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Journée Internationale des Femmes : Ly Chansocheata, diplômée de l'académie militaire au Japon

Journée Internationale des Femmes : Il y a quelques années, Meach Sithyka Jessica devenait la toute première Cambodgienne à être diplômée de l'Académie militaire américaine de West Point. Depuis, son courage et sa détermination ont inspiré d'autres femmes du Royaume.

Ly Chansocheata en tenue de combat lors d'un exercice d'entraînement à l'Académie de défense nationale ( ADN ) du Japon. Photo fournie
Ly Chansocheata en tenue de combat lors d'un exercice d'entraînement à l'Académie de défense nationale ( ADN ) du Japon. Photo fournie

Quant à Ly Chansocheata, elle est devenue la première Cambodgienne à obtenir une licence en relations internationales à l’Académie de défense nationale du Japon (ADN), et elle est aujourd’hui officière au ministère cambodgien de la Défense nationale.

Son père étant un médecin militaire, et son frère un officier de l’armée, Chansocheata a donc suivi les traces de sa famille lorsqu’elle a passé l’examen d’entrée à l’Université de la défense nationale du Cambodge en 2015 après avoir obtenu son diplôme du lycée Chea Sim Santhormok.

« Enfant, j’aimais déjà jouer au soldat, et surtout avec mon père et mon frère qui servaient dans l’armée, cela m’a inspiré à m’engager aussi », dit-elle.

En 2017, Chansocheata a réussi l’examen pour l’obtention d’une bourse d’études à l’Académie de défense nationale du Japon, ce qui fait d’elle la première Cambodgienne jamais admise à cette université.

« J’étais dans la 13e classe d’étudiants cambodgiens, mais seuls deux étudiants cambodgiens sont autorisés à recevoir une bourse militaire par groupe », déclare la jeune femme de 25 ans au Post.

Parce que son père est allé à l’université au Japon pendant deux ans en 2009, elle s’est intéressée au pays et a appris son histoire et sa culture, et elle étudie dans une école japonaise depuis la maternelle.

Elle a continué à étudier la langue japonaise après son arrivée au Japon et même si elle était boursière, si elle échouait à un cours ou commettait une infraction disciplinaire grave, elle pouvait être expulsée et renvoyée chez elle à tout moment.

« Là-bas, tout est évalué uniquement sur les capacités pures. Nous vivions à l’école et y étudiions. Le logement et la nourriture sont gratuits, tout comme les uniformes, et nous recevions une allocation mensuelle pour nos dépenses personnelles », explique-t-elle.

Cinq années de discipline

Selon Mme Chansocheata, la discipline est la qualité la plus importante pour réussir à l'académie, car chaque aspect de la vie quotidienne exige une discipline constante.

« Lorsque vous pliez votre matelas, vous devez le faire parfaitement sinon le commandant le sortira et vous fera recommencer. Tout est comme ça. Si notre officier nous ordonne d’assister à une réunion dans cinq minutes, nous n’avons pas d’autre choix que d’arriver à l’heure. Si vous êtes en retard, vous serez pénalisée », dit-elle.

« Bien que mon programme d’études soit axé sur les relations internationales, l’ADN exige que tous les étudiants suivent également une formation militaire », dit-elle.

« À la fin de nos études, nous recevons une licence dans une matière académique, mais nous bénéficions également de nombreuses formations militaires supplémentaires. »
Le Premier ministre Hun Sen (au centre), Ly Chansocheata et des cadets cambodgiens au Japon. Photo fournie
Le Premier ministre Hun Sen (au centre), Ly Chansocheata et des cadets cambodgiens au Japon. Photo fournie

« Lorsque les cours ont lieu, nous ne nous entraînons que deux heures par semaine, mais il y a aussi une période d’entraînement militaire à plein temps que nous devons suivre chaque année.

«  Cet entraînement se déroule de 6 heures du matin à 22 h 30. Il n’y a pas de temps libre. Les Japonais sont énergiques et travailleurs et il est normal que même ceux ayant une carrière régulière en dehors de l’armée n’aient jamais de temps libre non plus », observe-t-elle.

Barrière linguistique

Le japonais est une langue très difficile à apprendre pour beaucoup de gens et à l’académie, les étudiants doivent utiliser le japonais à un niveau avancé.

« Pour réussir à obtenir un diplôme, nous devons consacrer beaucoup de temps à la langue. C'est le plus grand défi, car nous ne consacrons qu’une année de cours lorsque nous arrivons au Japon.

« Mais pour nos cours, nous avons vraiment besoin de deux ou trois fois ce niveau d’aisance, donc sans instruction supplémentaire, nous n’aurions pas obtenu nos diplômes », dit-elle.

« Et il y a même beaucoup d’étudiants japonais qui ne peuvent pas gérer à la fois les études et la formation et qui abandonnent l’école », ajoute Chansocheata. « Cela arrive chaque année ».

Leçons extrêmes

Les étudiants de première année doivent parcourir huit kilomètres à la nage en mer, ce qui est une épreuve difficile pour presque tout le monde, car il faut nager pendant des heures sans interruption. S’ils s’y essayaient sans entraînement préalable, la plupart des étudiants devraient probablement être sauvés de la noyade.

Ly Chansocheata, première Cambodgienne diplômée de l'académie militaire au Japon
Ly Chansocheata, première Cambodgienne diplômée de l'académie militaire au Japon

Au lieu de cela, ils apprennent progressivement à nager de longues distances en développant leur endurance et leur technique, en commençant par des nages répétées d’un kilomètre en piscine, puis, au fil du temps, en nageant un, quatre et enfin huit kilomètres en mer.

« Lorsque nous atteignons notre objectif après avoir nagé pendant six heures, notre effort pour surmonter ce défi devient alors un accomplissement dont nous sommes fières », dit-elle.

« Lorsque nous sommes arrivés sur la terre ferme, il y avait des enseignants et des parents qui nous attendaient et nous étions tous très heureux. »

En deuxième année, chaque élève doit gravir les trois kilomètres qui mènent au sommet du mont Fuji, en empruntant le sentier qui fait le tour de la montagne à partir de 4 h 30 du matin.

« Lorsque nous avons atteint le sommet à midi, le professeur nous a donné un signal en tapant des mains et nous avons dû commencer le retour immédiatement, sans aucun temps de repos  », explique Chansocheata. « Nous sommes redescendus de la montagne à 17 heures, cela faisait 12 heures de randonnée constante sur un terrain montagneux. »

Ly Chansocheata, première Cambodgienne diplômée de l'académie militaire au Japon

« J’avais vraiment envie d’abandonner à certains moments. En termes de force pure par rapport aux hommes, les femmes ont beaucoup plus de mal. Mais vous ne pouvez pas abandonner juste parce que vous le souhaitez. Cela ne résout jamais les problèmes. Et si vous abandonnez maintenant, vous ne pourrez pas revenir en arrière plus tard. L'aspect le plus important est l’image de notre pays. Nous ne représentons pas seulement nous-mêmes, nous représentons aussi le Cambodge et les femmes », dit-elle.

« Si nous abandonnions, je pense que le Cambodge cesserait d’envoyer des étudiantes . Abandonner n’était donc pas une option. », confie-t-elle.

L’une des expériences les plus mémorables vécues par les étudiants au cours de leurs cinq années d’études au Japon à l’académie est la formation de quatre jours de survie dans la jungle qui a lieu en troisième année.

Chansocheata raconte qu’elle a passé quatre jours dans la jungle avec un guide japonais — épaule contre épaule, à surmonter des obstacles dans le froid sous une pluie tombant constamment tout en se couvrant de sangsues.

Ly Chansocheata en uniforme militaire et tirant au champ de tir. Photo fournie
Ly Chansocheata en uniforme militaire et tirant au champ de tir. Photo fournie

« Il m’a dit de creuser le sol et j’ai obéi. Il m’a dit de faire ce qu’il faisait, je l’ai juste suivi, qu’il court ou qu’il marche. Quatre jours sans rien du tout pour le confort, c’était un entraînement intense. C’était un moment très difficile et j’avais vraiment peur. Il pleuvait sans cesse et je n’avais pas de vêtements de rechange », se souvient-elle.

La remise des diplômes est également une expérience dont tous les élèves se souviennent en raison de la semaine d’entraînement qui précède la cérémonie officielle. Ils devaient s’entraîner pendant deux heures le matin et deux heures le soir en pratiquant des exercices pendant tout ce temps sans aucune pause.

« Pendant les séances d’abdominaux, je n’arrêtais pas d’imaginer ce que je ressentirais si j’obtenais enfin mon diplôme universitaire afin de pouvoir continuer à avancer, mais je savais aussi qu’après la remise des diplômes, il serait temps de rentrer à la maison », raconte-t-elle.

Les femmes guerrières

De nombreuses femmes ne s’engageraient jamais dans l’armée, dit Chansocheata, parce qu’elles craignent que cela n'affecte leur beauté.

« Pour moi, il n’y a rien de plus beau que de servir la nation et de se sacrifier pour son pays. »

Elle confie qu’en tant que femme, elle aimerait encourager d’autres de ses pairs à s’engager dans l’armée et à rejeter les clichés selon lesquelles le service militaire n’est qu’un recours pour ceux qui n’ont pas d’autres options.

« De nos jours, les militaires sont bien formés et éduqués et beaucoup d’entre nous ont la possibilité d’étudier à l’étranger dans des écoles reconnues internationalement. Les jeunes doivent comprendre que lorsqu’ils s’engagent dans l’armée et qu’ils travaillent dur, ils peuvent aller étudier à l’étranger et revenir pour contribuer au développement de notre pays. Ce travail n’est pas réservé aux hommes, les femmes peuvent aussi le faire », déclare-t-elle.

Chansocheata fait remarquer qu'en étudiant dans un pays étranger, il devient possible de se familiariser avec d’autres cultures et élargir sa connaissance du monde, ce qui permet de mieux comprendre ce qui rend le Cambodge spécial, mais aussi ce qui doit être amélioré pour que le pays se modernise pleinement.

« Et cela vous permet de sortir de l'environnement familial et vous prenez confiance en sachant que vous pouvez certainement vivre de façon autonome.

« Je souhaite que davantage de Cambodgiennes rejoignent l’armée et participent au développement national en devenant les gardiennes de la paix dans le Royaume », conclut-elle.

Hong Raksmey avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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