Une nouvelle fois, le Royaume se trouve en ligne de mire à travers un « Cambodia Democracy and Human Rights Act of 2022 », proposé par les USA qui sont aussi le premier partenaire commercial du Royaume. Ce n'est pas la première fois que ce type de décision intervient dans un contexte souvent contradictoire. Tout comme ce n'est pas la première fois que le Cambodge se trouve malmené par la presse étrangère, chacun se rappelant il y a quelques semaines le compte-rendu peu flatteur sur le pays publié par un magazine français et totalement accablant car vu par la petite lorgnette du misérabilisme.
Si les articles alarmants proviennent fréquemment d'une recherche de buzz peu scrupuleuse, les rapports plus officiels méritent un peu plus d'attention. Nous avions en 2018 tenté d'en savoir un peu plus sur certaine motivations.
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Rapports accablants
L’indice mondial de perception de la corruption publié par Transparency International pour 2018 a classé le Cambodge 161e sur 180 pays, le même classement qu’en 2017. Les représentants du gouvernement cambodgien ont réagi à ce rapport en affirmant qu’ils se souciaient peu d’une « … évaluation partiale et motivée par des considérations politiques… ». Les responsables cambodgiens reconnaissent qu’il existe un problème de corruption, mais le qualifient de « pas aussi grave que le suggère l’ONG, ajoutant que la corruption existe dans tous les pays du monde… ».
Vrai que le Cambodge se trouve actuellement au sein d’une tempête de rapports accablants l’accusant simultanément de ne pas suffisamment lutter contre la corruption, de ne pas être un pays accueillant pour investir, de ne pas respecter les droits de l’homme, etc. Cette convergence se nourrit sans surprise et d’une façon récurrente d’une publication de rapport d’ONG, d’une presse relayant abondamment, de démentis de la part des politiques cambodgiens et ensuite… de peu ou pas de changement…
Si les données fournies par ceux qui fournissent ces rapports peuvent constituer une base intéressante d’analyse, il est toutefois légitime de se demander pourquoi tant de rapports accablants, pourquoi ces » mauvaises performances » soulignées sont-elles récurrentes ? En effet, si les associations, ONG ou instituts insistent sur le manque de progrès, ils avouent implicitement avoir été incapables de coopérer avec les officiels et d’améliorer les carences sur lesquelles ils sont censés travailler et pour lesquelles ils reçoivent de généreux subsides… derrière cette méthode haro-publication et haro l’année suivante, il est intéressant de se demander comment fonctionnent ces donneurs de leçons, qui les finance, et n’y-a-t-il pas quelque agenda politique derrière cette attitude ?
Nous avons pris deux exemples d’auteurs de rapports accablants et suggéré quelques questions.
1) Transparency International
Transparency International (TI) publie chaque année « l’indice de perception de la corruption » qui passe au crible 180 pays et territoires. C’est un indice annuel qui, selon l’ONG : « … a largement été crédité de l’inscription de la question de la corruption à l’ordre du jour de la politique internationale… ». Ces termes généralistes utilisés dans la présentation du site web de l’ONG ne donnent pas d’explication concernant le concept de » politique internationale ». Selon Joseph Thomas, journaliste basé à Bangkok (The New Atlas), « l’agenda politique international » favorise clairement une région très spécifique du globe, en particulier celle occupée par Washington, Londres et Bruxelles.
Vision unique ?
Transparency International affirme sur sa page web « Qui nous sommes » de son site que : »… Des villages de l’Inde rurale aux couloirs du pouvoir à Bruxelles, Transparency International donne la parole aux victimes et aux témoins de la corruption. Nous collaborons avec les gouvernements, les entreprises et les citoyens pour mettre fin aux abus de pouvoir, à la corruption et aux accords secrets. En tant que mouvement mondial ayant une vision unique, nous voulons un monde sans corruption. Grâce à des sections dans plus de 100 pays et à un secrétariat international à Berlin, nous menons la lutte contre la corruption afin de concrétiser cette vision…”.
Conflit d’intérêt ?
Dans sa croisade pour un monde blanc et pur, on pourrait imaginer que l’ONG mettrait un point d’honneur à éviter toute interférence et à se montrer intransigeante quant aux financements ou autres implications susceptibles de poser l’organisation comme incapable de transparence, et totalement dénuée de position de conflit d’intérêt.
Est-ce possible ? La question se pose à lecture des soutiens dont bénéficie Transparency International. À savoir, ses principaux appuis sont :
Le Département du développement international du Royaume-Uni (DFID)
Le Ministère fédéral des Affaires étrangères d’Allemagne
Le département d’État américain.
Le Fonds national pour la démocratie
L’Open Society Institute Foundation
Transparency International reçoit donc des financements des gouvernements, au moins trois officiellement, sur lesquels elle est chargée d’enquêter, et qu’elle doit « indexer » chaque année. Il y a-t-il conflit d’intérêt, est-il possible d’être objectif ? Chacun pourra se faire son idée. Quant à la réponse de TI sur ce point, elle est presque lapidaire : »… la politique de Transparency International consiste à accepter un financement, sous quelque forme que ce soit, à condition que son acceptation ne compromette pas notre indépendance pour poursuivre notre mission ou ne mette en danger notre intégrité et notre réputation… ».
Peut-être, dans son dernier rapport, les USA sont légèrement pointés du doigt avec un score de 70 sur 180. Le Royaume-Uni est à 80 et l’Allemagne à 80 également. Si leurs scores leur permettent de rester parmi les bons élèves, l’ONG ne manque pas de livrer quelques recommandations, au moins pour les USA, expliquant que : »… Avec un score de 71, les États-Unis ont perdu quatre points depuis l’année dernière… ceci est dû en partie à l’érosion des normes éthiques aux plus hauts niveaux du pouvoir… ».
Bémol destiné à donner le change, réelle indexation indépendante, illustration de luttes intestines au sein de l’exécutif US ou large influence de certains financiers de TI hostiles à Trump ? Va savoir…
Crédibilité
Transparency International claironne que son classement est « l’indicateur de corruption le plus largement utilisé dans le monde ». L’indice très médiatisé et largement rapporté a toutefois amassé sa part de critiques au cours des deux dernières décennies.
Certains ont critiqué le fait que l’index se fie aux opinions d’un petit groupe d’experts. Alex Cobham, membre du Center for Global Development déclare : » TI intègre une vision biaisée et trompeuse dans les perceptions populaires de la corruption… et cela peut conduire à des réponses politiques inappropriées…. ».
Dans un article de Foreign Policy, intitulé Corrupting Perceptions, Cobham avait suggéré il y a un moment déjà que Transparency International devrait collecter de meilleures preuves de corruption ou des informations indiquant si la corruption affecte ou non les citoyens.
D’autres soutiennent qu’il est tout simplement impossible de relayer en un seul chiffre l’ampleur et la profondeur d’un problème complexe comme la corruption. L’indice retient beaucoup d’attention mais il éclipse les autres activités de Transparency International et l’expose à la critique. TI défend son approche en affirmant que saisir les perceptions des experts reste la méthode la plus fiable pour comparer les niveaux de corruption. Elle argumente que la corruption comprend des activités illégales, donc occultes et parfois découvertes à la suite de scandales, d’enquêtes ou de poursuites. Selon l’ONG, il n’existe donc aucun moyen valable d’évaluer les niveaux absolus de corruption dans les pays ou les territoires sur la base de données empiriques fiables.
Tranparency International — Open Society
Open society figure aussi parmi les grands soutiens de TI. Chacun sait que ce fonds est instrumenté par le milliardaire George Soros. Ce dernier a donné plus de 32 milliards de dollars de sa fortune personnelle pour financer les Open Society Foundations à travers le monde. Des chiffres qui donnent le vertige. Les observateurs indiquent que les fondations Open Society pourraient un jour être les plus importantes au monde, rivalisant avec celles de la Gates Foundation, qui s’élève à 43 milliards de dollars.
Concernant le leitmotiv bien-pensant du milliardaire et bien qu’ayant fait sa fortune sur les marchés financiers, ce dernier déclare : «… la propagation des valeurs du marché dans tous les domaines de la vie met en danger notre société ouverte et démocratique… le principal ennemi de la société libérale n’est plus le communisme, mais le capitalisme… ».
Les opérations d’Open Society sont extrêmement complexes. Et, en 2016, l’association Transparify a qualifié l’Open Society de »… groupe de réflexion le moins transparent aux États-Unis… » L’ironie étant que Tranparify reçoit des subventions d’Open Society… Et, Tranparency International reçoit donc des fonds d’un groupe qualifié de «… très haute non transparence… » Y retrouvera ses petits qui pourra….
Toutefois, Open Society est devenu un solide think tank financier de gauche, soutenant financièrement un grand nombre d’organisations de gauche en Amérique et exportant les valeurs néo-libérales de Soros à travers le monde entier.
2) Humans Right Watchs (HRW)
Il s’agit de l’organisation la plus virulente vis-à-vis du Cambodge et de son gouvernement. Depuis septembre dernier, pas moins de trois rapports ont été publiés. L’un concerne les prisonniers politiques, l’autre » l’étau de la répression qui se resserre », et le plus récent concerne les victimes de la violence à l’acide.
Dans son rapport » mondial », l’ONG n’y va pas de main morte sur le chapitre Cambodge, fustigeant quasiment tous les aspects de la politique gouvernementale en matière de droits de l’homme, de liberté de la presse, de prisonniers politiques, etc. A signaler toutefois que la vivacité des termes est récurrence quelques soient les situations dénoncées et dans n’importe quel pays.
Méthode
Là aussi, la question à se poser est de savoir si la virulence publique est la meilleure solution connaissant la susceptibilité asiatique et les méthodes de travail et critères de jugement bien différents des concepts occidentaux.
Sur la question des droits de l’homme, au centre des débats avec la menace du retrait du régime privilégié Tout Sauf les Armes, la rapporteuse spéciale de l’ONU, Rhona Smith, semble parvenir à travailler avec le gouvernement sans les rapports-éclats réguliers de HRW.
Pression
Toutefois, HRW ne propose pas de programmes d’assistance, l’ONG semble se positionner plutôt comme un lanceur d’alerte dont les campagnes de pression permettent mobilisation et résultats : «… Les enquêtes que nous conduisons avec la plus grande rigueur et dans la plus stricte objectivité et nos actions de plaidoyer ciblées et stratégiques font monter la pression pour agir et accentuent le prix des violations des droits humains.. », indique l’ONG. Au moins, cela a le mérite d’annoncer la couleur et d’être plus que clair.
Financements
Plus intéressante est la question des principaux partenaires de HRW. Dans une déclaration très chevalier blanc, l’ONG indique : »… Afin de maintenir son indépendance, Human Rights Watch ne sollicite pas et n’accepte pas de subventions publiques… ». Oui, mais :
Parmi ceux qu’elle appelle ses partenaires figurent :
L’Open Society Foundations
The Atlantic philantrophies
La fondation Ford
La fondation Mac Arthur
On notera à nouveau la présence de l’ami Soros qui finance aussi pléthore de projets dont Amnesty International, Sierra Club, MoveOn.org, NAACP, Green For All, Center for Constitutional Rights, MoveOn.org, NARAL Pro-Choice, People for the American Way and Planned Parenthood pour n’en citer que quelques-uns.
Soros — Human Rights Watch
« Toute organisation à but non lucratif qui accepte des dons peut être influencée par ses donateurs. Human Rights Watch n’est pas différent de tout autre organisme à but non lucratif… », déclare Ivan Eland, directeur du Independent Institute Center on Peace and Liberty.
D’autres analystes affirment que George Soros est un important bailleur de fonds de Human Rights Watch depuis de nombreuses années. Selon eux, il n’aurait jamais hésité à user de son influence et d’autres organisations non gouvernementales pour faire avancer son programme économique, politique et culturel.
« Société ouverte »
Le rédacteur en chef de la revue Executive Intelligence, Jeff Steinberg, souligne que les liens entre Soros et Human Rights Watch sont étroits et de longue date. Selon Steiberg : « Soros est le principal bailleur de fonds de HRW depuis sa création. Rappelez-vous que Soros était un adolescent collaborateur en Hongrie pendant l’occupation nazie, une expérience à laquelle il attache une grande importance car elle lui a appris à tirer profit des moments difficiles… » Le journaliste ajoute que « Soros reste profondément attaché au concept de société ouverte… sa vision encourage la déstabilisation des systèmes religieux et politiques traditionnels dans le monde… et son soutien aux groupes de défense des droits de l’homme et autres permet d’attaquer de telles structures »
Depuis 2010, le soutien direct de Georges Soros à HRW s’élève à 100 millions de dollars US.
Soutien curieux
Human Rights Watch aime se considérer comme l’autorité en matière de droits de l’homme et d’adhésion au droit international. Malheureusement, ces dernières années, elle a affronté un certain nombre de scandales Il y a quelques années, par exemple, la porte-parole de HRW, Sarah Leah Whitson, avait organisé une collecte de fonds en Arabie saoudite, promettant d’utiliser cet argent pour contrer l’influence de « groupes de pression pro-israéliens aux États-Unis, dans l’Union européenne et aux Nations Unies ».
Quid de L’Arabie saoudite et des droits de l’homme dans le monde ?
À savoir si les préoccupations exprimées par ces ONG et instituts sont légitimes, c’est très possible. À savoir s’ils ne servent pas d’autres intérêts autres que celui du Cambodge, c’est probable et certainement l’objet d’un grand débat. Quant à la question de savoir si Soros, avec ses idées de nouvel ordre mondial, finance deux principales ONG auteures de rapports alarmants sur le Cambodge, la réponse est très claire.
Enfin les méthodes d’évaluation de ces associations sont-elles fiables ? Rien n’est moins sur car de nombreuses voix s’élèvent contre et pas simplement celles de ceux qui sont ciblés.
C.G
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