Point de lamentations ni d’excuses lorsqu’il s’agit affronter une situation difficile. Alors que la crise sanitaire affectait sa situation professionnelle dans l’éducation, la toujours jeune et pétillante Sophy Chhay a pris le taureau par les cornes et a décidé de monter, avec des risques mesurés, un projet qui lui permet aujourd’hui de renouer avec sa passion : le design. Bienvenue chez Gray Home, la nouvelle boutique tendance de Phnom Penh qui conjugue élégance, idées et ambition.
Lors de la dernière rencontre avec Cambodge Mag, vous travailliez pour l’école Acacia...
Oui, j’étais directrice adjointe de l’école Acacia. J’intervenais donc dans pas mal de domaines pour faire tourner l’école : la direction de l’équipe, le marketing et la communication.
Durant cette expérience, j’ai eu le plaisir de travailler durant la fusion de cette école, anciennement Tchou Tchou, avec le réseau Acacia.
Quelles sont les raisons qui ont motivé votre changement d’activité ?
Le secteur de l’éducation a été durement touché par la crise sanitaire. Beaucoup de parents éprouvaient de sérieuses difficultés. Et, pour ma part, je n’étais pas vraiment convaincue de l’efficacité des cours en ligne, en particulier pour les enfants de maternelle, sauf à qu’il y ait un soutien actif des parents.
Ce fut réellement une période assez compliquée. J’ai donc démissionné à la mi-septembre 2021. J’ai travaillé avec ma remplaçante chez Acacia pendant quinze jours pour assurer une transition efficace puis je suis partie.
Partie avec une idée en tête ?
Oui, j’avais déjà une idée concernant mes projets. Gray Phnom Penh, la ligne de vêtements que j’ai lancée, avait démarré de façon un peu confidentielle quelque temps auparavant. C’était l’occasion de revenir à l’une de mes passions :
« J’aime rendre les femmes belles, élégantes et à l’aise dans leurs tenues »
Votre collection féminine s’appelle « Gray Phnom Penh », votre compagne dans la vie porte le même prénom, quel est son rôle dans le processus ?
Aucun. Jesse Lee Gray, ma fiancée, a déjà une occupation professionnelle. J’ai appelé ma ligne de vêtements par son prénom pour lui rendre un hommage, par amour, car elle compte énormément pour moi. Je sais que ça lui a fait très plaisir et qu’elle en était aussi extrêmement fière.
Aviez-vous déjà travaillé dans ce domaine ?
Oui, en fait, en 2013, je revenais régulièrement dans le pays pour m’occuper d’un projet de commerce équitable dans le milieu de la confection avec la fondation Sovannah — Women’s Foundation.
C’est un projet qui s’adresse aux Cambodgiennes en difficulté et dont la boutique existe toujours près du Phsar Thmey. J’étais donc « dans le bain » depuis cette époque et je ne fais que renouer avec mes anciens amours.
Aucune hésitation pour entreprendre dans une situation compliquée en raison du Covid ?
Je ne suis pas quelqu’un qui fera les choses en hésitant, les conditions étaient réunies pour une nouvelle aventure et j’ai décidé de foncer. Lorsque je suis dans une situation délicate, comme cela l’a été durant la pandémie, j’ai souvent beaucoup d’idées qui me viennent à l’esprit.
Je ne suis pas du genre à me lamenter sur les raisons des problèmes ou à trouver des excuses, je fonce ! (sourire). J’irais même dire que je saisis ce type d’occasion pour aller dans une direction qui me plaît encore plus.
Parlez-nous des débuts de Gray Phnom Penh
J’ai commencé à travailler à domicile. Je prenais des rendez-vous avec mes clientes, principalement des femmes actives soucieuses de leur élégance, mais souhaitant rester libres et privilégiant le côté pratique dans leurs tenues.
J’ai travaillé comme cela pendant un an et cela se déroulait dans une atmosphère assez conviviale et quelques clientes sont devenues des amies.
En fait, avec Gray Phnom Penh, j’avais une petite niche. Je fais partie d’une communauté d’expatriées avec des goûts assez spécifiques. Je m’adresse aussi à une clientèle qui peut avoir des exigences de taille et de tissu différentes de ce qu’on peut trouver dans le prêt-à-porter.
Je me suis dit qu’il serait judicieux de proposer du sur-mesure, avec des matières naturelles comme le lin, le coton ou la soie.
Comment qualifieriez-vous votre collection ?
Le design s’oriente vers le « Casual Smart ». Une même robe - tenue confectionnée par Gray Phnom Penh permet d’aller au travail, mais aussi d’être utilisée, avec quelques bijoux, un peu de maquillage supplémentaire et des chaussures différentes, pour une réception, un dîner ou une sortie mondaine.
C’est un concept, tenues amples, matières naturelles et polyvalence, qui a beaucoup plu et continue de plaire.
Les raisons qui vous ont amenée dans cette boutique ?
En fait, il s’agit d’une belle opportunité. Je suis en partenariat avec une amie qui travaille dans l’immobilier. Elle disposait de cet espace — un ancien garage — et ne l’utilisait pas. Elle a eu l’idée de le transformer en local commercial et m’a proposé de travailler avec elle.
J’ai accepté sans grande hésitation, car nous sommes situés dans une zone commerçante, près du Marché Central. Aussi, l’enseigne Gray Phnom Penh commençait à être connue et je me suis dit qu’il était peut-être opportun de disposer d’une boutique ou d’un espace dédié.
Votre méthode de travail ?
J’ai mes idées de design et j’explique en détail ce que je veux à mes trois couturières. Ce sont des professionnelles indépendantes avec qui je travaille en toute confiance et surtout en harmonie, chacune d’entre elles ayant ses qualités suivant le type de confection que je demande.
Que proposez-vous également dans cette boutique ?
Nous proposons du mobilier et de la décoration. Le choix s’étend du neuf aux antiquités en passant par les meubles rénovés.
Sur ce dernier point, c’est également un service que nous proposons : la remise en état de vieux meubles qui seraient abîmés ou qui auraient tout simplement besoin d’un « rajeunissement ».
Nous proposons aussi des coussins ou des nappes, toujours en matière naturelle ou tout simplement au choix du client. En fait je propose du design sur mesure pour les vêtements, mais aussi pour les meubles et accessoires.
Les débuts sont-ils encourageants ?
Nous avons eu beaucoup de monde pour l’ouverture, la fréquentation quotidienne est encore perfectible, mais encourageante.
Vous définiriez-vous comme une entrepreneure heureuse ?
Oui, j’ai toujours eu l’âme d’une entrepreneure. Lorsque je vivais en France, j’avais mon propre « business ». En revenant ici, je me suis mise dans la « trajectoire » employée, mais, je pense qu’au fond de moi, je suis surtout une indépendante.
Gray Home - 45 - 47 rue Calmette (53) Phnom Penh
Ouvert de 9h30 à 18h30
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