriculteurs les soutiendront et qu’ils pourront décliner le produit en gâteaux ou aliments susceptibles d'être vendus dans les petites boutiques d’artisanat du district.

Contrôle de qualité.
Contrôle de qualité. Photo Hong Menea

M. Finan confie que l’idée n’est pas nouvelle et que l’administration du district a toujours encouragé toute initiative susceptible de contribuer au développement de l’industrie de la noix de cajou. Il ajoute que le district de Banteay Srei cultive beaucoup de noix de cajou pour l’exportation, mais ne vend que des noix brutes, sans aucune valeur ajoutée.

Le propriétaire de Cashew Village, âgé de 37 ans, raconte qu’il a commencé à emballer ses produits en 2020, mais que ce n’est qu’en février de cette année qu’il s’est inscrit auprès du ministère du Commerce. Il explique qu’il utilise des machines pour traiter et emballer le produit. Il sait que c’est ainsi que sont préparées les noix de cajou produites en masse.

« Avant cela, nous les achetions en petites quantités. Parfois, nous achetions des noix de cajou déjà épluchées avant de les transformer et de les emballer. Mais maintenant, nous les épluchons et les emballons nous-mêmes », dit-il.

Inspiration

L’inspiration qui l’a poussé à se lancer dans la transformation des noix de cajou lui est venue d’une rencontre qu’il a faite dans sa carrière précédente. Il était guide touristique à Siem Reap, et un jour, un groupe de Coréens lui a demandé de les emmener dans une plantation de noix de cajou.


« Je les ai emmenés dans des fermes à Siem Reap, Oddar Meanchey, Banteay Meanchey, Kampong Thom et Kampong Cham, et ils voulaient importer les noix en Corée pour les transformer », explique-t-il.

Il s’est alors rendu compte que les noix de cajou étaient précieuses pour les étrangers, qui venaient souvent au Cambodge pour les acheter brutes en vue de leur exportation. Il s’est dit :

« Si les étrangers peuvent ajouter de la valeur aux noix de cajou, pourquoi les Cambodgiens ne pourraient-ils pas le faire ? »

« En 2016, j’ai décidé de me renseigner davantage sur cette industrie. J’ai voyagé en Thaïlande et j’ai vu comment ils travaillaient la noix en travaillant sur un produit local facilement disponible. Tout a vraiment commencé en 2019, lorsque la pandémie a durement affecté l’industrie du tourisme à Siem Reap. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me tourner vers cette activité », dit-il.

« En 2020, alors que le pays était fermé, j’ai commandé des machines en Chine et au Vietnam et j’ai commencé à traiter et à emballer les noix. Au début, je me suis installé à Kampong Thom, mais lorsque le pays a rouvert, je suis revenu à Siem Reap. J’ai pu employer certains villageois qui étaient au chômage, et nous attirons quelques touristes qui voyagent entre Banteay Srei et Siem Reap », confie-t-il.

Bantay Srei, idéal...

Pour Phearom, qui est originaire de Siem Reap, Banteay Srei est un endroit idéal. Il peut acheter et vendre facilement et il a pu employer des villageois qui vivent près de chez lui. Actuellement, il a sept employés, six femmes et un homme. Certains étaient auparavant au chômage et d’autres étaient d’anciens travailleurs migrants en Thaïlande.

Pour le gouverneur de district, M. Finan, l’entreprise demeure une opération à assez petite échelle, mais il espère qu’elle se développera et deviendra peut-être la base d’une grande entreprise communautaire à l’avenir :

« Le village de la noix de cajou est un bon début, mais ce que nous voulons vraiment, c’est encourager la participation d’un plus grand nombre de villageois et de producteurs. Si les agriculteurs peuvent trouver un marché local pour leur produit brut, et si les habitants peuvent le transformer en nouveaux produits, alors une industrie artisanale très répandue verra le jour et profitera à tous », dit-il.

Produit par « Cashew Village ». Photo fournie
Produit par « Cashew Village ». Photo fournie

Selon M. Phearom, le Cambodge compte trois grandes usines de production de noix de cajou à Preah Vihear, Kampong Thom et Kampong Cham, qui se concentrent sur les exportations vers le Japon, la Chine et la Thaïlande. Les artisans qui épluchent leurs noix de cajou à la main ne peuvent pas encore répondre à la demande du marché.

Le Vietnam avait l’habitude de fixer le prix des noix de cajou brutes, mais M. Phearom estime que son entreprise artisanale a contribué à l’augmentation des prix de gros :

« Bien que mon entreprise ne soit pas importante, je peux au moins aider les agriculteurs locaux en achetant leurs produits à un meilleur prix que celui qu’ils obtiendraient autrement. Auparavant, les noix de cajou étaient cultivées uniquement pour le marché vietnamien. Si les Vietnamiens ne les achetaient pas, les vendeurs n’avaient d’autre choix que de les ramener chez eux, de les vendre à bas prix ou de les laisser pourrir ».

Traitement

Il explique que la chaîne de production commence par la cueillette des noix de cajou dans la plantation. Les noix ne doivent pas être ramassées plus de deux jours après qu’elles soient tombées de l’arbre, sinon elles seront impropres à la consommation. Une fois qu’elles sont récoltées, son personnel les étuve et les sèche, puis enlève les coquilles. Enfin, elles sont rôties et traitées.

Il a la capacité de griller environ 1,5 tonne de noix par jour, mais comme les noix de cajou sont épluchées à la main — un processus laborieux — seuls 50 kg par jour sont produits.

Une machine à éplucher accélérerait le travail, et il étudie actuellement les moyens de financer son achat. Une fois installée, la machine pourrait produire au moins 500 kg par jour.

Pour l’instant, ses produits ne sont disponibles que dans certains points de vente de Siem Reap et de Phnom Penh. Son prix de gros est de neuf dollars, le prix de détail recommandé étant de 11 dollars par unité.

« Les noix de cajou peuvent être transformées de nombreuses façons et il n’est pas difficile de trouver un marché pour le produit fini. Nous ne sommes pas encore en mesure de développer notre activité, car nous ne pouvons pas éplucher suffisamment de noix. À un moment donné, nous serons dépassés par nos installations ici, et nous devrons trouver des locaux plus grands et employer plus de personnel, pour être compétitifs sur le marché », confie-t-il.

Épluchage des noix. Photo fournie
Épluchage des noix. Photo fournie

Tea Kim Soth, directeur du département de l’agriculture, des forêts et de la pêche de Siem Reap, déclare que les noix de cajou transformées constituent un produit de valeur. Cependant, tant que les finances et la capacité de fabrication restent limitées, il est peu probable qu’elle se développe.

« À Banteay Srei, ils produisent un produit de qualité. Certains agriculteurs ont également exploré l’idée de transformer leurs propres récoltes, mais ils ont besoin de capitaux. Ils pourraient contracter des prêts auprès des banques, mais se méfient des taux d’intérêt élevés. Le ministère aurait également des projets pour le marché de la noix de cajou », ajoute-t-il.

« J’espère que davantage de villageois transformeront les noix de cajou brutes en nouveaux produits. Cette idée a beaucoup de potentiel. S’ils peuvent fabriquer et vendre quelque chose de cette manière, ils augmenteront les revenus de leurs familles », conclut-il.

Roth Sochieata avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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