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Photo du rédacteurLa Rédaction

Photographie & Histoire : Preah Sisowath High School, le plus ancien lycée de Phnom Penh

En passant plus d’une journée dans le centre de la capitale Phnom Penh, il y a de fortes chances d’apercevoir le Lycée Preah Sisowath, l’une des écoles les plus prestigieuses de Phnom Penh depuis l’époque coloniale.

Lycée Preah Sisowath
Le Lycée Preah Sisowath aujourd'hui

Développer une élite

Situé non loin du monument de l’indépendance, le Lycée Sisowath n’est pas un site touristique, néanmoins, c’est un vestige important de l’architecture coloniale et un élément non négligeable dans l’histoire du Cambodge moderne. Autrefois, l’administration du protectorat souhaitait développer à travers l'Indochine un système d’écoles d’élite pour le développement d’une élite de fonctionnaires. Le lycée Preah Sisowath était l’un d’entre eux.

Le Lycée Preah Sisowath (វិទ្យាល័យ ព្រះស៊ីសុវត្ថិ , Preah Sisowath High School) a été fondé en 1873 en tant que collège et est devenu lycée en 1933. À l’initiative de François Fontaine, la première école franco-cambodgienne « moderne » voit donc le jour en 1873. L’École du Protectorat fut rebaptisée Collège du Protectorat en 1893, puis Collège Sisowath en 1905. Le Collège préparait les étudiants au service de l’administration coloniale française, de la justice et de l’administration indigène. Pendant le protectorat , l’école était toutefois fortement fréquentée par les enfants d’immigrants vietnamiens.

Lycée Preah Sisowath puis...

En 1933, le Collège Sisowath devient le Lycée Preah Sisowath. Les premiers élèves cambodgiens obtiennent leur diplôme (baccalauréat) du lycée Sisowath en 1939. À partir de 1967, le ministère de l’Éducation cambodgien prendra des mesures pour que la langue khmère soit utilisée à tous les niveaux d’enseignement, y compris le lycée Sisowath. Sous la République khmère, l’école a été rebaptisée deux fois : d’abord « Lycée du 9 octobre 1970 », après la date de la déclaration de la république par Lon Nol, puis « Lycée de Phnom Daun Penh » en 1974. Sous le régime de Pol Pot, le lycée a été fermé et utilisé comme entrepôt militaire.

Retour

Après l’intervention vietnamienne du 7 janvier 1979, le gouvernement de la République populaire du Kampuchea a progressivement rouvert les écoles. Le lycée a ainsi été officiellement rouvert le 21 janvier 1980, sous le nom de Phnom Daun Penh High School. En 1993, le personnel scolaire demandera alors au ministère de l’Éducation de changer le nom du lycée en son nom d’origine de Lycée Preah Sisowath pour préserver son entité khmère. En 1996, une section franco-khmère est réintroduite dans le programme d’enseignement.

La liste des anciens élèves de Preah Sisowath est assez prestigieuse. Le célèbre architecte cambodgien Vann Molyvann et la reine mère du Cambodge, Norodom Monineath Sihanouk y ont été scolarisés, tout comme Nhiek Tioulong, éminent politicien pendant le mandat du prince Norodom Sihanouk. Le prince Norodom Yuvaneath, premier fils de Norodom Sihanouk et de la princesse Sisowath Pongsanmoni fréquentera également le lycée. L’actuel chef de l’opposition en exil, Sam Rainsy est aussi un ancien de l’établissement. La cheffe révolutionnaire vietnamienne Nguyen Thi Binh a également passé son baccalauréat dans ce lycée. Rappelons que Nguyen Thi Binh fut vice-présidente du Vietnam de 1992 à 2002.

Le Lycée Preah Sisowath est aussi et malheureusement l’endroit où certains des tyrans les plus infâmes du royaume ont été éduqués. Les dirigeants khmers rouges Pol Pot, Ieng Sary, Khieu Samphan, Ieng Thirith, et Khieu Ponnary, la première épouse de Pol Pot, y ont tous effectué leur scolarité. Ironie de l’histoire, diplômée du lycée en 1940, Khieu Ponnary deviendra la première Cambodgienne à réussir le baccalauréat.

Le lycée Sisowath occupe aujourd’hui un terrain de 4 hectares en bordure du boulevard Norodom. L’ensemble compte huit bâtiments et un centre administratif qui conserve son aspect d’origine française. Place est aussi donnée au sport avec un terrain de football, deux terrains de volley-ball et trois terrains de basket.

Photographies par Phen Rattanak & Agence Kampuchea Presse

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