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Journée internationale des Femmes 2024 : Sin Setsochhata, l’héritière « Soul » de la Voix d'Or

Journée internationale des Femmes : Elle a chanté sur la scène du théâtre de Chaktomuk lors de l'ouverture du 11e festival du film international au Cambodge. Retour sur le parcours de la seule et unique petite fille du chanteur vedette des années 60 : Sin Sisamouth.

Sin Setsochhata, 27 ans, n’est pas contre le fait de suivre les tendances, mais elle estime qu’un véritable artiste doit posséder sa propre voix et son identité
Sin Setsochhata, 27 ans, n’est pas contre le fait de suivre les tendances, mais elle estime qu’un véritable artiste doit posséder sa propre voix et son identité

Rester fidèle à soi-même en tant que musicienne pop est un véritable casse-tête. Comment est-ce possible alors que l’industrie musicale est en grande partie axée sur l’image, la popularité et la création d’une aura de mystère autour des plus grandes stars ?

Et comme si cela n’était pas assez difficile, comment conserver son authenticité quand on est la petite-fille du légendaire Sin Sisamouth — le roi de la musique khmère et la voix la plus emblématique et la plus reconnaissable de l’âge d’or du Cambodge des années 1960 ?

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Sur la scène du théâtre de Chaktomuk lors de l'ouverture du 11e festival du film international au Cambodge

Malgré son ascendance musicale, Sin Setsochhata, l’artiste de KlapYaHandz, était très réticente à l’idée de rejoindre l’industrie musicale et a passé des années à essayer d’éviter le destin qui semblait lui être réservé.

Finalement, après le décès de son père, puis la mort tragique de son frère à l’âge de 37 ans — tous deux chanteurs khmers réputés, ayant donné des centaines de concerts et enregistré de nombreux disques au fil des années — l’appel est devenu trop fort et elle a senti qu’elle n’avait pas d’autre choix que de faire fi de ses réticences et de reprendre l’héritage de sa famille en se lançant dans sa propre carrière musicale et en effectuant ses débuts au plus tôt cette année.

Setsocchata affirme que l’héritage musical de sa famille a été son plus grand défi et sa plus grande motivation à la fois, mais maintenant, un an après ses débuts, elle est reconnaissante qu’on lui ait donné cette opportunité et elle ne regrette pas du tout sa décision.

« Mon père m’a dit que je savais chanter et j’ai toujours aimé cela depuis mon plus jeune âge, mais je ne l’ai jamais considéré comme un choix de carrière. Je n’étais tout simplement pas assez motivée pour le faire. Malheureusement, la perte de mon frère, Sethakol Sin, est ce qui m’a poussé à penser à donner une chance à la musique », explique Setsocchata.

L'artiste raconte que, bien que de nombreuses maisons de disques l’aient contactée et aient exprimé leur intérêt à travailler avec elle par le passé, elle a choisi KlapYaHandz parce qu’elle était déjà une grande fan et qu’elle aimait l’originalité et la créativité de leurs artistes et aussi l’approche positive centrée sur l’artiste qu’ils utilisent pour produire des disques.

« J’ai l’impression d’être dans un endroit où je peux me sentir chez moi », dit Setsochhata.
« J’ai l’impression d’être dans un endroit où je peux me sentir chez moi », dit Setsochhata.

Sin Setsochhata était aussi réticente à l’idée de rejoindre l’industrie musicale dominée par le hip-hop, car elle n’était pas sûre que cela corresponde à son style.

Bien sûr, depuis ses débuts, elle a toujours été connue comme « la petite-fille de Sin Sisamuth » et les gens l’utilisent si fréquemment qu’elle dit que c’est comme si cette expression était devenue son nom ou son prénom.

Donc, même si elle aimerait tracer sa propre voie dans le monde de la musique, elle ne peut pas faire grand-chose pour se différencier de son grand-père, de son père ou de son frère.

« Ne vous méprenez pas, ce n’est pas une mauvaise chose d’être reconnue comme un membre de la famille. Mais c’est gênant et je veux vraiment que les gens me reconnaissent en tant que Sin Setsochhata et pour ma musique, car je suis une artiste à part entière, indépendamment de mes origines »

Lorsqu’on lui demande si elle a du mal à rester fidèle au genre musical qu’elle a choisi ou si elle est tentée de suivre les tendances, elle fait remarquer qu’elle a grandi en écoutant la musique « pop khmère » des années 60 et du début des années 70, qui était aussi fortement influencée par la musique occidentale.

En fait, souligne-t-elle, pratiquement toutes les formes modernes de musique pop — blues, R&B, rock and roll, hip-hop et autres — ont d’abord été lancées par des Afro-Américains au 20e siècle, avant d’être popularisées par d’autres, puis de se répandre aux quatre coins du monde et de se différencier au fil du temps.

« Mais en fin de compte, la musique est libre et ouverte et tout type de musique peut être créé par n’importe qui, quel que soit son pays d’origine. Personnellement, j’aimerais être connue comme une artiste cambodgienne de R&B, de blues ou de soul, mais la tendance de la musique moderne est de tout imprégner de hip-hop, alors je me suis adaptée à cela, mais j’essaie de trouver un équilibre », dit-elle.

Sesochhata dit essayer de ne pas se montrer trop pessimiste ou cynique et admet volontiers qu’écrire une chanson parfaitement adaptée à ses propres préférences — et que peu de gens aiment ou entendent en conséquence — pourrait être beaucoup plus frustrant que satisfaisant.

« Renoncer à une trop grande partie de ce que j’aime vraiment affaiblirait ma musique et saperait mon identité en tant qu’artiste, mais ne pas la présenter d’une manière suffisamment attrayante limiterait la taille de mon public et le succès de ma carrière, il faut donc trouver un équilibre. Mais chaque fois que les gens pensent au R&B, au blues ou à la musique soul au Cambodge, mon objectif est de figurer sur ces registres », dit-elle.

Mme Setsochhata affirme qu’il n’y a rien de mal à suivre les tendances si cela procure un certain épanouissement ou une récompense financière, mais d’après ses constatations, ce n’est pas ainsi que la plupart des artistes à succès s’établissent ou trouvent la célébrité. Ils y parviennent en ayant leur propre voix et leur propre identité, avant tout.

« On ne peut pas plaire à tout le monde. Tout ce que j’enregistre n’est pas forcément apprécié par la masse, mais si quelques bonnes personnes l’apprécient, cela me suffit », dit-elle.

Setsochhata a débuté avec deux chansons en khmer — « Truth » et « No Regrets » — et une chanson en anglais, « Believe ». Toutes les trois sont basées sur ses expériences de vie et elle dit qu’elles viennent de son cœur parce qu’elle les a écrites alors qu’elle était en processus de guérison après avoir perdu son père et son frère, en particulier « Truth », qui est sa préférée.

« Tout ce que j’ai écrit est soit ce que j’ai vécu personnellement, soit à propos de personnes dont je suis proche. J’aime passer du temps à parler et à écouter les gens et leurs histoires. J’aime interpréter les sentiments dans les paroles des chansons. Derrière chaque mot de mes textes, il y a une histoire », dit-elle.

Bien sûr, la mort fait partie de la vie de chacun et tout le monde perdra un grand nombre de proches au cours de sa vie, et la seule façon d’éviter ce malheur est de mourir jeune soi-même. Elle a donc écrit cette chanson dans l’espoir qu’elle aiderait les gens à guérir et à réaliser la vérité, à savoir que la mort fait partie de la vie et qu’on ne peut pas vivre l’une sans l’autre, c’est pourquoi le titre de ce premier EP de trois chansons était « Réalisation ».

Setsochhata souhaite donc être connue comme une artiste à part entière et pas seulement comme la petite-fille du légendaire Sin Sisamuth, même si elle est reconnaissante des avantages que cela lui procure. L’artiste confie qu’elle n’a pas de méthode d’écriture de chansons à proprement parler et que le temps qu’il lui faut pour composer varie beaucoup en fonction de son humeur.

« En écrivant une chanson, je peux perdre l’étincelle d’inspiration qui m’a fait commencer ou je trouve une autre inspiration et recommence à zéro. Cela peut me prendre une heure, des semaines ou des mois. La chanson ‘’Truth ‘’ a pris une année entière jusqu’à ce que je sois satisfaite des paroles », confie-elle.

Setsochhata se dit également enthousiasmée par la dynamique dans l’industrie musicale cambodgienne et par le potentiel qu’ont les artistes cambodgiens de trouver des fans dans toute la région.

« Je suis sûre que les artistes cambodgiens seront de plus en plus présents sur la scène internationale au cours de la prochaine décennie et que nous serons très vite en concurrence sur le marché international. Et j’espère que j’y participerai aussi », dit-elle.

Comme on dit — il n’y a pas de meilleur moment que le présent — et le mois dernier, Setsochhata a fait l’objet d’un article en ligne du légendaire magazine musical Rolling Stone. Elle a réalisé une interview complète sur l’influence de son grand-père sur sa musique et sur d’autres aspects de sa carrière.

« En tant qu’artiste, je veux toujours voir une évolution à la fois dans l’industrie musicale et dans la société. Je me sens toujours obligée d’apporter ma contribution, car les artistes jouent un rôle énorme en façonnant et en influençant les attitudes et les opinions du public ».

« Personnellement, je vais continuer à m’améliorer et à grandir tout au long de mon voyage musical et j’espère voir davantage de personnes talentueuses faire partie de l’industrie ici, qui peuvent apporter de nouveaux sons et de nouvelles idées tout en gagnant leur vie en faisant ce qu’elles aiment », conclut Setsochhata.

Pour plus d’informations sur Sin Setsochhata, consultez le site web de KlapYaHandz : https://klapyahandz.com/ et retrouvez-la sur Facebook : @sinsetsochhataofficial

Roth Sochieata avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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