L’exposition « The Studio Heart, the Cabinet of Curiosities » dans la Galerie du FCC Angkor à Siem Reap ramène le visiteur à l’époque où les voyageurs européens exposaient dans une pièce de leur habitation ce qu’ils avaient rapporté de pays lointains dont on entendait à peine parler.
Ces voyageurs mélangeaient des œuvres d’art et des antiquités, des pièces de décoration, des curiosités et autres objets décoratifs qu’ils avaient ramenés de leurs périples au fil des années.
Dans l’exposition organisée par Master Artisans, « The Studio Heart » présente des répliques de chefs-d’œuvre en bronze du début du XXe siècle, tels que celles des artistes français Camille Claudel et Edgar Degas, ainsi que des sculptures khmères classiques ou contemporaines, notamment des statues du Bouddha sculptées par certains des plus grands artisans cambodgiens.
On y trouve également des répliques des sculptures d’Auguste Rodin représentant des danseuses cambodgiennes. En 1906, le célèbre artiste français fut fasciné par les danseuses classiques khmères qui s’étaient produites à Paris alors qu’il accompagnait le roi Sisowath lors de son voyage en France.
Les premiers « cabinets de curiosités » remontent au XVIe siècle. À l’origine, ils étaient destinés aux objets considérés comme relevant de l’histoire naturelle, de la géologie, de l’ethnographie, de l’archéologie, ainsi qu’aux reliques religieuses ou historiques et aux œuvres d’art, y compris les peintures de cabinet et les antiquités.
Les cabinets de curiosités marquèrent une étape vers une appréhension plus scientifique du monde. Apparus à la Renaissance en Europe, leurs collections, souvent ouvertes à la visite, formèrent par la suite le noyau des musées, muséums et jardins botaniques qui les remplacèrent peu à peu. Ainsi, l’Ashmolean Museum d’Oxford ouvrit en 1683, présentant les collections des cabinets des Tradescant, père et fils, et celles d’Elias Ashmole. Celui-ci établit clairement le lien entre les collections de spécimens et la connaissance scientifique :
« Parce que la connaissance de la Nature est nécessaire à la vie humaine...et parce que cette connaissance ne se peut si bien trouver et ne peut être si utilement atteinte sans connaître et approfondir l’histoire naturelle ; et qu’à cette fin il est indispensable d’examiner des spécimens, en particulier ceux qui sont d’une constitution extraordinaire, ou utiles en médecine, ou qui peuvent être mis au service de l’industrie ou du commerce : moi, Elias Ashmole, par passion pour cette branche du Savoir pour laquelle j’ai éprouvé le plus vif plaisir, ce qui reste encore vrai aujourd’hui ; cause pour laquelle j’ai aussi amassé une grande variété de corps composés et de corps simples, et en ai fait don à l’université d’Oxford ».
De même, à Londres, la Royal Society (fondée en 1660) avait commencé à se constituer une collection en achetant le cabinet de « raretés naturelles » de Robert Hubert. C’est en 1669 qu’elle prit la décision de compléter ses collections de manière plus systématique en commençant à réunir un herbier exhaustif des îles britanniques. Au début du XVIIIe siècle, le prince électeur de Saxe Frédéric Auguste transforma les salles de son trésor, le Grünes Gewölbe, en musée public. Enfin, alors que le jardin botanique de Pise existait déjà depuis 1544, il fut imité à la fin du siècle, puis au début du suivant, au jardin botanique de l'université de Strasbourg, au jardin des plantes de Montpellier, puis au jardin royal des plantes médicinales de Paris.
Les sculptures d’inspiration angkorienne présentées dans l’exposition ont été réalisées par des sculpteurs et artisans cambodgiens avec lesquels Master Artisans, basé à Siem Reap, travaille depuis des années.
Ces objets de collection uniques ont été obtenus auprès d’antiquaires, de galeries, de maisons de vente aux enchères et de marchés spécialisés en Europe. Ils ont été inclus dans l’exposition en raison de leur qualité, de leur esthétique et de leur histoire.
L’exposition se termine le 27 mai 2024.
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