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Forum d’Affaires France Cambodge 2024 : Emmanuel Ly-Batallan, « Le Cambodge est un pays qui souhaite diversifier ses partenariats commerciaux et ses investissements »

Arrivé pour la première fois au Cambodge en 2001 et ayant toujours souhaité y travailler, M. Ly-Batallan a retrouvé, depuis la fin du mois d’août 2022, les terres du Royaume en tant que Chef du service économique et Conseiller économique de l’Ambassade de France au Cambodge.

Emmanuel Ly-Batallan, Chef du service économique et Conseiller économique de l’Ambassade de France au Cambodge
Emmanuel Ly-Batallan, Chef du service économique et Conseiller économique de l’Ambassade de France au Cambodge

En tant que participant et interlocuteur du prochain Forum d’Affaires France Cambodge 2024, M. Ly-Batallan parle de son parcours, de son travail sur la relation économique France Cambodge, mais livre également ses perspectives en vue de l’événement de juillet.

Parlez-nous de votre parcours en quelques mots

E.L-B : directement immergé dans la vie active à la suite de l’obtention de mon baccalauréat, par le fruit des hasards, je me suis retrouvé dans la fonction publique en tant qu’agent public vacataire puis contractuel. Le système français permettant de passer les concours de la fonction publique suite à un minimum de cinq ans d’ancienneté sans diplôme de l’enseignement supérieur, j’ai présenté le concours, l’ai obtenu et j’ai pu exercer dans le milieu diplomatique notamment au sein de différents services économiques.

Ensuite, pour des raisons personnelles, mais aussi professionnelles, j’ai rapidement aspiré à vouloir vivre en Asie. Alors, après avoir été directeur et chef de projets d’assistance technique (domaines économique et financier) au Bureau du GIP Adetef au Vietnam, Chef du service économique et directeur du bureau de l’AFII à Institut français de Taipei (Taïwan), Consul général de France à Hô Chi Minh-Ville ou encore Chef du service économique et correspondant de BF Invest à l’Ambassade de France en Malaisie, c’est à présent au sein de la capitale cambodgienne que j’exerce mes fonctions et m’épanouis.

Quel est votre rôle en tant que Chef du service économique et Conseiller économique de l’Ambassade de France au Cambodge ?

E.L-B : constitué de trois collaborateurs, le service économique de l’Ambassade de France au Cambodge procède à des analyses macroéconomiques et financières notamment en suivant les intérêts français portés vers le Cambodge. Lorsque des négociations bilatérales en matière commerciale sont enclenchées, cela devient une prérogative de l’Union européenne via la Commission européenne, mais notre service émet des avis.

Ensuite, en appui auprès de l’Ambassadeur, mon rôle consiste à trouver des moyens pour que les entreprises françaises développent des projets et investissent au Cambodge.

« Et, en raison d’une relation solide et grandissante entre les deux pays, le Royaume se tourne assez naturellement vers l’Europe et notamment vers la France. »

Nous allons donc aussi conseiller les entreprises pour leurs projets d’investissement. Néanmoins, certaines d’entre elles viennent parfois nous voir directement afin de savoir comment vont l’économie, les perspectives de croissance, l’évolution du marché ou encore quelles sont les difficultés au niveau douanier et fiscalité, ce qui donne un peu le cadre de l’environnement des affaires et là, nous sommes compétents.

Nous sommes également capables de proposer ce qu’on appelle de l’aide-projet. Nous avons à disposition des instruments financés par Bercy qui vont permettre de livrer des études, ou des démonstrateurs pour contribuer à financer des projets que nous estimons viables et importants. Donc, mon travail ici consiste à fournir une aide technique, en complément du travail de l’Agence française de développement (AFD), premier outil de coopération d’aide au développement, par des financements bonifiés.

Pour ma part, je dispose d’outils pour aider les entreprises à monter des projets comme le FASEP — Fonds d’études et d’aide au secteur privé —.

Par exemple, nous avons le cas d’EDF qui va travailler avec le ministère des Mines et de l’Énergie et avec l’Électricité du Cambodge pour étudier les projets hydrauliques. Ce sont des études qui peuvent coûter plusieurs centaines de milliers d’euros et les entreprises hésitent parfois à se lancer dans une étude s’il n’y a pas de perspective commerciale derrière et parfois, quand nous démarrons l’étude, nous n’en sommes pas certains à 100 %. Alors, un premier tri est effectué et, si nous estimons qu’il y a un potentiel dans un certain secteur, nous allons financer l’étude et si cela se passe bien, l’entreprise bénéficiera sûrement d’un contrat par la suite.

Comme je représente également au sein de l’Ambassade le ministère de l’Économie des Finances, de la Souveraineté industrielle et numérique, quand l’AFD est en charge d’un projet, elle va me demander un avis lorsqu’il s’agit d’un projet dans l’un de mes secteurs d’activité.

Enfin, très ponctuellement, si une entreprise a des difficultés, je peux être amené à l’appuyer et à aller voir les autorités cambodgiennes pour trouver des solutions.

Parlez-nous de votre expertise à propos de la complexité concernant la croissance du Cambodge

E. L-B : le Cambodge est encore un pays moins avancé (PMA), une économie qui manque encore un peu de développement malgré ses performances depuis une vingtaine d’années. Ce qui a fait la force du Cambodge dans un contexte international difficile c’est parfois aussi sa faiblesse : il est tourné vers l’exportation, il gagne de l’argent en exportant, mais quand ceux qui importent vos produits achètent moins, il y a des contres coups et cela pèse sur la croissance du pays.

Et, comme le pays se développe de plus en plus rapidement, l’économie devient plus complexe à piloter. Entre 2000 et 2019, la croissance du pays annuelle a été en moyenne de 8,2 % et la structure économique du pays a évolué notamment avec une plus grande présence dans le secteur des services que celui de l’agriculture avec un développement en simultané du secteur de l’industrie.

La croissance, en tant que valeur ajoutée créée chaque année, se rajoute à la richesse du pays. Les autorités cambodgiennes ont recalculé le PIB du Cambodge en prenant comme référence 2014, et non 2000 comme les autres années. En s’appuyant sur une méthodologie du Fonds monétaire international (FMI), le ministère de l’Économie et des Finances a pu déterminer qu’en 2023, le PIB réel avait bondi de 36 %. Il était là, mais on le décrivait mal. Et donc avec cette nouvelle méthodologie, le PIB est évalué aujourd’hui à presque 42 milliards de dollars américains.

Au regard du développement du Cambodge, cette évolution invite à prendre conscience de sa complexification et la présence d’un gouvernement plus jeune au sein du Royaume qui, avec des ministres mieux formés et une vision nouvelle des choses, est mieux adaptée à ces phases de développement du pays.

« Plus un pays se développe, plus ces structures économiques se complexifient et plus il faut des politiques publiques capables de répondre à des besoins qui ne sont plus les mêmes. »

« Le nouveau gouvernement a une vraie vision du développement du pays et c’est très intéressant. C’est passionnant de travailler dans ce cadre-là. »

Votre point de vue vis-à-vis de la relation économique bilatérale franco-cambodgienne

E.L-B : après des périodes de stagnation, notamment depuis la crise sanitaire entre 2019 et 2022 qui a causé beaucoup de tort à l’économie, mais également aux échanges franco-cambodgiens, les deux pays se retrouvent à présent dans une période plutôt dynamique et favorable.

Il y a d’abord eu les visites du Premier ministre cambodgien Hun Manet (décembre 2022), mais également celle du roi Norodom Sihamoni (novembre 2023). Par contre, la visite officielle du Premier ministre cambodgien en janvier dernier a permis de réaffirmer la coopération franco-cambodgienne et le développement de projets notamment dans les secteurs de l’énergie, de la santé et de l’agriculture est envisagé, un développement qui correspond bien à la vision du nouveau gouvernement cambodgien.

Nous sommes donc dans une « bonne période », mais le commerce entre les deux pays demeure quelque peu compliqué. Nous savons que c’est difficile d’avoir une vision précise, car les produits transitent soit par le Vietnam ou Singapour pour être expédiés en France, mais en arrivant aux Pays-Bas ou en Belgique.

Après les Accords de Paris, le Cambodge s’est réinséré dans la communauté internationale. Jusqu’au début des années 2000, la France était un partenaire majeur, puis de plus en plus de pays sont venus s’intéresser au Royaume.

Aujourd’hui, si la France est devenue un partenaire parmi d’autres, la culture et l’histoire font quand même qu’il existe un lien particulier entre nos deux pays.

Si on regarde la relation bilatérale, la France a la première présence européenne avec une quarantaine de filiales de groupes français et jusqu’à 400 entreprises créées par des Françaises et Français (EFE), qui entretiennent des liens privilégiés avec la France.

Vos perspectives concernant le Forum d’Affaires France Cambodge 2024

E.L-B : en tant qu’intervenant lors du forum aux côtés de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Cambodge (CCIFC), j’insiste sur l’opportunité pour les entreprises françaises d’acquérir une meilleure vision du marché au Cambodge.

« Avec ce Forum, nous essayons d’offrir aux entreprises françaises déjà implantées dans le Royaume ou qui viendront directement de France, la vision la plus honnête du marché cambodgien, son potentiel, ses possibilités et parfois ses limites et ses complexités. »

Il s’agit vraiment de la rencontre entre les besoins cambodgiens, les savoir-faire français et les engagements des entreprises.

« Le but pour le Forum est d’essayer de donner une image la plus proche et la plus réelle possible du marché cambodgien pour les entreprises et surtout, qu’il réponde à leurs besoins. »

 

Pour en savoir plus sur l’événement et réserver une place : https://fafc2024.grweb.site/

Pour plus d’information sur le programme : https://fafc2024.grweb.site/events


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