Le complexe de temples de Koh Ker a été classé parmi les 52 premiers endroits au monde à visiter en 2024 sur le site web du New York Times, l'un des quotidiens les plus lus aux États-Unis.
« Pour tous ceux qui sont rebutés par les foules constantes et les images trop Instagram du complexe du temple d'Angkor Wat au Cambodge...un étalement millénaire de ruines dans une région voisine offre une alternative plus éloignée et plus aventureuse », est-il écrit dans le quotidien.
Le temple de Koh Ker a été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO lors de la 45e session du Comité du patrimoine mondial qui s'est tenue à Riyad, en Arabie saoudite, en septembre 2023.
Koh Ker, ou Chok Gargyar, est un complexe de temples du Xe siècle et une ancienne capitale de l'Empire khmer, située à Preah Vihear, dans le nord du Cambodge. Le site, densément boisé, contient un total de 169 vestiges archéologiques, dont 76 temples, ainsi que des structures civiles, des étangs, des digues et d'anciennes routes. Il est situé au centre de trois autres sites du patrimoine mondial cambodgien, à savoir Preah Vihear, Angkor et Sambor Prei Kuk.
Enfoui parmi les forêts épaisses et feuillues à cent-trente kilomètres au nord-est de Siem Reap, se trouve ce complexe de temples dont l’opulence dépassait même celle d’Angkor. Aujourd’hui, le pillage a dépouillé Koh Ker de cette magnificence. Mais, cet ensemble reste un site fascinant, dont la restauration en cours depuis quelques années, lui redonne une toute nouvelle dimension.
C’est un site paisible, implanté autour d’un emplacement richement boisé avec une série de petits temples démarqués par une magnifique ziggourat (1) installée dans un complexe derrière le temple principal, Prasat Thom.
Construit par Jayavarman IV, il y a environ 1100 ans, il est bien possible que l’emplacement fût déjà stratégique à l’époque. Sinon, on ne comprend toujours pas pourquoi il aurait choisi de construire sa capitale si loin du siège du pouvoir établi par l’Empire khmer. Mais, son emplacement lointain n’est qu’un des mystères de Koh Ker. Ses proportions et le dynamisme exceptionnel de sa statuaire en font un monument hors normes, même dans un pays qui abonde dans une extraordinaire monumentalité.

Jayavarman IV
En fait, Jayavarman IV avait une prétention légitime au trône, mais fut souvent crédité d’une prise de possession illégitime par la violence. La première mention de Jayavarman IV remonte à 921, avec une inscription sur un énorme linga du site de Prasat Thom, il y est appelé Roi de Chok Gargyar, qui deviendra plus tard Koh Ker. Sept ans plus tard, suite à une sanglante guerre d’accession au pouvoir, il fut couronné souverain de l’Empire khmer.
Les treize années suivantes, il régna sur Koh Ker avant que le pouvoir ne soit transmis à son fils Harshavarman II dont l’oncle et le premier cousin s’emparèrent du trône trois ans plus tard.

Couvrant 81 kilomètres carrés, la ville de Jayavarman IV était remplie de temples et de sanctuaires ornés de sculptures puissantes, sans oublier ses impressionnants et immenses lingas qui lui donnèrent le nom de Lingapura. Malheureusement, il en reste peu, tant l’éloignement du site a facilité le pillage des œuvres d’art de ce complexe unique.
En 2012, un sondage LiDAR (laser) réalisé par l’Autorité Apsara en collaboration avec l’Université de Sydney a révélé que jusqu’à 30 000 personnes pouvaient vivre dans cette ville. Son existence et son succès ont été rendus possibles par des systèmes complexes d’ingénierie hydraulique qui permettaient de gérer les variations annuelles des pluies et d’assurer des récoltes régulières et, de là, une sécurité alimentaire pour ses habitants.
Prasat Thom
Prasat Thom est le temple romantique à souhait. On y accède par une grande passerelle à travers laquelle il faut un peu se courber. Entourés d’un fossé : les murs du temple, vingt-et-un sanctuaires et deux bibliothèques ont mal vécu les ravages du temps, les pillages et la pousse des arbres. Prasat Thom n’est pas aussi bien restauré que les temples d’Angkor, un peu d’escalade est nécessaire, mais cela rajoute un petit sentiment d’aventure à cette découverte.

L’espace encombré de l’intérieur du temple contraste fortement avec la prairie qui s’étend à l’arrière du temple. Au milieu, un autre temple de sept étages, qui mesure 36 mètres de haut. À son apogée, ce monument était surmonté d’un sanctuaire abritant un linga de quatre mètres de haut. Malheureusement, ils ne sont plus là, mais il est maintenant possible de grimper au sommet via un escalier en bois magnifique.
De là, il est possible de voir tout le chemin vers les montagnes des Dangrêk, au nord, jusqu’à Phnom Kulen. En continuant la visite, il est aussi possible d’observer une série de sanctuaires orientés vers le grand barray qui reste enfoui dans la petite forêt centrale. La plupart de ces sanctuaires ont également été pillés, même s’il reste quelques lingas qui valent le détour. Les Prasat Plae Beng et Prasat Pir Chean méritent aussi une visite.
Prasat Chen
Plus loin, se trouve Prasat Chen qui fut autrefois dédié à Vishnu, ce qui le distingue du reste de Koh Ker dédié à Shiva. Le temple était autrefois flanqué d’immenses statues de guerriers, remarquables non seulement par leur taille, mais aussi par leur dynamique exceptionnelle dans le mouvement, tout à fait distinctif dans la statuaire khmère. À l’origine, neuf statues à l’extérieur de Prasat Chen représentaient une scène célèbre du Mahabharata, l’une des principales épopées indiennes anciennes. Deux d’entre elles montraient de magnifiques singes de combat. Elles ont enfin pu être renvoyées au Cambodge depuis les États-Unis suite au retour du Duryodhana en 2014.
(1) Ziggourat = Édifice religieux en forme de pyramide à étages, dont le sommet qui pouvait servir à l’observation des astres portait un sanctuaire, et dont la fonction essentielle était probablement d’établir une sorte de niveau intermédiaire entre les dieux et les hommes.
Accès
Il n’y a pas de service de bus public sur le site, mais il est possible d’y accéder en taxi, avec votre propre moto ou en réservant un forfait dans une agence, qui inclura probablement un détour vers Beng Mealea, le temple préféré des aventuriers.
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