Pionnier du secteur de la construction depuis 1991, LBL International a réalisé plus de 400 projets de premier plan qui ont contribué à façonner le paysage du Royaume. Si ses premiers projets dans les années 1990 étaient liés à l’Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (APRONUC) et à la réhabilitation des infrastructures, LBL s’est ensuite lancée dans la construction de projets commerciaux et résidentiels, d’immeubles de bureaux et d’hôtels de luxe.
CM : Vous êtes d’origine franco-khmère. Où avez-vous grandi ?
J’ai vécu les premières années de ma vie en France. Je suis arrivé au Cambodge en 1992, pour rejoindre ma mère qui avait fondé l’entreprise LBL au début de l’année 1991 avec mes oncles et mon cousin. J’avais à l’époque huit ans. J’ai vécu un grand changement entre Marseille, où j’avais habité, et Phnom Penh.
J’ai été scolarisé au lycée français Descartes. Je suis resté ici jusqu’à mes seize ans, grandissant au rythme de l’évolution du Cambodge. À cet âge-là, je suis retourné passer mon bac en France.
CM : Et ensuite, quelle a été votre formation ?
J’ai ensuite étudié l’Histoire à la Sorbonne, puis passé une maîtrise de travail politique et parlementaire pour me professionnaliser. Ces études me passionnaient, mais je n’arrivais pas à m’imaginer les mettre en pratique au niveau professionnel. J’ai alors décidé de faire un stage à la mission économique au Cambodge. À cette occasion, j’ai découvert le monde de l’économie, du marché. J’ai alors compris que ce que j’aimais, c’était l’entrepreneuriat. J’ai alors décidé de basculer vers des études de commerce, à l’école américaine de Paris. J’ai obtenu mon diplôme en 2010.
CM : Comment en êtes-vous venu à retourner au Cambodge ?
Après deux stages, à la Mission économique en Inde puis en Irlande je suis resté à Dublin pendant six ans. Ce pays présente beaucoup d’opportunités au niveau des secteurs porteurs, puisque les entreprises américaines s’y implantent pour bénéficier des avantages fiscaux et toucher le marché européen. J’ai notamment travaillé dans le secteur de la technologie et du digital, un an chez Google puis dans une PME de marketing pour le développement de franchises.
J’ai ensuite rejoint une startup, Quantcast, lorsqu’ils ouvraient le marché français. Mais toutes ces expériences, très formatrices, se sont déroulées dans le but de revenir au Cambodge par la suite, du fait de mes attaches familiales, mais aussi du rapport intime que j’ai avec le pays.
« Ayant vu l’évolution du pays, je voulais contribuer à son développement. Après avoir appréhendé le milieu professionnel dans plusieurs types d’entreprises, j’avais la volonté de venir travailler dans l’entreprise familiale et y apporter mon expérience »
CM : en parlant de LBL International, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’entreprise ?
LBL, c’est tout d’abord la première entreprise française à s’être implantée au Cambodge, en 1991, après les accords de Paris. 27 ans plus tard, c’est aussi l’entreprise de construction qui a la plus grande longévité, au Cambodge. La société a même participé à la construction d’une centrale électrique et a construit des usines au fur et à mesure que l’économie cambodgienne se développait après des années de guerre civile.
Au cours de notre parcours, nous avons travaillé sur des projets vraiment originaux et innovants pour le Cambodge. Nous avons, par exemple, été le maître d’œuvre de la conception et de la construction de la Jay Pritzker Academy à Siem Reap, qui est considérée comme le premier bâtiment scolaire « vert » du Cambodge. Le prix Pritzker est largement considéré comme le Nobel de l’architecture, et le fait que nous ayons été choisis pour la conception et la construction de ce projet au Cambodge en dit long.
LBL a été créée avec la volonté d’apporter des standards dans la construction et de reconstruire et développer le pays. Aujourd’hui, elle regroupe plusieurs centaines de personnes, dont 70 ingénieurs et une quinzaine d’architectes. En comptant toutes les personnes qui travaillent pour LBL, dont les ouvriers, nous sommes plus de 2000.
CM : Vous soulignez la longévité de LBL. Comment vous avez vous réussi à perdurer et à vous démarquer de la concurrence, notamment chinoise, très présente dans le secteur de la construction ?
Nous avons trois valeurs qui nous permettent de garder notre identité, dans cet environnement compétitif : le respect et l’écoute du client, la constance et régularité, en amenant toujours le niveau d’expertise et de qualité dans notre travail et la flexibilité. Nous avons acquis une expertise dans la pratique de la construction au Cambodge, notamment au niveau de l’environnement légal. Nous avons réalisé des projets de tous types : écoles, ambassades, aéroports, usines, centrales électriques… C’est ce qui fait notre positionnement, car aucune entreprise n’a autant d’expérience que nous dans un nombre aussi varié de projets. Souvent, les entreprises sont à la recherche d’un vrai partenaire pour la construction et c’est ce que l’on essaye d’être.
« Le succès continu de LBL n’a certainement pas été possible sans son personnel dévoué, en particulier les jeunes ingénieurs qui produisent un travail d’une telle qualité sur un large éventail de projets divers »
Sans notre personnel, nous ne serions rien. Nous sommes fiers de voir de jeunes ingénieurs et travailleurs postuler chez LBL, car ils savent qu’ils travailleront sur des projets très variés. Notre entreprise est également un lieu où ils apprennent à travailler avec les attentes les plus élevées en matière de qualité, tant en interne qu’auprès de nos clients.
Il n’y a pas de plafond de verre chez LBL, tout le monde pouvant gravir les échelons de la carrière, et le fait que la majorité de ses directeurs et managers aient commencé au niveau junior ou même comme stagiaires en témoigne :
Nous pensons que, grâce à notre système de formation et de promotion, nous avons contribué à donner de l’expérience à notre personnel et à lui inculquer des normes élevées, et par extension au secteur dans son ensemble. De plus, nous pensons que nous avons également contribué au développement du pays en employant des milliers de personnes pendant trois décennies.
« Et avec l’adoption de la loi sur la construction en 2019, LBL adopte déjà toutes ces nouvelles exigences, contractuellement ou par la pratique, et il est bon que le secteur soit mieux réglementé, car cela améliorera les standards »
CM : Vous vous positionnez beaucoup sur des constructions « haut de gamme ». Comptez-vous vous diversifier en gammes ?
Nous avons fait de très luxueux hôtels tels que l’Amansarsa, ou le roi passait ses vacances. C’est vrai que l’on se positionne beaucoup sur cette gamme, car c’est ce qui a fait notre notoriété. Mais par ailleurs, nous avons aussi travaillé sur des hostels. Un des projets qui nous a tenu à cœur est l’auberge de jeunesse de Lub.D, à Siem Reap, l’année dernière, avec un client à la recherche de qualité et d’un partenaire fiable pour son premier projet au Cambodge.
L’offre de nos services se limite plutôt au type de client. Nous recherchons un client qui a des attentes, notamment au niveau des standards de sécurité et de gestion de projet aboutie. Nous faisons par exemple aujourd’hui des Starbucks, et l’entreprise nous identifie maintenant comme son partenaire construction, au Cambodge.
CM : Seriez-vous prêt à accepter des projets en dehors du Cambodge ?
Ça a été le cas, notamment en Thaïlande, où nous avions ouvert une filiale de LBL, Kalkin, à Koh Samui. Mais LBL s’est retiré du marché thaïlandais du fait de la crise économique et de l’arrêt de beaucoup de projets. Avec, à ce moment, le boom de la construction au Cambodge, on s’est focalisé sur ce pays, où la demande est forte.
CM : Depuis que vous avez rejoint LBL, il y a deux ans, quelles ont été les évolutions de l’entreprise ?
Je m’occupe particulièrement du développement commercial, à la recherche de nouveaux projets pour les années à venir. Je suis aussi en charge des opérations internes, de l’organisation de l’entreprise. En deux ans, on a essayé de structurer plus l’entreprise en embauchant de nouveaux directeurs, tels qu’un directeur sécurité par exemple, ayant de l’expérience dans leur domaine, pour apporter plus d’expertise dans les standards à appliquer sur nos projets. On essaye d’évoluer en même temps que le Cambodge et d’adapter l’entreprise aux défis futurs.
CM : Quels sont ces défis ?
Le secteur de la construction a énormément changé. Quand je suis arrivé il y a deux ans, beaucoup de gens prévoyaient un ralentissement, après le boom des années précédentes. Dans l’entreprise, nous n’avons pas misé sur ce ralentissement tout de suite, nous avons pensé qu’il continuerait à y avoir de la demande. Cependant, il faut s’adapter aux évolutions du Cambodge.
Quand le tourisme a commencé à se développer, il a fallu construire des hôtels. Puis, ça a été l’immobilier, résidences et bureaux.
Aujourd’hui, il y a de plus en plus de demande au niveau des bâtiments industriels, et nous sommes fiers d’avoir pris le train en marche, mais aussi des projets de divertissement, comme des parcs de loisir. Pour demain, on voit que le développement côtier est significatif. Mais la donne a changé, car beaucoup d’entreprises chinoises se sont implantées, avec leurs propres méthodes. Mais elles s’adressent principalement aux clients chinois. Le secteur est tout de même de plus en plus compétitif et les règles du jeu ont changé.
« Pour être sûrs d’offrir une productivité optimale et la meilleure qualité, les meilleurs services et les meilleurs prix à nos clients, nous devons disposer des meilleurs outils »
De nombreux investissements dans la technologie et la numérisation sont prévus pour aider notre équipe à être plus efficace afin d’être prête à répondre aux nouvelles exigences des clients. Nous avons initié ces changements il y a quelques années, et notre objectif est que chaque département et toutes les équipes disposent d’outils numériques appropriés pour soutenir leur travail.
CM : Avez-vous des projets en cours ou à venir qui vous tiennent à cœur ?
Il a eu énormément d’investissements japonais, au Cambodge et nous sommes très fiers d’avoir pu travailler ces dernières années avec trois grands acteurs japonais. Nous avons construit la tour Starts de service appartement et hôtel. Nous avons aussi travaillé pour le projet d’une usine de pommeaux de boîtes de vitesses, du groupe Midori. Mais le projet dont nous sommes le plus fiers, c’est Toyota, pour qui nous avons construit le nouveau siège social, sur le boulevard de la Confédération de Russie.
CM : Êtes-vous impliqué dans l’effort de développement durable ?
LBL prévoit également d’accroître la durabilité de son organisation, car de nombreux aspects de son activité ne sont pas encore optimisés, notamment la logistique et le transport, ainsi que la consommation et le gaspillage de matériaux.
Nous avons déjà amorcé ce changement cette année en participant au concours CEE pour réduire notre consommation d’énergie. Le prolongement de cette première initiative est de disposer d’une véritable équipe verte avec un responsable spécialisé dans le développement durable afin de changer notre entreprise sur le long terme pour le bénéfice de nos employés, des projets, de nos clients et du pays.
CM : Enfin, vous prévoyez de changer d’identité visuelle
LBL adoptera une nouvelle identité visuelle, qui sera présentée l’année prochaine. Elle sera l’illustration de notre solide implantation dans le Royaume en tant qu’entreprise leader du secteur, et symbolisera notre expertise en matière de conception, d’ingénierie et de construction.
CM : Racontez une de vos journées types
J’ai la charge de plusieurs départements, donc quand j’arrive., j’essaye de savoir ce qu’il se passe dans chacun. Mais ensuite, pas de journée type ! La particularité, c’est que les portes des bureaux sont toujours ouvertes et tout le monde est à l’écoute des autres. Donc ma journée dépend de ce qu’il se passe dans l’entreprise ou sur les chantiers, en fonction des problèmes à régler.
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