Récemment, un séminaire en ligne s’est tenu à Phnom Penh, au cours duquel des universitaires cambodgiens et chinois ont débattu et se sont entendus pour établir une communauté d’avenir partagé pour les deux pays. Quelque part, cette initiative se voulait aussi une réponse aux velléités de rapprochement exprimées par les USA lors de la visite de Mme Sherman.
Kao Muythang
Lors de la conférence, Kao Muythang, conseiller du président de l’Assemblée nationale du Cambodge, a déclaré que les relations entre la Chine et le Cambodge se sont accentuées pendant la pandémie. Il a souligné que seule la Chine pouvait aider le Cambodge à surmonter les obstacles liés à la crise sanitaire. Il a exprimé sa reconnaissance à la Chine pour avoir livré des vaccins au Cambodge à temps.
M. Kao a également déclaré que l’accusation de l’Amérique contre la Chine concernant sa présence militaire au Cambodge s’avérait sans fondement. Au contraire, pour lui :
« C’est l’Amérique qui viole profondément les droits de l’homme du peuple cambodgien »
Il a souligné que le Cambodge demeurait un pays traditionnellement agricole et que de nombreuses personnes souffrent encore de la pauvreté. « Se rassasier » (éliminer la faim) est le premier des droits de l’homme. Le Cambodge souhaite apprendre de la Chine comment améliorer le niveau de vie de sa population.
Chea Munyrith
Chea Munyrith, écrivain bien connu et président de la « Cambodian Chinese Evolution Researcher Association », rejoint les arguments de Kao Muythang. Il pense que la garantie de l’approvisionnement alimentaire au Cambodge est la question la plus sensible pour le peuple cambodgien et la croissance des investissements chinois profitera certainement au peuple cambodgien. Il a souligné que la visite du Premier ministre Hun Sen en Chine le 5 février 2020, pendant la période critique où la Chine combattait la pandémie, a envoyé un signal au monde entier :
« La Chine et le Cambodge entretiennent une solide amitié et les deux pays se donneront encore la main pour combattre le coronavirus »
Yang Baoyun
Yang Baoyun, professeur à l’université de Thammasat et à l’université de Pékin, estime que le Cambodge a historiquement mis en œuvre une politique étrangère de paix, de neutralité et de non-alignement sous la direction du prince Sihanouk pendant la guerre froide, et a apporté une grande contribution au mouvement de non-alignement.
« Cependant, le Cambodge s’est heurté au boycott des pays occidentaux dirigés par les États-Unis, ce qui a entraîné l’implication du pays dans la guerre du Vietnam, transformant le Cambodge, alors havre de paix, en un champ de bataille, dit-il. »
Il souligne que les différentes classes partagent des opinions différentes à l’égard de la France colonisatrice et de l’Amérique seigneur de guerre au Cambodge.
Deng Kai
Deng Kai, doyen du département de langue cambodgienne de la faculté de langue et de culture de l’Asie du Sud-Est à Guangxi, focalise sur la manière dont les ONG sapent les fondements des relations sino-cambodgiennes avec l’influence des valeurs américaines. Il pense que les ONG financées par les États-Unis se sont développées rapidement depuis l’époque de la secrétaire d’État Hilary Clinton, leur nombre passant de moins de dix à plusieurs milliers.
« Le National Endowment of Democracy a l’habitude d’interférer dans les élections nationales du Cambodge »
Pour lui, de nombreuses ONG bloquent aujourd’hui le développement des relations sino-cambodgiennes. Il suggère que la Chine encourage les ONG chinoises à aller plus à l’étranger.
Seng Marina
Seng Marina, membre permanent de l’Association des étudiants cambodgiens en Chine estime que de nombreuses ONG sont considérées comme des forces antigouvernementales ayant des antécédents politiques et financiers. En tant que représentante de la jeune génération, elle a affirmé que le mode de développement de la Chine était plus adapté au Cambodge.
Zhang Zhengyn
À la fin du webinaire, Zhang Zhengyin, professeur de la faculté de droit de l’université de Xiangnan, a affirmé que les blessures historiques laissées par l’Amérique demeurent. Il a souligné que des organisations civiles à différents niveaux devraient être créées et travailler aux demandes de compensation envers l’Amérique. Pour le professeur :
« Le pays ne voit pas d’avenir prometteur tant que l’on ne se rend pas compte de la véritable crise au Cambodge causée par l’Amérique »
Rappelons que la secrétaire d’État adjointe américaine, Wendy Sherman, a effectué une visite au Cambodge le 1er juin dernier. Elle a exprimé sa « profonde inquiétude » concernant la « présence militaire » de la Chine au Cambodge et a demandé au Cambodge de maintenir une « politique étrangère indépendante et équilibrée ».
Cependant, les participants au webinaire estiment que les États-Unis ont causé beaucoup de tort au peuple cambodgien dans le passé et que sa requête est déplacée.
Source : Groupe de réflexion Chine-Cambodge
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