Cette année, le Festival international du film au Cambodge (CIFF) proposait un programme riche de 10 sections parcourant films d’horreur, documentaires ou encore films à message social.
Mercredi 26 juin, le Cinéma Fable au Factory a accueilli la première des trois collections de courts métrages sélectionnés à l’occasion du CIFF. Une collection réunissant six œuvres d’une durée totale de 76 minutes. Un moment où plusieurs courtes œuvres cinématographiques ont pu voir le jour, notamment grâce à de nombreux talents khmers.
The Rubber Tappers, l’histoire de l’or blanc de la province de Ratanakiri
Tout premier court métrage de l’artiste franco-cambodgien Rotha Moeng réalisé en 2023, « Les saigneurs (Caoutchouc) » en français et « អ្ននកម្រៀចៀរជួ័រ » en khmer est une œuvre cinématographique de 20 minutes pleines de sens prenant vie au milieu d’une plantation d’hévéas de la province de Ratanakiri, dans le nord du Royaume.
À travers cette histoire, j’ai suivi le jeune Khlek comme s’il était un petit garçon que j’avais toujours connu et que je souhaitais à la fois rassurer et écouter pendant des heures. Le prendre par la main et lui conter pourquoi ses parents, appartenant à la minorité ethnique Kroeung, travaillent dans ces plantations, mais également, comprendre ses interrogations, ses peurs, ses douleurs.
Un court métrage qui m’a transporté dans une ambiance vivante où l’esprit des arbres et une forêt perdue survivent face au travail des « saigneurs », hommes caoutchoucs, qui avec leurs couteaux, font couler le latex, l’or blanc de cette région.
Where is my father ? entre espoir et quête de la vie
Court métrage de 7 minutes réalisé en 2024 par Chamroeun Phun et produit par la PSE Film School, « Where is my father? », « ឯណាទៅឪពុកខ្ញ ? » en khmer, nous raconte l’histoire de Dara, un jeune étudiant cambodgien qui grandit et se construit en l’absence de son père.
Avec son ami Try, les deux étudiants à l’université m’ont entrainé dans leur recherche d’espoirs au milieu de leurs doutes et leurs rêves. Notamment, ceux de Dara qui est d’acheter une maison pour vivre aux côtés de sa mère en ville.
Des moments de réflexion qui ont raisonné en moi. Ce sentiment indélébile de reconnaissance envers mes parents et cette volonté sans faille de les rendre fiers et de leur offrir « tout l’or du monde » même si cela ne sera jamais à la hauteur des sacrifices faits et de ce qu’ils ont accompli pour leurs enfants.
Offrande, les rituels bouddhistes sous les couleurs de l’animation
Avec son court métrage « Offrande », « សែនព្រែន » en khmer, de 4 minutes réalisé en 2022. Le cambodgien Pagna Chan a emmené le public dans un voyage spirituel à travers les rituels bouddhistes. Sous un aspect moderne par l’utilisation des techniques d’animation, les prières religieuses prennent vie de l’enfance à l’âge adulte au milieu de couleurs vives. Une façon de faire comprendre ces rituels menant vers un chemin de lumière. Un moment court, mais significatif pour le public, où pour beaucoup, chaque moment leur était familier et porteur de sens.
Golden Dragon, la rencontre entre vieux traumatismes et réalité inconnue
« Golden Dragon », « នាគមាស » en khmer, est un court métrage de 17 minutes réalisé en 2023 par Chhith Boren.
Alors que Vicheka se réveille dans un hôpital de la ville côtière de Sihanoukville, il tente de comprendre la raison de sa visite. Submergé par ses rêves, ses souvenirs et le paysage en pleine urbanisation de sa ville natale, une conversation avec une infirmière locale, qui va lui confier une boîte contenant un dessin du visage de son père défunt, va réveiller tous ses traumatismes.
L’œuvre de Chhith Boren a tourmenté le public entre un passé douloureux et un présent sans repères où Vicheka cherche à retrouver son chemin de la vie et à faire la paix avec ses souvenirs.
Wing B, l’enchanteur des nids d'oiseaux
Connu pour son film documentaire “Don't Think I've Forgotten: Cambodia's Lost Rock & Roll réalisé en 2014”, John Pirozzi revient cette année avec le court métrage de 13 minutes : “Wing B”.
Dans cette dernière œuvre, un vieil homme rejoint son village natal à Kep depuis Phnom Penh, en bus. Un retour aux sources qui va révéler sa relation personnelle avec la nature et plus précisément avec les oiseaux. Un personnage qui a d’ailleurs beaucoup fait rire le public.
Arrangements, exploration de la nature désordonnée et complexe de la famille
Inspirée de son expérience personnelle des amitiés féminines compliquées et des comédies à l’eau de rose des années 1930/40. Le court métrage de 12 minutes de Thavary Krouch embarque le public dans le quartier animé de West Town, à Chicago, où deux cousines, autrefois inséparables, se retrouvent éloignées l’une de l’autre. Mais la vie a une drôle de façon de rapprocher ces deux femmes, même lorsque les vieilles blessures demeurent vives.
Une comédie sincère avec un ton humoristique qui a plongé le public dans une dynamique complexe de la famille où beaucoup ont pu se reconnaître, notamment les mères asiatiques qui s’inquiètent pour leurs filles pas encore mariées ou n’ayant pas encore trouvé le grand amour à un certain âge.
« Ce film explore l’impact profond que les transitions de la vie, les tournants et les réinventions peuvent avoir sur les relations personnelles étroites. C’est vraiment cette question que nous tourmente : Que se passe-t-il lorsque le désir de changement d’une personne suscite des craintes chez nos proches ? », confiait une spectatrice à la fin de la projection.
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