Alors que le ministère de l'environnement annonce le repérage d'ours dans les forêts du royaume, l'occasion de rappeler combien ces animaux attachants sont vulnérables et injustement pourchassés.
Ours du Cambodge
Il existe deux variétés d’ours dans les forêts d’Asie et du Cambodge. L’ours noir et le fameux sunbear communément appelé ours malais. Tous deux sont inscrits sur la liste des espèces en danger de l’IUCN (International Union for Conservation of Nature – Union internationale pour la protection de la nature).
Ours malais, le plus petit ours du monde
L’ours malais (Helarctos malayanus) est la plus petite et la plus rare des huit espèces d’ours vivants du monde. Son nom anglais, sunbear, c’est-à-dire ‘’ours soleil’’, évoque la tache jaune en forme de croissant qu’il porte sur la poitrine, symbole du soleil levant dans le folklore asiatique. Cette marque change de taille et d’allure d’un individu à l’autre et peut, parfois, être absente. Il est aussi connu sous le nom d’ours à miel, nourriture qu’il affectionne tout particulièrement ou encore d’ours des cocotiers. Contrairement aux autres ours, son poil est court, ce qui permet de le différencier parmi les autres espèces d’ours. Un mâle mesure au maximum 1,40 mètre de long pour un poids pouvant atteindre 90 kilos.
Malgré son allure pataude, cet ours est un excellent grimpeur grâce à ses longues griffes incurvées lui permettant de monter aisément aux arbres, où il passe beaucoup de temps pour se nourrir de fruits, de petits rongeurs, d’oiseaux, de termites et autres insectes, et de miel. L’ours malais était autrefois très répandu dans les forêts de basse altitude de l’Asie du Sud-Est, mais a disparu de la majeure partie de son ancienne aire de répartition au cours des dernières décennies. Au Cambodge, on le trouve encore dans quelques zones protégées des provinces du Ratanakiri et du Mondolkiri. Sur les trente dernières années, cette espèce aurait perdu plus de 30 % de sa population.
Ses mœurs sont plutôt nocturnes, surtout dans les zones ou il se sent menacé. L’ours malais est d’un naturel peu agressif et n’est pas considéré comme dangereux pour l’homme.
L’ours noir d’Asie, chassé et torturé pour sa bile
L’ours noir d’Asie (Ursus thibetanus) est souvent nommé ours à collier à cause du croissant blanc qui orne sa poitrine. Cette marque peut être plus ou moins accentuée, parfois complètement absente. Sa fourrure épaisse très distinctive est le plus souvent complètement noire ou brun foncé. L’ours noir d’Asie peuple les forêts de zones montagneuses. L’ours à collier est surtout nocturne ; la journée, il dort dans les arbres ou dans les cavernes.
Cette espèce se nourrit de fruits, de nids d’abeilles, d’insectes, de reptiles et petits vertébrés, parfois de charognes. Il peut aussi attaquer les petits des chèvres, des brebis ou des buffles. Son gabarit se situe entre 120 et 180 cm pour 65 à 150 kg. Il grimpe aux arbres avec une grande aisance.
Comme l’ours malais, l’ours noir est menacé. Victime du braconnage et de la déforestation, l’ours noir d’Asie a un avenir plutôt incertain à l’état sauvage. Dans les zones protégées du Cambodge, Cardamomes, Mondolkiri et Ratanakiri, des ours noirs et malais ont été observés mais cela devient de plus en plus rare. Il resterait quelques centaines, à peine, de ces deux espèces reparties dans ces trois zones. Dans un petit village des Cardamomes, les villageois nous ont raconté que quelques ours noirs ont fait des dégâts dans leurs plantations.
En effet, si les ours ne trouvent plus d’arbres pour leur nourriture, ils s’aventurent dans les plantations de maïs ou les vergers pour trouver de la nourriture. Il peut y avoir confrontation entre l’ours et l’homme mais celle-ci tourne rarement au bénéfice de l’animal.
Plus grave, l’ours noir d’Asie est victime d’un braconnage intensif car sa bile est extraite pour en faire des médicaments traditionnels. Les animaux sont alors utilisés dans des fermes d’élevage ou on leur extrait la bile, vivants, cloitrés dans des cages leur interdisant tout mouvement. Selon les croyances asiatiques, sa bile permettrait de stimuler la virilité, résorber les hémorroïdes et soigner les infections des yeux. Ses techniques inhumaines sont interdites au Cambodge et dans les pays environnants, mais le marché clandestin est florissant, bien que la molécule extraite de sa bile ait pu être reconstituée en laboratoire. Les associations de protections des ours estiment qu’il existe soixante fermes abritant un total de 10 000 ours uniquement en Chine. Au Vietnam, 2 400 ours seraient utilisés aux mêmes fins dans les mêmes conditions. Au Cambodge, plusieurs guérisseurs utilisent leur bile mais tuent les ours une fois celle-ci utilisée.
Les oursons sont aussi parfois kidnappés pour en faire des animaux de compagnie, ou pire, pour les empailler. Comme beaucoup d’autres animaux, les ours du Cambodge ont souffert de la destruction de leur habitat. Mais des efforts de conservation importants sont entrepris au Cambodge pour que l’avenir de l’ours noir et du malais s’annonce moins sombre.
Le centre de secours de Phnom Tamao accueille plus de 85 ours. En partenariat avec l’ONG ‘’FREE THE BEARS’’, seize espaces naturels de plusieurs hectares sont réservés aux ours. L’environnement naturel a été recréé pour que les ours se sentent comme chez eux. Des portiques, des piscines et autres installations permettent aux ours d’être entraînés, rééduqués et remis en forme pour une éventuelle remise en liberté.
Les ours de Phnom Tamao sont des rescapés du braconnage, de fermes d’élevage ou des animaux abandonnés après que leurs parents aient été tués. ‘’FREE THE BEARS’’ est une ONG très active au Cambodge, et sans qui la population d’ours aurait probablement totalement disparu du royaume. Il est possible de visiter leur centre à Phnom Tamao en appelant le +855 (0)92 434 597 ou en les contactant au bearcaretours@freethebears.org.
Crédit photographique : Asian Animal Protection Network – Shanaka Aravinda – Tambako The Jaguar (cc) – Christophe Gargiulo Cambodge Mag
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