La mémoire retrouvée : Cheffe Nak, «...50 ans de résilience cambodgienne à travers la cuisine locale...»
- La Rédaction
- il y a 2 jours
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Un demi-siècle après l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire moderne, le Cambodge reprend la parole, non seulement dans les manchettes des journaux, mais aussi de manière plus forte à travers le langage silencieux et durable de la cuisine traditionnelle.

Le 17 avril 1975, la chute de Phnom Penh a marqué l'avènement du régime des Khmers rouges, une ère brutale qui a coûté la vie à près de 2 millions de personnes et a presque effacé l'identité culturelle et culinaire du Cambodge. Les recettes ont disparu. Les ingrédients se sont raréfiés. Des générations de connaissances ancestrales ont été réduites au silence ou perdues. Et pourtant, même dans l'ombre, quelque chose de sacré a perduré : la volonté de survivre et de se souvenir.
Aujourd'hui, le Cambodge se réapproprie cet héritage, un plat à la fois. Au cœur de ce renouveau se trouve la cheffe Nak, la principale ambassadrice culinaire du Cambodge et une ardente défenseure de la cuisine khmère. À travers ses livres de cuisine acclamés, ses expériences culinaires à domicile, ses cours de cuisine, ses réseaux sociaux et son centre culinaire culturel, Cheffe Nak contribue à redonner vie à une tradition qui a failli disparaître.
« Chaque plat que nous cuisinons aujourd'hui est un acte de mémoire et de fierté », déclare-t-elle.
« Un bol de num banh chok n'est pas seulement composé de nouilles de riz fraîches, d'épices et d'herbes. C'est un héritage de nos ancêtres. C'est une histoire de survie. C'est ce qui a permis aux familles de continuer à vivre quand tout le reste avait disparu. »
La résilience de la cuisine cambodgienne est indissociable de celle de son peuple. Bien que négligée par les plateformes internationales telles que le Guide Michelin, le World's 50 Best et bien d'autres, la cuisine khmère se distingue par sa richesse discrète, sa complexité profonde et ses racines ancrées dans la guérison.
« Notre beau pays sera un jour reconnu dans le monde entier », affirme cheffe Nak.
« Mais pour l'instant, nous ne cuisinons pas pour des récompenses. Nous cuisinons pour nous souvenir de qui nous sommes et pour partager cet héritage culturel profondément enraciné avec ceux qui sont prêts à écouter, à apprendre et à goûter. »
Cette année marque le 50e anniversaire de la chute de Phnom Penh, un moment non seulement de commémoration, mais aussi de réveil. L'occasion pour le monde de voir le Cambodge non seulement comme une nation post-conflit, mais aussi comme un berceau culturel dynamique, où la cuisine a survécu aux atrocités et continue de nourrir, d'inspirer et d'offrir de l'espoir pour l'avenir. Que ce soit une invitation, non seulement à goûter la cuisine cambodgienne, mais aussi à comprendre notre âme.
À propos de cheffe Nak
Cheffe Nak est une chef cambodgienne primée, auteure, entrepreneuse et défenseure de la culture, qui se consacre à la renaissance et à la réinvention de la cuisine traditionnelle cambodgienne pour une nouvelle génération. Son livre de cuisine acclamé, SAOY : Royal Cambodian Home Cuisine, a été nommé Meilleur livre de cuisine au monde par les Gourmand Awards.
Grâce à des collaborations avec des organisations telles que l'UNICEF, la GIZ, la FAO et la Banque mondiale, Cheffe Nak défend le pouvoir de la cuisine pour promouvoir une alimentation saine, préserver l'identité culturelle et susciter un dialogue culinaire mondial.
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