top of page
Ancre 1
Photo du rédacteurChristophe Gargiulo

Chronique de Barang : Mendiants à Phnom Penh, donner ou pas ?

Dernière mise à jour : 25 nov. 2020

Le comité pour les sans-abirs, une instance gouvernementale est actuellement en cours de remaniement. Pour le Premier ministre, une solution doit être trouvée par les autorités pour régler le probleme des sans-abris dans la capitale qui seraient encore aux alentours de 3000. Parmi eux, de nombreux mendiants.

Loy

« Argent s’il vous-plait…». Quelque soit le nombre d’années passées au Cambodge, chacun se trouve forcément interpellé au moins une fois par les mendiants des rues de Phnom Penh. Et, la question récurrente est de savoir s’il faut faire un geste, tourner la tête ou sermonner le quémandeur. Si les ONG spécialisées dans l’aide aux enfants des rues préconisent l’abstention, sous prétexte qu’un don est une forme d’assistanat, la question peut parfois être un peu plus complexe, un peu plus douloureuse.

Il existe bien sur des réseaux de mendiants professionnels, bien organisés, et qui opèrent en général près des zones touristiques. Le marché central, Phsaar Thmey, abrite un groupe qui travaille dans cette zone depuis une bonne dizaine d’années, provoquant parfois l’irritation de quelques commerçants. Une vendeuse de sacs du marché nous confie :

« Il y a en a parmi eux qui sont en bonne santé et qui pourraient travailler, ils préfèrent traîner et quémander car cela leur rapporte beaucoup plus. Certains font plus de chiffre que ma boutique…»
Christophe Gargiulo, photographe, réalisateur

Vrai que quelques passants et en particulier les étrangers se laissent facilement attendrir et donnent volontiers quelques dollars, en particulier lorsqu’une gamine porte un bébé en haillons à bout de bras. Là aussi, il y a une astuce, les jeunes mamans, conscientes de la compassion générée par leurs enfants, se louent parfois les gosses entre elles. Parfois, à l’approche d’un passant, la fausse maman va pincer discrètement le gamin pour qu’il pleure et forcément attendrir le client du marché. Interrogées, les mamans nient avec un sourire en coin. Elles avouent tout de même que les temps sont devenus difficiles, la police est moins tolérante, elles ont besoin de petites ruses pour gagner un peu plus.

« Sur ce type de méthodes, les ONG ont probablement raison, nourrir un réseau organisé ne résoudra pas le problème et pourrait peut-être même susciter des vocations. D’ailleurs, que deviendront ces enfants du Phsaar Thmey dans quelques années alors qu’ils n’ont appris que les méthodes de la rue et dont les mamans sont plutôt réticentes à les faire changer de voie ? »

Là, le problème devient plus vaste et malheureusement, il n’existe pas de statistiques précises recensant les mendiants de la capitale et permettant d’évaluer les différents types de groupe, les ”pros” et les réels laissés pour compte.

Christophe Gargiulo, photographe, réalisateur

Pour revenir à la question posée : « doit-on donner ou pas ? », la réponse serait non dans la majorité des cas. Peut-être faudrait-il y apporter une petite nuance, il ne faut effectivement pas donner d’argent, les mamans jouent aussi aux cartes, mais dépenser quelques dollars pour des boissons ou même quelques vêtements pourra peut-être légèrement éclairer leur journée. Aussi, comment rester insensible devant ces gamins qui ne connaissent que la manche et dont certains sont handicapés ou en mauvaise santé ? La réponse reste finalement en chacun de nous.

Christophe Gargiulo, photographe, réalisateur

Texte et photographies par Christophe Gargiulo

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page