Intervention pertinente, bien cadrée et pleine d'optimisme pour le chef d'entreprise Antoine Bancel lors de sa présentation effectuée dans le cadre du premier Forum d'Affaires France Cambodge. Rappelons que le prochain forum aura lieu cette année du 8 au 10 juillet.
Pour ceux qui ne connaissent pas Bodia Spa, je vais effectuer un petit résumé décrivant nos activités et tenter de déterminer pourquoi nous sommes toujours là après toutes ces années.
Aujourd’hui, Bodia Spa, ce sont sept centres répartis entre Phnom Penh et Siem Reap, et deux centres de formation à destination de nos thérapeutes, qui sont formés de A à Z en interne. Nous comptons actuellement 300 collaborateurs travaillant dans nos établissements, dont la taille varie entre le tout petit espace de trois places jusqu’à de plus vastes locaux accueillant jusqu’à 36 personnes.
« En termes de réputation, nous sommes reconnus à l’international et le Condé Nast Traveller a classé Bodia Spa parmi les 10 meilleurs de sa catégorie en Asie. En local, Google et Trip Advisor témoignent aussi de notre popularité »
Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui Bodia est toujours ce qu’il est, et sur quoi allons-nous nous appuyer pour assurer notre avenir après 15 années de développement ?
Jusqu’à présent, nous avons pu nous distinguer par la qualité de nos prestations : si le massage est depuis longtemps représenté au Cambodge, le massage de luxe, lui, n’existait tout simplement pas avant nous.
L’augmentation du flux de touristes a elle aussi joué en notre faveur, passant de 2 millions de visiteurs en 2017 à plus de 6,5 millions en 2018/2019, chiffres vers lesquels nous espérons revenir lentement après l’épreuve du Covid.
Méthodes
Nous avons aussi investi dans l’immobilier, avec cette particularité qu’ici au Cambodge, les rez-de-chaussée sont particulièrement onéreux, au contraire des étages. Nous avons donc cherché à rentabiliser nos locaux et à optimiser l’utilisation de tous les étages des bâtiments.
L’effort a été mis sur la communication, afin de faire du spa un lieu de destination en tant que tel. Une collaboration avec les agences de voyages a pour cela été nécessaire.
Un autre challenge a été de valoriser le métier de thérapeute, métier jusqu’alors assez mal considéré au Cambodge. Cela a pu être réalisé par le biais de formations et en accordant une meilleure visibilité sur l’avenir, ce qui a permis de revaloriser la profession. Comme la formation était inexistante, il a fallu développer les structures adéquates : trouver des locaux, des instructeurs et coordonner les différents niveaux d’apprentissage.
Le prix des prestations a aussi été un important facteur de réflexion, car la clientèle locale s’y montre très sensible.
Marché
Pour l’avenir, nous comptons nous appuyer sur le développement de la clientèle chinoise, dont les touristes vont revenir prochainement, tout comme la clientèle venue d’Europe.
Il faut aussi maintenant compter sur une concurrence plus vive qu’il y a 15 ans, puisque nous étions autrefois les seuls dans le secteur, ce qui n’est bien sûr plus le cas.
Le turnover est à prendre en considération, car il est nécessaire de retenir le personnel après l’avoir formé, ce qui n’est pas toujours simple.
Pour en revenir à la communication, la nécessité de s’adresser à une clientèle variée multiplie les plateformes par lesquelles nous devons passer. Il nous faut assurer une présence envers la clientèle francophone, anglophone, khmerophone, sinophone, japonophone et coréanophone. Cela nécessite de mobiliser des ressources internes ainsi que des investissements supplémentaires.
Développer
Le spa ne représente pas notre unique activité, puisque nous avons aussi développé la gamme Bodia Apothecary, entièrement réalisée au Cambodge. Cosmétiques, soins du corps, boissons, ce sont en tout 120 produits 100 % naturels, développés selon les normes européennes. Notre centre de production, qui accueille aussi un laboratoire et un centre de recherche et développement, se situe au sud de Phnom Penh. Nous avons recours à des prestataires externes pour réaliser certains tests, comme l’Institut Pasteur pour ce qui concerne la toxicologie. Des partenariats ont été créés avec des fournisseurs, des artisans, des ONG locales afin de les intégrer à notre système de développement. 36 % de nos fournisseurs sont cambodgiens, ce qui peut à première vue paraître peu, mais représente en fait un chiffre énorme compte tenu des produits et des ressources disponibles dans le pays. Aujourd’hui, Bodia Apothecary totalise une centaine de collaborateurs.
« Si nous devons revenir sur les challenges passés, l’un des principaux aura été de faire face au manque de ressources »
Le Cambodge compte beaucoup de plantes aromatiques et dispose d’une culture ancestrale de guérisseurs. Ce réel savoir-faire local est bien documenté, et c’est cet aspect que nous avons voulu utiliser pour le développement de nos produits.
Si certains secteurs, tels que l’alimentaire ou la construction, disposent d’ingénieurs bien formés, cela n’est pas le cas de la cosmétique. Il a donc fallu faire venir des ingénieurs français afin de développer nos produits.
L’utilisation de ressources locales nécessite de fédérer les producteurs : or, aucune coopérative n’existe, ce qui pose problème. Prenons l’exemple de la citronnelle : pour produire nos huiles essentielles, nous avons besoin de sept tonnes par an. On en trouve absolument partout dans le pays, mais aucun acteur n’est capable à l’heure actuelle de regrouper les producteurs. Cela, pour nous, se traduit par de nombreuses contraintes logistiques et entraîne des coûts supplémentaires.
« La facilité, au Cambodge, vient de la grande disponibilité des points d’approvisionnement. Thaïlande et Vietnam fournissent packagings, labels et ingrédients »
Pour l’avenir, le marché des cosmétiques est en développement partout dans le monde, et donc aussi au Cambodge. Nous tablons sur une facilité d’export vers l’Union européenne, tous nos produits répondant déjà aux normes et certifications requises. Enfin, le retour des touristes apportera très certainement une nouvelle dynamique dans le secteur.
Nous visons aussi à obtenir des certificats auprès des ministères concernés afin que nos produits puissent être facilement exportés dans les pays de l’ASEAN, ce qui est assez compliqué concernant les cosmétiques.
La branche communication est amenée à se développer au cours des prochaines années, du personnel étant requis pour chaque pays ciblé. On ne communique pas de la même manière selon qu’on s’adresse aux Français, aux Américains ou aux Cambodgiens.
Pour finir, si l’on veut devenir la première marque cambodgienne exportatrice de produits de qualité, il nous faudra trouver de nouveaux partenaires à l’export.
Toute mon admiration, pour ce magnifique projet, remarquable par la constance de sa qualité.