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Initiative : Kroojchmar, un nouveau magazine pour stimuler la créativité des petits Cambodgiens

Dans le monde numérique d'aujourd'hui, où les enfants utilisent en permanence la technologie, un magazine bilingue pour enfants baptisé Kroojchmar vise à susciter des passions créatives et peut-être à suggérer de futures vocations à ses jeunes lecteurs.

Des artistes français et cambodgiens s'associent pour produire Kroojchmar, un magazine pour enfants. Photographie fournie
Des artistes français et cambodgiens s'associent pour produire Kroojchmar, un magazine pour enfants. Photographie fournie

Fondé par la Française Dorothée Etienne, ancienne enseignante en design, et Prum Kunthearo, auteur et éditeur cambodgien d’histoires pour enfants. Sa première édition sortira en octobre. Sur la couverture du magazine, les lettres khmères du titre sont stylisées comme une paire d’yeux curieux.

« Kroojchmar sera une façon très accessible et dynamique de parler de l’éveil de la créativité. C’est un nom qui résonne avec les enfants, car les enfants sont souvent comparés affectueusement à de petits agrumes dans la langue cambodgienne », déclare Mme Etienne.

« Le message caché est probablement à chercher dans les petits yeux en boucle des deux personnages centraux. C’est une façon d’exprimer l’état d’esprit curieux nécessaire à la recherche d’une inspiration créative », explique-t-elle.

Dorothée Etienne, qui vit dans le Royaume depuis plus de six ans, a auparavant travaillé comme professeur de graphisme dans différentes écoles. Elle a grandi entourée de ressources qui ont contribué à développer sa créativité. Elle a dévoré numéro après numéro de nombreux magazines, entraînant ainsi une passion grandissante pour le design.

Au Cambodge, elle a observé un étonnant « patrimoine de design » qui doit être valorisé, mais elle a également constaté que la plupart des ressources disponibles pour développer la créativité sont importées et n’explorent pas l’imagerie cambodgienne.

« Le fait qu’il n’existe actuellement aucun magazine pour enfants a été un autre facteur qui a contribué lancement du projet. Il y a un vide à combler », dit-elle.

Il y avait autrefois d’autres magazines pour enfants comme « Tam Tam » disponibles au Cambodge, mais ils ont disparu en raison de la popularité des smartphones et écrans chez les enfants.

Récupérer le temps d’écran

Mme Etienne admet que son équipe souhaite sincèrement récupérer une partie du temps que les enfants passent sur les tablettes et les téléphones et plaider pour plus de créativité en fabriquant et en manipulant des objets.

Kroojchmar, un magazine pour enfants. Photographie fournie
Kroojchmar, un magazine pour enfants. Photographie fournie

« Le papier est le meilleur matériau pour faire naître des idées ! Notre vision n’est pas de concurrencer les écrans, mais je crois qu’avant d’être prêt à créer à l’aide de logiciels, un futur designer doit prototyper, tester, échouer et recommencer dans la vie réelle. Le papier, ou toute autre ressource peu coûteuse qu’ils peuvent trouver autour d’eux, est idéal », ajoute-t-elle.

Il y a un an et demi, elle a entamé des recherches exploratoires sur le sujet, parallèlement à son travail de designer. En mars, elle a parlé du projet à Kunthearo et a décidé de s’y consacrer à plein temps.

Après plus d’un an de recherche — et un « sprint de conception » de quatre mois — l’équipe a imprimé un numéro test pour confirmer l’intérêt des enfants pour le contenu et la conception.

Le magazine est entré dans une phase de test dans quatre villages reculés, par l’intermédiaire de Sipar, une ONG qui travaille à la réduction de l’analphabétisme et à la promotion des habitudes de lecture au Cambodge par le biais de bibliothèques mobiles.

« Entre autres, nous avons constaté que les enfants n’étaient pas découragés par le format noir et blanc — au contraire, le coloriage est un excellent point d’entrée pour eux dans la lecture et le jeu », déclare Mme Etienne, ajoutant que les enfants avaient recherché le magazine, même parmi les offres plus colorées de Sipar.

« Lorsqu’ils ont rendu notre magazine à la bibliothèque une semaine plus tard, ils ont tous raconté qu’ils avaient passé du temps à le lire pendant la semaine. Ils ont pu nous dire quelles étaient leurs sections préférées et celles qu’ils ne comprenaient pas. Nous avons recueilli beaucoup de commentaires utiles », confie la conceptrice.

Elle explique que la moitié des enfants ont déclaré avoir parcouru le magazine avec leurs frères et sœurs, leurs voisins ou leurs parents, ce qui est une preuve fantastique de l’interactivité de la ressource :

« Et tous ont demandé à recevoir le deuxième numéro ! Le retour que nous avons eu des familles a été impressionnant. »

Le soutien des parents

Kong Socheata, mère d’Alisa et de Chomreoun, de Takeo, a adoré les sujets créatifs du magazine et croit personnellement que les parents apprendront aux côtés de leurs enfants.

« La créativité est souvent négligée dans l’éducation cambodgienne. Tous les deux mois, mes enfants vont rencontrer des personnages différents grâce au magazine. Cela signifie qu’ils feront appel à un ensemble de compétences différentes, ce qui favorisera leur développement cognitif. Ce type de contenu n’est pas encore disponible dans leur école », dit-elle.

Viseth père de famille de Phnom Penh, a trouvé de multiples avantages au magazine. Son enfant apprenait, s’amusait, stimulait sa créativité et pratiquait les deux langues en même temps.

« Ma fille a ouvert le magazine et a dit “wow”. Elle lit l’anglais, suit les pages et fait les exercices et les jeux. Elle suit également les instructions de bricolage », dit-il.

Le premier numéro porte sur la mobilité urbaine et présente Sothy, architecte et urbaniste. L’équipe a voulu commencer son voyage créatif à Phnom Penh, avant de se lancer dans l’exploration d’autres villes et provinces.

Des garçons lisent Kroojchmar, le magazine pour enfants. Photographie fournie
Des garçons lisent Kroojchmar, le magazine pour enfants. Photographie fournie

« Phnom Penh est un environnement inspirant pour aborder la vie de la rue et les habitants qui contribuent à son dynamisme. L’architecte est un personnage clé de la ville, car c’est lui qui imagine l’expérience du vivre ensemble », déclare Mme Etienne.

Une collaboration créative

Outre les cofondateurs, chaque numéro est le fruit du travail d’environ huit autres talents, dont des auteurs, des illustrateurs et des graphistes.

« La composition de l’équipe change à chaque numéro. C’est un bon moyen d’exposer les enfants à différents styles d’illustration et cela nous permet également de proposer du travail à différents pigistes », dit-elle.

Ils produiront six numéros par an, chacun axé sur un thème différent lié au domaine principal de la conception : les moyens de se déplacer, de se nourrir, de se reposer, d’organiser la maison, de se déguiser ou de faire du sport, etc.

« Notre deuxième numéro portera sur les recettes de snacks et les emballages alimentaires et sera basé à Battambang, par exemple », précise Mme Etienne.

Il y aura également une chaîne YouTube qui offrira un support audio pour guider les lecteurs et améliorer leur prononciation.

Le magazine propose deux profils d’abonnés. Ceux qui ont découvert le projet lors de la récente foire du livre à Siem Reap ou ceux qui l’ont trouvé grâce à sa page Facebook paieront 21 dollars pour un abonnement d’un an.

Les abonnements collectifs, pour les écoles, les ONG ou les hôtels, bénéficieront de tarifs réduits. Si une ONG commande pour plus de 100 enfants, par exemple, le tarif passera à 12 dollars par an et par enfant.

Kroojchmar, un nouveau magazine pour stimuler la créativité des petits Cambodgiens

« Il n’y a aucun moyen pour nous de réduire les tarifs que nous offrons aux personnes talentueuses avec lesquelles nous travaillons, donc la seule façon de réduire nos prix est d’augmenter le nombre d’abonnés », explique Mme Etienne.

L’équipe développe actuellement des préventes, son principal défi étant de présenter Kroojchmar à davantage de partenaires. Heureusement, le bouche-à-oreille fonctionne très bien et beaucoup contactent désormais directement l’équipe.

« Nous avons rencontré beaucoup d’écoles et d’ONG, mais des hôtels, des restaurants et des sociétés de développement immobilier ont également manifesté leur intérêt à s’abonner pour leurs clients », ajoute-t-elle.

Avec leur engagement à maintenir le prix du magazine aussi accessible que possible, l’équipe espère que les familles investiront dans cette précieuse ressource destinée à leurs enfants.

« En définitive, nous voulons contribuer à l’émergence, à la formation et à la promotion de la communauté du design au Cambodge », conclut la Française.

Pan Simala avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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