Lorsqu’ils sont arrivés à Siem Reap en novembre 2019 pour ouvrir leur hôtel, Joan et Gauthier ne se doutaient pas qu’il leur faudrait patienter plus de deux ans avant d'enfin pouvoir atteindre leur but. Débordant d'idées et d'énergie, le couple a mis à profit cette longue période pour peaufiner le moindre recoin de cette enclave de calme et de fraîcheur située en plein centre-ville.
Créer un espace unique tout en faisant en sorte que leurs hôtes se sentent comme chez eux : c’est dans cette optique que Joan et Gauthier ont, dès le début, conçu la philosophie de la Maison 557. Aucun détail ne leur a échappé, de l’aménagement des chambres à l’agencement du jardin, en passant par la décoration sans bien sûr négliger l’accueil. Tout semblait déjà fin prêt en ce début d’année 2020, lorsque leur établissement a ouvert ses portes pour la première fois. Las, la pandémie aura joué les trouble-fête : après deux mois prometteurs, la fréquentation s’effondre d’un coup, et pour longtemps :
« Pendant les deux années qu’a duré le Covid, nous n’avons enregistré qu’une vingtaine de nuitées, se souvient Gauthier.
Ces moments ont été difficiles, tant sur le plan financier qu’en termes de pression psychologique. Mais nous ne sommes pas restés inactifs et avons passé la majeure partie de ce temps à rénover les chambres, nous occuper du jardin et peaufiner les moindres détails. » « Et puis, cette période a été propice aux nouvelles idées, elle nous a permis de nous montrer créatifs dans tous les aspects relatifs à l’hôtel. Nous y avons mis beaucoup de notre âme », précise Joan, qui a tout de même éprouvé un profond soulagement lorsque l’établissement a célébré, pour de bon cette fois, son inauguration le 18 mars dernier.
« Un pays qui ressemble à Madagascar »
C’est après avoir vécu en Chine que le couple de Malgaches a décidé de s’installer au Cambodge,
« Un pays qui, par certains aspects, nous rappelle Madagascar », raconte Gauthier.
« Par les paysages de jungle et de terres rouges, mais pas seulement : par le respect manifesté envers les anciens, un passé commun avec la France, certaines pratiques culinaires identiques, l’origine asiatique des Malgaches ainsi que des ressemblances physiques entre le peuple Mérina et les Cambodgiens. Nous avons tous deux éprouvé un immense coup de cœur pour le pays, et nous éprouvions en plus l’envie de changer de métier. Nous travaillions alors à Shanghai depuis plusieurs années et voulions passer à autre chose. C’est ainsi, après un premier voyage au Cambodge, que nous avons pris la décision de racheter le fonds de commerce de la Maison 557 et de nous investir à fond dans ce projet. »
Maison familiale
Le charme du bâtiment, la personnalité de ses 10 chambres, ses 2 piscines, sa localisation sur la très centrale rue Wat Bo et son vaste jardin séduisent immédiatement Joan et Gauthier. Pourtant, ces derniers savent dès le début qu’il leur faut, pour réussir, se distinguer d’une concurrence particulièrement présente dans le secteur. « Se distinguer n’est peut-être pas tout à fait le mot juste, réfléchit Joan. Il s’agit surtout pour nous d’appliquer à l’ensemble de notre établissement une idée qui nous tient à cœur, à savoir la sensation d’être ici en famille. »
Tout le reste s’articule autour de ce concept qui nous est cher. Et qui fonctionne très bien, tant auprès de nos hôtes que de l’équipe. »
Le mot s’applique au pied de la lettre en ce qui concerne le personnel, où tante et nièce se côtoient, les autres se connaissant de longue date. « Et les discussions avec nos visiteurs, qui deviennent souvent des amis, peuvent se prolonger jusqu’à tard le soir. C’est ainsi que nous avons toujours envisagé notre métier, nous rapprochant plus du concept de la chambre d’hôte que de celui d’un hôtel à proprement parler. »
Faire confiance aux rencontres
« Depuis le début, une grande partie de notre aventure repose sur le hasard des rencontres. Dès notre arrivée, nous avons sympathisé avec le premier chauffeur de tuktuk que nous avons pris, et c’est lui qui s’est occupé de nous trouver du personnel. Lorsque les travaux de voirie ont eu lieu l’année dernière, nous avons discuté avec les ouvriers et certains, une fois leur tâche terminée, ont intégré l’équipe. L’artiste que nous exposons actuellement, Lougè Delcy, se promenait un jour dans le quartier. Nous avons engagé la conversation, puis l’avons invité à dîner à l’hôtel. L’endroit lui a plu, et il a non seulement décidé d’y rester deux semaines, mais nous a en plus fourni six œuvres qui ont trouvé leur place au restaurant et dans les chambres. Il en va de même en ce qui concerne Chef Mengly : “Pou” est le tout premier restaurant dans lequel nous avons déjeuné à Siem Reap. Quelque temps plus tard, lorsque nous avons appris que le Chef cherchait un nouvel endroit où s’installer, nous lui avons proposé de collaborer et c’est ainsi qu’il nous a rejoints. »
Chef Mengly aux fourneaux
Lieu de convivialité, la Maison 557 est aussi devenue un lieu de gastronomie, le menu étant assuré par Mengly, ancien élève de l’école Paul Dubrule. Tout comme Joan et Gauthier, lui aussi accorde une place prépondérante à l’originalité, tel qu’en témoigne sa carte revisitant les saveurs cambodgiennes. Ses plats, dont beaucoup sont des interprétations de recettes de famille, sont l’objet de cours de cuisine qui permettent aux pensionnaires d’effectuer une pause salutaire dans leur visite des temples. « C’est tout naturellement que les tables ont trouvé leur place dans le jardin de l’hôtel, la personnalité de Mengly et sa conception de la gastronomie étant en totale adéquation avec l’esprit de la Maison 557 », déclare Gauthier avant de promettre, avec un regard malicieux, quelques belles surprises dans les semaines à venir.
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