Thang Sothea, qui exposera ses œuvres à The Gallerist à partir du 24 janvier 2024, est un artiste contemporain reconnu pour son approche innovante de l'art, qui allie l'artisanat traditionnel à des concepts modernes de durabilité et de réflexion spirituelle. Ses œuvres sont axées sur l'upcycling, le processus de transformation de matériaux quotidiens en de nouvelles créations riches de sens.
La nouvelle exposition de Thang Sothea s'inspire profondément d'expériences personnelles et d'une réflexion sur le voyage transformateur de l'individu. Après l'isolement causé par la pandémie de COVID-19, Thang Sothea a trouvé du réconfort dans le concept du cocon, qui représente la retraite, la protection et le soin de soi, où l'âme peut faire l'objet d'une introspection et d'un renouveau.
Cette idée est présente dans toute l'exposition, depuis la forme des œuvres jusqu'au symbolisme du cocon comme lieu de transformation paisible.
Après sa précédente série Manu-Devata-Apsara (de la graine à l'arbre), Sothea s'oriente dans cette exposition vers une approche plus organique, inspirée de la nature. Les œuvres évoquent le délicat processus de métamorphose, semblable à la croissance d'un papillon, des sphères métalliques symbolisant le cœur et l'âme, et les couleurs vibrantes de la palette de la nature.
L'une de ses techniques de prédilection consiste à recycler le tissu du sarong, un vêtement traditionnel cambodgien, pour en faire de nouvelles formes d'art. Cet acte de transformation est plus qu'une simple réutilisation de matériaux ; c'est une façon de donner une nouvelle vie à un tissu qui a une signification culturelle, imprégnant l'œuvre d'art d'un sentiment de continuité et de renouveau. L'utilisation du tissu sarong, un vêtement traditionnel souvent porté par les membres de la famille, renvoie ce thème à ses racines culturelles.
Cette focalisation sur le quotidien peut être perçue comme la nécessité de préserver des éléments qui pourraient autrement être considérés comme insignifiants.
Le processus de Sothea a impliqué des recherches approfondies et des croquis, en réfléchissant soigneusement à la manière d'habiller chaque figure, tout en expérimentant des couleurs, des formes et des textures qui font écho à son lien avec la nature.
En fin de compte, l'exposition est un récit profondément personnel, une méditation sur la croissance, l'autoréflexion et le cycle sans fin de la vie. À travers ses œuvres, Sothea partage une partie de lui-même, encourageant le spectateur à l'introspection, à la transformation et à la reconnexion avec le monde qui l'entoure.
Un autre élément clé des « Gardiens divins » de Sothea est son inspiration des divinités, de la famille et des relations spirituelles entre les gens et l'invisible.
L'exposition est structurée autour du thème du 12, qui représente les 12 mois, les 12 heures et les 12 signes astrologiques. Cette numérologie ajoute des couches de complexité, créant un sentiment de temps cyclique et d'alignement spirituel.
Les « Gardiens divins » (12 statues, 6 couples)
« Gardien de l'harmonie » (pour l'unité familiale)
« Gardien de l'abondance » (pour la prospérité et la richesse)
« Nourricier de la joie » (pour le bonheur et la positivité)
« Protecteur de l'amour (pour les relations et l'affection)
« Esprit de bien-être (pour la santé et la vitalité)
« Émissaire de la paix » (pour la tranquillité dans le foyer)
« Le signe avant-coureur de la croissance (pour le développement personnel et professionnel)
« Gardien des rêves » (pour les aspirations et la créativité)
« Sentinelle de la gratitude » (pour l'appréciation et la pleine conscience)
« Gardien des liens » (pour les amitiés et la communauté)
« Gardien de la sérénité » (pour le calme et l'équilibre)
« Lumière de la prospérité » (pour la réussite financière et la stabilité)
En réutilisant des matériaux familiers de manière inattendue, il cherche à révéler les dimensions cachées de la vie quotidienne et des liens spirituels, encourageant un dialogue entre le tangible et l'intangible.
Les sculptures de Sothea sont empreintes d'un sentiment de liberté et d'exploration. Sa créativité, associée à des influences architecturales, lui permet d'animer des matériaux traditionnels et des formes naturelles d'une manière nouvelle, de relier le public à l'histoire et de trouver de nouvelles utilisations de l'espace.
Les œuvres de Thang ont été exposées tant au niveau national qu'international, ce qui lui a valu d'être récompensé et reconnu comme une figure influente de l'art cambodgien contemporain.
L'histoire d'un créateur : De Kampong Cham à l'innovation
Né en 1983 dans un petit village de Kampong Cham, Thang Sothea a passé les dix premières années de sa vie dans une communauté soudée où la vie était simple mais pleine de difficultés.
À l'âge de 10 ans, sa famille a déménagé à Phnom Penh. La ville était à mille lieues de la vie paisible du village qu'il connaissait. La transition était à la fois excitante et intimidante. Mais le déménagement a également ouvert la voie à de nouvelles expériences, notamment la découverte de la scène artistique et artisanale dynamique de la ville. Très vite, Sothea a été attiré par le travail des artistes et des artisans, passant souvent des heures assis à les regarder travailler. Il a ensuite commencé à expérimenter par lui-même, en créant des objets, en essayant de nouvelles techniques et en explorant différents supports.
Cependant, son parcours n'a pas toujours été facile. Sothea était passionné par la peinture et les arts plastiques, mais des préoccupations d'ordre pratique l'assaillaient. Il savait qu'il pouvait être difficile de poursuivre une carrière dans les arts plastiques, surtout dans un pays où la stabilité et la sécurité financière étaient difficiles à trouver. C'est pourquoi il a fait un choix décisif : étudier l'architecture. L'architecture, pensait-il, lui permettrait de continuer à expérimenter, à dessiner et à créer, tout en lui offrant davantage de possibilités en termes de viabilité financière.
À l'université d'architecture, Sothea a été particulièrement captivé par le processus de construction de maquettes - de petits modèles architecturaux qui lui ont permis de visualiser ses idées en trois dimensions. L'acte de fabriquer quelque chose à partir de rien, de prendre des matériaux bruts et de les façonner pour en faire quelque chose d'utile et de beau, lui paraissait naturel. Il s'est rendu compte que l'architecture lui permettait de fusionner le pratique et l'artistique, en associant sa passion pour la conception à la nécessité de résoudre des problèmes concrets. Son travail est devenu le reflet de ce processus, marqué par des années de dévouement, d'expérimentation et d'exploration.
Après avoir obtenu en 2009 une licence d'architecture et d'urbanisme à l'université de Norton, il a été embauché comme architecte dans un centre français à Phnom Penh. En parallèle, il a commencé à travailler en tant qu'artiste autodidacte dont le travail s'étend sur différents supports, y compris la peinture, le dessin, la gravure et la sculpture.
Son approche de la création est motivée par le désir de repousser les limites. Chaque pièce sur laquelle il travaille est complexe et nécessite des années de perfectionnement et de maîtrise des matériaux. Pour lui, le processus n'est jamais rapide ou facile ; chaque pièce est un défi qui exige une réflexion approfondie et un examen minutieux. Pour aller de l'avant, il a dû affronter la peur des possibilités illimitées tout en embrassant la liberté qui en découle.
Sothea aime voir les choses sous différents angles, souvent en renversant les idées et les concepts pour découvrir de nouvelles façons de penser. Son travail, qui peut sembler simple en apparence, est toujours basé sur des techniques complexes qu'il a mis des années à maîtriser.
Ayant tendance à s'ennuyer rapidement, toujours à la recherche de nouveaux défis et repoussant les limites de ce qu'il peut créer, Sothea est attiré par l'intersection de la chronologie, de l'espace et des matériaux : comment le temps affecte les matériaux, comment l'espace transforme le design, et comment sa propre compréhension de ces éléments a évolué au fil du temps.
Aujourd'hui, le travail de Sothea témoigne du pouvoir de la persévérance, de l'innovation et du lien avec le lieu. Son parcours, de Kampong Cham à Phnom Penh, de l'incertitude à la maîtrise, a fait de lui un créateur qui continue d'explorer, de repousser les limites et d'inspirer les autres par sa capacité à transformer les défis en opportunités. Son histoire nous rappelle que le processus de création n'est jamais linéaire, mais qu'avec de la patience, du dévouement et la volonté d'affronter l'inconnu, tout est possible.
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