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Photo du rédacteurChristophe Gargiulo

France : Soreasmey Ke Bin, « formidable de voir un Premier ministre cambodgien aussi mobilisé »

« Extrêmement positif ! », annonce l’entrepreneur franco-cambodgien et également président de la CCIFC, Soreasmey Key Bin, à l’issue des multiples rencontres effectuées dans le cadre de la visite du PM cambodgien et de sa délégation en France. Projets, engagement des deux parties, engouement médiatique et réel optimisme au menu de cette interview exclusive.

On constate une certaine euphorie à la suite du voyage officiel du PM cambodgien Hun Manet en France. Quel est votre sentiment aujourd’hui, en tant qu’entrepreneur et en tant que président de la CCIFC ?

Je partage ce constat. Je crois tout simplement que ces retrouvailles - si je peux utiliser ce terme - entre nos deux gouvernements étaient attendues des deux côtés. Bien sûr la France est très présente et investie au Cambodge, et les Cambodgiens n’ont pas attendu cette séquence pour marquer leur intérêt pour cette relation si privilégiée.

« Mais, pour ma part c’est la première fois que je vois la France, ses institutions, ses entreprises et leurs projets faire autant la “Une” dans les médias cambodgiens, je crois aussi que le Cambodge a réussi un beau coup médiatique, politiquement et économiquement parlant. »

Je le vois par le nombre de personnes qui m’envoient des messages sur les réseaux sociaux. Reste qu’il s’agit d’un momentum, et qu’il faut maintenant le faire perdurer et concrétiser toutes ces annonces dans la durée.

Votre projet « Immersion Angkor » a connu quelques avancées significatives, pouvez-vous nous en dire plus ?

En effet, c’est un projet sur lequel nous travaillons depuis plus de trois ans. Nous arriverons à une phrase critique puisque nous avons effectué tous les enregistrements légaux de l’entreprise, nous avons sécurisé notre emplacement et avançons à grands pas tant vers le lancement des travaux de construction de notre espace immersif, que dans la réalisation du contenu de cette expérience qui, je le rappelle, présentera la civilisation khmère en une heure de projections immersives.

Nous finalisons notre levée de fonds et nous devons bientôt attaquer les plus importants des investissements du projet. Nous parlons depuis des mois aux autorités cambodgiennes, mais il était important pour la viabilité du projet d’obtenir un feu vert du gouvernement, c’est désormais chose faite puisque le Premier ministre lui-même Hun Manet a déclaré son plein soutien, et son grand intérêt pour la réalisation de notre projet.

Notre partenaire, et par ailleurs PDG du Puy du Fou en Asie, Geoffroy LADET, a fait un déplacement express en 24 h depuis la Chine pour l’occasion. C’était un pari et il est réussi, nous pouvons désormais aller de l’avant.

Quels ont été les motifs de satisfaction durant ce séjour et les détails que vous souhaiteriez améliorer s’il y avait un prochain voyage de ce type ?

Je n’ai pas participé à la séquence politique de la visite, mais sur le côté économique, je pense qu’il est important que les entreprises qui s’intéressent au marché cambodgien ou sont porteuses de projets arrivent avec des demandes et des objectifs précis, c’est ce qu’attendaient les décideurs cambodgiens et cela n’a pas toujours été le cas. Je crois qu’il faut aussi côté cambodgien que nous apprenions à nous montrer plus spontanés et directs avec nos interlocuteurs du privé, c’est que les entrepreneurs attendent.

« Mais, honnêtement il était déjà formidable de voir un Premier ministre aussi mobilisé, il a enchaîné plusieurs dizaines d’entretiens particuliers avec les entreprises qui en ont fait la demande, et plusieurs autres ministres de première importance très accessibles lors des discussions avec la salle ou lors des pauses réseautage. »

Ce qui est intéressant c’est que les entreprises françaises déjà présentes au Cambodge se sont mobilisées pour cette visite, elles sont de fait les meilleures ambassadrices du Cambodge économique.

Malgré tous ces efforts, les touristes français et européens manquent encore à l’appel, votre sentiment et vos recommandations ?

Je ne partage pas ce constat, je pense qu’une grande partie des voyageurs individuels sont déjà revenus, mais oui bien sûr on peut faire mieux. Il faut redonner envie aux Français de voyager loin, et leur redonner l’envie du Cambodge. Notre ami Jacques Guichandut mobilise beaucoup actuellement avec son opération « Destination Cambodge 2024 », une conférence de presse a d’ailleurs lieu à Paris cette semaine. La sortie annoncée pour mars dans les salles françaises du film « La Beauté du Geste » va aussi dans ce sens, la campagne de communication autour du film débute très prochainement.

Et plus encore, on voit que les autorités travaillent à une meilleure concertation avec les acteurs privés du tourisme, je pense notamment à la mise en place d’un Bureau du Tourisme Cambodgien (CTB sous son acronyme anglais).

« Faire revenir les touristes est l’affaire de tous, mais il faut bien sûr que le gouvernement cambodgien s’engage plus encore pour un tourisme de qualité. »

La question que se posent quelques entrepreneurs ici concerne le temps… pourquoi ne pas avoir enclenché ce rapprochement beaucoup plus tôt, à votre avis ?

La France est présente et très investie depuis le retour du Roi et le retour à la paix via les accords de Paris. Il reste que, publiquement, il fallait probablement attendre ce changement de génération à la tête du gouvernement cambodgien pour que ce rapprochement se fasse de façon aussi publique. Le Cambodge compte de nombreux ministres et dirigeants francophones et francophiles parmi la nouvelle génération, peut-être plus encore qu’avant.

La France a annoncé il y a plusieurs années son ambition Indopacifique, mais il est vrai qu’au Cambodge nous restions un peu sur notre faim, le déclencheur a été, je pense la visite du Premier ministre Hun Sen à Paris à la fin 2022. L’annonce certes toute symbolique que le Cambodge allait reconstruire le monument aux morts franco-cambodgiens de la Grande Guerre a fait son effet, ce alors que la France est plutôt poussée dehors dans d’autres pays.

« Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je pense que les Cambodgiens ont su rappeler ainsi qu’ils étaient des amis et alliés de la France, et que dans le contexte géopolitique mondial cela comptait notamment au vu du positionnement stratégique du royaume. »

Comme tous les observateurs, je suis curieux de la suite, de fait les plus hauts dirigeants du Royaume se sont rendus en France ces derniers mois, attendons de voir si les responsables français font le chemin inverse. Le Cambodge a en tout marqué de nombreux points dans ce sens en obtenant le soutien de la France et aussi de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour l’organisation du Sommet éponyme en 2026.

Quelles sont les prochaines étapes concrètes directement liées à cette mission ?

Je ne maîtrise pas le calendrier politique, mais d’autres visites notamment au niveau parlementaire devraient suivre. Côté économique vous le savez la CCI France Cambodge organise son second Forum d’affaires France Cambodge en juin prochain, des délégations du MEDEF International - notre partenaire sur le forum parisien - sont donc attendues et je ne doute pas que le succès de cette visite nous aide à recruter plus de sociétés françaises pour cet événement.

Enfin nous allons mobiliser pour l’événement économique qui se déroulera en marge du Sommet de la Francophonie et qui se tiendra en France en octobre prochain. Nous espérons voir une belle délégation d’entreprises cambodgiennes faire le déplacement.

Le fait que le Cambodge, par le biais de la Chambre de Commerce Cambodgienne, ait rejoint l’Alliance des Patronats francophones va nous aider à organiser plus de délégations cambodgiennes à l’étranger.

En résumé, qualifieriez-vous ce voyage de positif, extrêmement positif ou conforme aux attentes ?

Je dirais extrêmement positif. Il y a eu des rencontres, des annonces, et je pense que tout le monde repart reboosté des deux côtés. Ce fut honnêtement éreintant pour les personnes qui comme moi ont été impliquées, je pense à Arnaud Darc, le président des CCE, mais aussi Guillaume Massin, mon prédécesseur à la tête de la CCIFC. Mais, nous sommes tous très contents du résultat final, ce fut un travail d’équipe avec nos amis des autorités cambodgiennes et notamment du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, l’ambassade du Cambodge en France et du Conseil du Développement du Cambodge, mais aussi bien sûr l’ambassade de France au Cambodge et nos partenaires du MEDEF international et de l’Alliance des Patronats Francophones. Mission collective accomplie.

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