Il est des endroits de la capitale où le temps ne semble pas avoir de réelle emprise. Aux premières lumières de l’aube, le quartier du vieux marché, non loin du Wat Phnom demeure un petit îlot de Cambodge urbain traditionnel où s’animent des tranches de vie qui ne semblent pas être affectées par la frénésie de construction qui anime la capitale depuis plus d’une décennie. Un bonheur pour les photographes.
Phnom Penh, quartier du vieux marché, 6 h du matin : Les premiers commerces déroulent leurs rideaux de fer alors qu’on déploie marchandises, marmites, vieilles tables bancales et chaises de plastique pour accueillir les premiers clients qui avaleront rapidement leur kuy teav avant de se rendre au travail.
C’est aussi l’heure durant laquelle on grille les galettes de riz à même le trottoir, à quelques centimètres des motos et voitures qui commencent à envahir la rue principale de Riverside. C’est aussi le moment où les chiffonnières poussent leur chariot et alertent les riverains à l’aide leur canard - jouet en caoutchouc pour récupérer leurs déchets solides. Souvent, un ou plusieurs gamins sont dans la carriole, manipulant un iPhone - signe des temps - ou donnant simplement un coup de main à cette maman dont on ne soulignera jamais assez le courage.
6 h du matin à Phnom Penh, c’est aussi l’heure à laquelle les bars perdent leur rutilance et lumières de la veille alors que les employés de Cintri balayent les trottoirs où gisent des canapés et chaises bien vieillots ; où hier encore dansaient de jeunes Cambodgiennes cherchant l’amour (?) ou peut-être une vie meilleure.
6 h du matin à Phnom Penh, c'est aussi l'heure des parkings qui s'agitent, alors que les employés des nombreuses administrations situées dans les environs prennent leurs quartiers. Le gardien de parking à motos est probablement, à cette heure-là, l'un des hommes les plus occupés de la capitale.
À quelques centaines de mètres, les employés municipaux agitent leurs balais un peu vieillots pour que les avenues bordant quelques grands hôtels, lycées et ambassades restent propres, vertes et agréables. Quelques joggers passent çà et là, profitant d’un calme relatif qui ne va pas durer très longtemps.
Enfin, c'est aussi l'heure des cyclo-pousses. Alors que la profession - bien que soutenue financièrement par l'ancien premier ministre - disparaît, engloutie par les rickshaw, voit tout de même quelques-uns d'entre eux attendre leurs clients. En effet, à contre-courant, certaines Cambodgiennes ont préféré garder leurs vieilles habitudes et utiliser ce type de locomotion pour aller effectuer leurs emplettes au marché. Habitude vintage, solidarité ? Va savoir...mais c'est tant mieux pour ces Cambodgiens qui ont de plus en plus de mal à survivre.
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