La zone située après le pont Monivong (1), dans le district de Chbar Ampov, est en plein développement immobilier, avec ses bons côtés, ses moins bons et ses paradoxes. Retour en images sur une communauté cinq ans après notre première visite.
Les boreys, malls, galeries commerçantes et complexes résidentiels fleurissent à quelques kilomètres du pont qui franchit le Bassac. C’est une véritable ville nouvelle qui se crée, plus calme et plus verte, avec des Cambodgiens ravis d’échapper au tumulte de la capitale. Certains sont heureux, d’autres le sont un peu moins.
Contraste
Juste avant l’entrée du village d’Ou Thum qui se situe en contrebas du pont Monivong, nous apercevons deux mendiants d’un certain âge, assis à même le sol à seulement quelques mètres de la route devenue très encombrée aux heures de pointe. Ils sont là chaque matin, guettant peut-être la générosité des nombreux automobilistes qui utilisent cette route pour éviter l’encombrement de la RN1. Toutefois, avec la construction du pont Ke Norea, le trafic s'est assagi et il est à présent plus facile de se promener dans cette zone.
À notre arrivée dans le village, juste après le pont, dans une petite ruelle de terre battue perpendiculaire à la rue 371, le contraste est saisissant : sur une rive se dresse l’ambitieux complexe immobilier « Prince Plaza » et autres ensembles immobiliers, tandis que sur l’autre, beaucoup de petites maisons sont bien plus rudimentaires, parfois délabrées. La rive est assez abrupte, envahie par les plantes, mais aussi, et malheureusement, par les déchets ménagers.
En contrebas, une jeune maman tente de manœuvrer son embarcation avec son bambin dans les bras alors que d'autres pêcheurs accostent sur les berges pour aller livrer leurs quelques prises de la matinée. Nous suivons un étroit chemin de terre qui nous mène à un ensemble assez hétéroclite de petites maisons et de cabanes en taules. Ces habitations sont parfois propres, parfois moins entretenues. Certaines d’entre elles sont même décorées de verdures et de bambou.
La communauté est accueillante, les enfants du village jouent entre eux, pendant que les parents travaillent, font la sieste ou prennent des cafés.
Environ 200 familles vivent dans ces baraques qui bénéficient d’un assainissement approximatif et d’un accès limité à de l’eau potable. Il y a toutefois une école publique à proximité.
Une bonne partie des jeunes travaillent dans une installation de traitement du poisson à proximité ou dans les chantiers de construction qui fleurissent alentour bien que l'activité se soit ralentie depuis quelques années. Quelques ONG travaillent dans cette zone pour éviter que certains jeunes partent à la dérive. La plus connue d’entre elles est Tiny Toons qui a son QG tout près du village.
Vendeurs ambulants
Apparemment, à voir le nombre de chariots alignés, beaucoup d’entre eux sont des vendeurs ambulants. Des vendeurs de glaces et boissons fraîches déambulent, des vendeurs d’insectes et même des « vendeurs de vœux » - ceux qui proposent aux touristes des lâchers d’oiseaux - s’affairent autour de leur carriole, probablement en train de se préparer à aller travailler sur Riverside.
Maisons en tôle, en bois, en béton - surtout dans les rues perpendiculaires - se côtoient, certains villageois s’en sortent probablement mieux que d’autres. Apparemment, les pêcheurs seraient les moins bien lotis, leurs cabanes en bord de rive sont rafistolées, construites de bric et de broc et donnent l’impression de s’écrouler à tout moment.
Organisation
Toutefois, malgré le manque évident de moyens de certains de ses membres, la communauté semble organisée. Le système d’alimentation d’eau et d’irrigation est rustique, mais ce sont les villageois qui ont pris les choses en main. Des efforts de coquetterie sont même entrepris sur certaines habitations et, comme tout petit quartier de banlieue, il y a des cafés, quelques petits restaurants de rue et surtout, une ambiance chaleureuse.
Il suffirait de…
Si la visite des quartiers et petites rues de Phnom Penh laisse à l’évidence constater à quel point la gestion des déchets est difficile, on ne peut s’empêcher de penser que, finalement, il ne manquerait pas grand-chose pour que ce quartier de petits pêcheurs et petits métiers devienne un peu plus propre, et plus accueillant pour ses habitants.
Réparer ou reconstruire quelques dizaines de maisons, organiser une vraie collecte des déchets avec des poubelles centrales peut-être (les camions ne peuvent aller dans toutes les zones du village) et un peu de responsabilisation – formation sur ce problème serait les bienvenus.
(1) Le pont Monivong est un double pont en béton nommé ainsi en l’honneur du roi Sisowath Monivong (1875-1941). C’est l’un des deux seuls ponts franchissant le Bassac au Cambodge, avec le Pont Ta Khmao plus au sud, c’est un pont stratégique pour la circulation de la ville. Il est en fait constitué de deux ponts, le premier construit dans les années 1960 et le second inauguré le 27 mai 2009.
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