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Histoire & Indochine : Alexandre Yersin, la noble aventure

Alexandre Yersin fait partie des rares Français dont le Vietnam d’aujourd’hui honore encore la mémoire. Découvreur du bacille de la peste, explorateur, initiateur de la future station climatique du Lang Bian (la ville de Dalat), développeur des plantations du quinquina, d’hévéas… Alexandre Yersin a eu une vie bien remplie et en a sauvé des milliers d’autres…

Au service du Docteur Roux et de Pasteur à Paris, Yersin travaille principalement sur la diphtérie. Après 4 années d’un travail acharné au laboratoire de la rue d’ULM et dans cet Institut Pasteur qu’il a vu naître, Yersin décide de s’embarquer en septembre 1890 pour l’Indochine afin d’assurer le service médical à bord des petits courriers de la Compagnie des Messageries Maritimes. À cette époque, la Cochinchine est l’une des terres les plus malsaines du monde. Les maladies infectieuses qui règnent sous ce climat uniformément chaud et humide sont encore insuffisamment connues et combattues. Saigon même, la capitale, malgré un urbanisme en progrès continu ne connaît pas encore de confort ni dans l’éclairage ni dans la ventilation, ni dans les moyens de transport, ni dans l’architecture des maisons, ni dans la vie domestique. Des quartiers que parcourront plus tard de larges boulevards sont des terrains vagues, marécageux.

Yersin exerce plusieurs mois sur la ligne Saigon Manille puis sur le Saigon Haiphong. Vers le mois de juillet 1891, Yersin ne résiste pas à la tentation de débarquer à Nha Trang pour se rendre à Saigon par la voie terrestre.

Les 500 km à parcourir constituent une véritable exploration. À l’aide d’une boussole, d’un chronomètre de marine, en sandale de corde avec 5 boites de corned-beef, il a 10 jours pour railler Saigon avant que son bateau ne reparte. Épuisé, trempé, il finit par rebrousser chemin. Quelques jours plus tard, un accès de fièvre paludéenne d’une extrême violence lui confère le baptême d’explorateur et de colonial ! La fièvre des bois, comme on la nomme à l’époque. Le 8 janvier 1891, Albert Calmette et sa femme arrivent à Saigon.

La 1re mission

Calmette aide Yersin à réaliser ses souhaits : en mars 1891, Yersin repart, cette fois en mission officielle, afin d’explorer une région peu connue de l’Annam, située entre la côte et le Mékong à la hauteur de Nha Trang. Comme objet d’échange, il emporte avec lui des pièces de cotonnade, des couvertures, des mouchoirs de couleurs, des couteaux nickelés, des pipes, des chaînes de montre, des perles de verre, des petites boites à miroirs, des rouleaux de fil de cuivre…

« Comme moyen de transport, je me suis toujours fourni sur place d’éléphants, de coolies, de chars à bœufs, ou de pirogues. C’est là une grosse difficulté du voyage, car un chef de voyage ne nous conduira jamais plus loin que le village suivant ; de là une source perpétuelle de retards et d’ennuis. » Yersin a voyagé seul et sans escorte, donc aussi pacifiquement que possible.

« Mon personnel se composait de trois jeunes annamites de Saigon dont deux m’ont suivi jusqu’au bout ». Yersin s’est mis en route le 29 mars 1892 et est accueilli, après deux mois d’aventures par le Résident de France au Cambodge. Cette expédition est un succès. Elle complète l’œuvre des 2 grandes missions qui ont révélé l’Indochine à elle même : la mission Doudart de Lagrée et Francis Garnier en 1860, la mission Pavie, toute récente.

La 2e exploration

Avec l’appui de Pasteur, le Docteur Yersin obtient une exploration d’une région comprise dans le Sud Annam entre la côte et le Mékong. Il choisit comme point de départ Bien Hoa. En cherchant le chemin à suivre de Tanh Linh à Phan Ri, il aperçoit le village de Rioung, une haute montagne le Lang Bian. Le Donnai y prendrait sa source. Il va ainsi découvrir le plateau du Lang Bian,.

Avec cette intuition qui apparaît dans chacune de ses œuvres, il avait en même temps situé le point où pourrait s’élever un jour à Dalat, la station d’altitude de l’Indochine. Dès l’année 1897, le Gouverneur Général Paul Doumer se préoccupait de créer la ville sanitaire ou, loin de la chaleur accablante de la plaine, les résidents fatigués par le climat et la maladie retrouveraient le calme, le repos et la santé. Yersin indiquera l’emplacement. La ville de Dalat était née. Elle devait avoir la plus brillante fortune.

« J’ai déjà insisté sur l’état précaire des habitants qui sont mis constamment à contribution par la rapacité des mandarins annamites du Binh-Thuan ou de leurs serviteurs. Me fiant aux promesses formelles de M de Lanessan, j’avais promis aux Mois que le protectorat allait s’occuper de leur sort. Je crois que ce serait une faute de ne pas tenir parole. »Encore quelques journées de marche et nous arrivons chez les Bahnars, hommes sauvages doux et tranquilles par comparaison avec leurs voisins Djairais, Reulards, Sedangs, etc.. qui sont de vrais pillards. »

La découverte du microbe de la peste

De retour de sa 3e expédition, Yersin remarque que la peste du Yunnan menace le Tonkin et l’Annam. Pressé par les événements ; il ira finalement à Hong Kong. En effet, depuis les 1ers mois de l’année 1894 une épidémie de peste sévit dans le sud de la chine. Elle fait rage à Canton où plus de 100 000 morts sont à déplorer.

Elle vient de gagner HK, d’où elle menace toutes les voies commerciales maritimes. La panique est totale à HK : pour ceux qui y résident, l’aspect de la ville a bien changé : les rues sont désertes, la rade ne contient que quelques bateaux.

En se promenant, on remarque les nombreux rats morts qui gisent sur le sol. Les maisons touchées par l’épidémie sont isolées, les quartiers les plus infectés ont été condamnés. Yersin remarque que la population européenne a été relativement peu touchée par la peste. Pourquoi ? Parce qu’elle vit dans des conditions hygiéniques très supérieures au mode d’existence des Chinois.

Malgré quelques difficultés pour pratiquer des autopsies, Yersin isole rapidement le microbe de la peste, en observant les bubons des cadavres. Il établit tout aussi rapidement le mode de transmissions : les rats. En trois semaines, il identifie le microbe de la peste : c’est le bacille « de Yersin » !

Source — extraits : Noël Bernard, Yersin, 1863-1943

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