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Gastronomie & Vins : Hubert de Boüard de Laforest, « un authentique sourire avec les Cambodgiens »

Court, mais riche séjour au Cambodge pour le Comte Hubert de Boüard de Laforest, propriétaire de Château Angelus. Il s’agissait pour l’illustre propriétaire du célèbre vignoble d’aller au contact de ses clients, une approche humaine qu’il souhaite privilégier, car, selon lui, les Cambodgiens sont de grands amateurs de son vin, mais aussi des gens qui se passionnent pour l’histoire familiale du fameux domaine.

Hubert de Boüard de Laforest, propriétaire de Château Angelus lors du dîner au Phnom 1929 - Raffles Hotel Le Royal

C’est donc au cours d’un somptueux dîner au restaurant Royal (salle Crystal) du Raffles Hotel Le Royal - proposé par Auskhmer - que le Comte a eu l’occasion de « raconter » son vin avec passion, enthousiasme et devant un auditoire captivé par ce maître du vin à l’éloquence élégante et passionnante. Il a également accepté de répondre à quelques questions.

Pour les (rares) personnes qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Hubert de Boüard de Laforest, un nom assez long parce qu’il est issu de l’histoire française et je suis propriétaire de Château Angelus, l’un des vins phares dans le monde et même considéré comme parmi les meilleurs vins produits à travers le monde. Et, je considère cela comme une chance formidable. Je suis aussi œnologue de formation, donc je suis non seulement propriétaire, mais ce sont mes équipes et moi qui élaborons le vin. Donc, en fait, je passe la moitié de mon temps dans les vignes et dans les chais, l’autre moitié à faire la promotion de mon vin, raconter son histoire et parler du style des vins que l’on produit.

Cela fait maintenant huit générations que nous produisons sur cette propriété familiale puisque ma fille Stéphanie a pris la suite. Nous travaillons ensemble, mais c’est elle qui est aujourd’hui à la direction de l’entreprise.

Parlez-nous de votre rapport avec le Cambodge

Je viens effectivement beaucoup en Asie déjà depuis longtemps, depuis plus de 30 ans, 35 ans même, parce que j’ai toujours pensé et considéré que cette région constituait un pôle d’attraction formidable pour nos grands vins et notamment ceux de la rive droite, de Saint-Émilion particulièrement.

Enfin, le Château Angelus est l’un des deux ou trois plus grands fleurons de cette région donc je pense qu'il existe vraiment un pôle d’attraction. Nous avons une image très très forte qu’il faut cultiver et entretenir, plus particulièrement aujourd’hui au Cambodge parce que, depuis dix ans, on a vraiment le sentiment que ce pays est en train d’exploser. On le voit avec les routes, les infrastructures, toutes ces choses sont en train d’évoluer.

Concernant le goût des vins et la curiosité des Cambodgiens, c’est assez incroyable, les discussions que nous avons avec les jeunes générations - les plus anciennes avaient déjà une certaine connaissance - montrent bien que cela s’élargit et qu’il existe une réelle curiosité à propos des vins. Les jeunes veulent venir visiter, ils veulent comprendre pourquoi ils adorent ces vins de la rive droite.

« Ces jeunes Cambodgiens aiment probablement le Château Angelus, en raison de ce toucher de tanin qui est peut-être assez particulier et qui se ressent ici, en Asie. »

Je ne sais pas si je peux dire cela, mais notre vin propose aussi un peu goût de cachemire, une sensation qui caresse le palais tout conservant une certaine densité, mais, qui s’avère extrêmement élégant et dévoile beaucoup de finesse.

Discussion passionnée
Discussion passionnée

Au Cambodge la réponse est très forte, peut-être aussi forte que la vitesse à laquelle le pays est en train d’évoluer. On s’aperçoit qu’il y a non seulement une curiosité, mais une appétence à vouloir consommer ces vins et notamment le Château Angelus qui est devenu, au Cambodge aujourd’hui, l’une des marques les plus fortes, les plus connues et les plus reconnues.

« Notre vin est livré pour des mariages, pour des fiançailles, pour des rencontres ou d’autres occasions et c’est donc sans doute la marque qui se situe dans les deux ou trois plus attractives et plus reconnues au Cambodge.»

C’est la raison pour laquelle nous venons ici chaque année, quelquefois deux fois par an, afin d’entretenir ces relations. En fait, nous avons des distributeurs des importateurs qui travaillent ici, mais nous avons besoin de rencontrer directement nos consommateurs, de leur parler, car ils sont très curieux et demandent : « mais pourquoi ? » et « comment faites-vous ? »

Donc, en fait, je passe la moitié de mon temps dans les vignes et dans les chais, l’autre moitié en faisant la promotion de mon vin, racontant son histoire et parlant du style des vins que l’on produit.

Nos clients cambodgiens sont également très attentifs à l’histoire de notre famille. Nous sommes parmi les dernières grandes familles - il y en a très très peu, parce qu’aujourd’hui beaucoup de propriétés ont été vendues - et nous avons cette histoire familiale liée à 240 ans d’histoire, avec quelque chose de très particulier, un style de vin reconnu dans le monde entier comme étant peut-être parmi les 10 ou 15 plus grands vins produits au monde. C’est une chance formidable de continuer à incarner cette dynastie.

Je pense que les Cambodgiens sont très attentifs et très curieux à propos de cette qualité de vin, mais aussi de cette histoire familiale derrière les vins. Il existe vraiment un côté humain dans notre vignoble et cela les intéresse beaucoup.

Peut-on marier le Château Angelus avec la cuisine khmère ?

Nos vins se marient bien avec la cuisine khmère. Une cuisine que je connais à présent très bien pour être venu plus d’une dizaine de fois ici au Cambodge.

À quelques exceptions près - par exemple, quand on est vraiment trop loin sur les épices - nos vins se marient extrêmement bien avec la cuisine khmère grâce à la douceur de nos tanins. Quand on a des tanins un peu trop forts, ça peut arriver sur certaines expressions, notamment sur des Cabernet Sauvignon ou autres, il y a quelquefois une espèce d’antagonisme, « ça vient se frotter », et ça donne des résultats que les gens aiment moins.

« Par contre, avec la douceur des vins de la région de Saint-Émilion, nous avons à la fois une texture, ce côté un peu arrondi, qui vient s’envelopper, ces touches épicées, qui vont plutôt bien avec cette cuisine khmère, que j’aime vraiment beaucoup. »

D’ailleurs, nous avons rencontré aujourd’hui un jeune cuisinier qui nous a proposé une démonstration de ce que pouvait être une belle cuisine khmère, qui proposait un peu de tradition, mais aussi une certaine modernité. C’était vraiment digne d’une étoile Michelin. J’en parle d’autant plus facilement, car notre famille possède deux restaurants étoilés, un à Saint-Émilion et un à Bordeaux. Pour nous, la cuisine s’avère très importante, elle accompagne les vins. C’est un « axe vertical » pour nos productions.

Parmi les invités de cette soirée exceptionnelle
Parmi les invités de cette soirée exceptionnelle

Enfin, je trouve au Cambodge des amateurs de vin qui non seulement goûtent, mais en consomment avec plaisir. Vrai que, quand les Cambodgiens aiment un vin, ils le consomment bien et avec plaisir. Donc, cela fait toujours plaisir de voir des gens qui répondent à notre message.

« Nous sommes des producteurs qui tentons de créer le bonheur pour nos consommateurs, et là il y a une vraie réponse, nous avons le sourire en arrivant ici, un authentique sourire. »

À titre personnel, quel serait votre millésime préféré ?

J’ai beaucoup de millésimes dont je suis fier, parce que ça va faire 40 ans que je suis dans le métier. Je dirais que c’est difficile de choisir parmi ces « enfants », parce que chaque année c’est comme un nouvel enfant qui arrive. Je ne peux pas en donner un seul, mais il y a quelques millésimes un peu mythiques, comme les 1989 qui sont formidables bien sûr, 2005 qui est un millésime hors norme, 2010 qui est exceptionnel, 2012 aussi, parce que c’est une bouteille spéciale sur laquelle nous avons incrusté de l’or. Il s’agissait de marquer la 8e génération, l’arrivée de ma fille Stéphanie, que j’aime beaucoup.

2012, une bouteille spéciale sur laquelle a été incrusté de l’or, pour marquer la 8e génération
2012, une bouteille spéciale sur laquelle a été incrusté de l’or, pour marquer la 8e génération

Enfin, peut-être un dernier, 2018, qui est un exemple d’excellence, de finesse, de raffinement, et de grande qualité dans les tanins. On peut faire beaucoup de tanins dans un vin, ce qui est important c’est de proposer des tanins raffinés. Vous savez, si on veut comparer le vin à de la musique, nous sommes plutôt dans le monde de Chopin, dans l’élégance, dans la pureté, dans le côté « aérien ».

Une conclusion ?

Finalement, je pense que nos vins correspondent très bien ici, non seulement à ce que les gens aiment, mais aussi à la cuisine khmère.

 

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