Déambuler au gré des allées des marchés de Phnom Penh a toujours été une expérience photographique enthousiasmante et une petite aventure humaine parfois enrichissante.
Depuis le très touristique Phsaar Thmey en passant par le marché de quartier de Phsaar Dem Skov ou ceux des banlieues, chaque marché a sa particularité. Celui où l’on marchande beaucoup, celui où l’on a peine à circuler ou celui du bord de rue qui ne dure que quelques heures.
Mais tous ont dû affronter de longues périodes d’inactivité en raison des restrictions imposées par le virus.
La pandémie a chamboulé ces paysages colorés et très humains et si beaucoup sont encore les mêmes, avec les mêmes sourires et une ambiance quasi intacte, quelques détails ont changé. Que ce soit sur l’alimentaire ou le textile, les prix ont augmenté, en particulier pour les imports des pays voisins comme le Vietnam ou la Thaïlande.
Cela ne va pas chercher très loin, quelques milliers de riels ou quelques dollars, mais la tendance est là.
« Le business a baissé, il y a moins de clients, j’ai réduit mes stocks et augmenté quelques prix, nous sommes restés très longtemps sans ou avec très peu de clients », confie Sambath du marché russe.
Vrai que les allées sont un peu moins fréquentées et les visages moins souriants dans cet endroit emblématique du commerce artisanal à destination des touristes.
Impression plus nuancée au marché de Chhbar Ampov, à quelques minutes de la capitale. Là aussi les prix ont augmenté, mais les sourires donnent l’impression de n’être jamais partis.
arché de gros spécialisé dans l’alimentation, le bazar, textile et gadgets, l’endroit semble n’avoir jamais fermé, mais, « quelques emplacements ont dû fermer et sont à louer, car les commerçants ne pouvaient plus faire face à leurs échéances », confie Sothy, vendeuse de café dans les stalles intérieures.
Comment ceux qui restent ont-ils survécu ? Beaucoup d’entre eux ont gardé une autre activité pendant les restrictions ou négocié des moratoires avec leur propriétaire ou tout simplement, car ils avaient les moyens d’attendre. D’autres se sont montrés débrouillards :
« Lors des restrictions, j’écoulais mes stocks auprès des clients fidèles, pas même besoin de page Facebook, je passais un coup de fils et livrais moi-même si j’avais pu avoir quelques commandes », explique Sothy.
Dans l’ensemble, ce marché ne semble pas sinistré et même les alentours accueillent toujours les habituels vendeurs ambulants et petits restaurants. Là aussi certains ont fermé, en témoigne cet emplacement vide aux murs noircis de fumées de cuisine d’un coin de rue abritant autrefois un café-restaurant très rudimentaire, mais aussi très populaire.
Tout proche, une grand-mère vend des bananes à même le sol. Elle ne se soucie que d’une chose, écouler son stock. « Je ne gagne pas grand-chose, mais il faut que je vende sinon ce sera perdu », dit-elle.
Après avoir encaissé quelques ventes à 3000 riels le kilo, elle commence à distribuer le restant aux enfants pauvres qui mendient alentour et même à quelques passants. Résilience, courage et générosité pour cette mamie bien cambodgienne.
CG
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