Le loris du Bengale (Nycticebus bengalensis) ou loris paresseux du Nord est une espèce de loris originaire de la péninsule indochinoise et du sous-continent indien. L'espèce est classée comme vulnérable sur la liste rouge de l'UICN et est menacée d'extinction en raison d'une demande croissante dans le commerce des animaux de compagnie exotiques et la médecine traditionnelle. Avec le loris pygmée, tout aussi menacé, ce sont les deux seules espèces que l'on trouve au Cambodge.
À propos
Le loris du Bengale est un animal nocturne et arboricole, présent dans les forêts à feuilles persistantes et à feuilles caduques. Il préfère les forêts pluviales à la canopée dense, et sa présence dans son habitat d'origine indique un écosystème sain. Il est un disséminateur de graines et un pollinisateur, mais aussi une proie pour les carnivores. Son régime alimentaire se compose principalement de fruits, mais aussi d'insectes, de gomme d'arbre, d'escargots et de petits vertébrés.
Animal nocturne, il possède une excellente vision de nuit, renforcée par un tapetum lucidum, une couche de tissu dans l'œil qui renvoie la lumière à travers la rétine. Il dort le jour, recroquevillé en boule dans la végétation dense ou dans les trous d'arbres. Les mâles et les femelles marquent leur territoire avec de l'urine. L'espèce est connue pour vivre en petits groupes familiaux. Les animaux peuvent pratiquer le toilettage social.
Conservation
L'espèce est classée comme "vulnérable" sur la liste rouge de l'UICN et est menacée d'extinction en raison d'une demande croissante dans le commerce des animaux de compagnie exotiques et la médecine traditionnelle. C'est encore, et malheureusement, l'un des animaux les plus vendus sur les marchés d'animaux en Asie. Les menaces les plus graves auxquelles l'espèce est confrontée sont donc le commerce, son utilisation en médecine traditionnelle et la déforestation. L'agriculture sur brûlis a également entraîné la destruction de son habitat, et la construction de routes est un autre facteur de son déclin. Le renforcement des mesures de protection, l'application des lois actuelles sur la protection des espèces sauvages et l'amélioration de la connectivité entre les zones protégées sont des facteurs essentiels pour assurer la survie de cette espèce mais semblent peu efficaces.
Le loris paresseux du Bengale a été pendant longtemps capturé et vendu comme animal de compagnie et aux zoos dans toute l'Asie du Sud-Est. Au Cambodge, en 2006, il s'agissait de l'un des mammifères les plus courants dans les magasins et les étals, trouvé par centaines et vendu entre 0,85 et 6,25 dollars.
Si depuis ce type de commerce n’a plus cours dans le Royaume, ou alors de façon confidentielle, les loris sont encore utilisés dans la médecine traditionnelle et sont parfois consommés. Il n’est pas rare de voir des loris séchés à la vente sur les étals des marchés de Banlun dans le Ratanakiri malgré une répression accrue des autorités contre ce type de pratique.
L'animal est principalement utilisé pour préparer des traitements pour les femmes après l'accouchement, les problèmes d'estomac, la guérison des blessures et des fractures, ainsi que pour le traitement des maladies sexuellement transmissibles. Les principaux utilisateurs sont les femmes des classes aisées et moyennes des zones urbaines.
Tentative de recensement
Les enquêtes nocturnes sont rares et, par conséquent, seules des données limitées sont disponibles sur la distribution, les densités et l’écologie de ces animaux nocturnes. Les loris paresseux sont des primates nocturnes insaisissables et cryptiques, ce qui les rend difficiles à étudier. Les deux espèces du Cambodge sont confrontées à des menaces anthropiques considérables sous forme de perte d’habitat et de prélèvement non durable pour la médecine traditionnelle. Une étude a été menée par Tatiana Iseborn
de l'université d'Oxford Brookes dans les forêts de Veun Sai au nord-est du Cambodge et avait pour but de vérifier d’estimer les densités de loris dans la région ainsi que d’évaluer la pression de chasse, l’importance économique et les différences dans les habitudes de chasse, les connaissances et les attitudes envers les loris par les groupes ethniques Kavet et Lao.
Si la scientifique n'a pas pu rencontrer un seul loris, les entretiens menés sur le terrain ont révélé une forte pression de chasse dans la zone, les populations Kavet comptant beaucoup sur les loris à des fins économiques et médicinales. L’étude a conclu que les mesures de conservation devraient adopter une approche multidimensionnelle afin de réduire la pression de chasse et de sauver les populations de loris dans les forêts de Veun Sai.
Comportement et écologie
Les habitats préférés du mammifère se situent dans les régions tropicales et subtropicales, et comprennent les forêts pluviales sempervirentes et semi-sempervirentes avec des lisières de forêt et des canopées continues et denses. On peut également le trouver dans les bosquets de bambous. Il préfère les habitats où l'on trouve des arbres de grand diamètre et de grande taille avec une grande profondeur de couronne (définie comme la longueur le long de l'axe principal de la pointe de l'arbre à la base de la couronne) ; ces zones sont généralement associées à une plus grande abondance de nourriture et à une diminution du risque de prédation. En raison de sa préférence pour les forêts denses, il constitue un bon indicateur de la santé de l'écosystème.
Reproduction
Le loris paresseux du Bengale n'est pas un reproducteur saisonnier. Les femelles en cycle œstral attirent les mâles par un sifflement fort. Les femelles se reproduisent tous les 12 à 18 mois et ont une gestation de six mois. Comme il ne s'agit pas de reproducteurs saisonniers, les femelles peuvent tomber enceintes lorsque leur progéniture a environ 6 mois, ce qui permet aux femelles de produire deux progénitures par an. La mère porte ses petits environ trois mois avant qu'ils ne deviennent indépendants, bien qu'ils puissent être temporairement laissés sur des branches pendant que la mère cherche de la nourriture. La maturité sexuelle est atteinte à l'âge de 20 mois environ. L'espèce est connue pour vivre jusqu'à 20 ans.
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