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Après deux ans d’absence, le Festival International du Film au Cambodge effectuait hier soir son retour avec une cérémonie d’ouverture haute en couleur et sourires dans l’enceinte du Théâtre Chaktomuk.
Dés les premières heures de l’après-midi, les petites mains du festival s’activent avec fébrilité, disposant les tapis, stands et autres installations pour cette cérémonie qui marque le retour d’un grand événement, mais entend aussi rappeler que la scène cinématographique et culturelle locale n’a rien perdu de ce son énergie et de son charme malgré ces deux ans d’absence provoqués par cette damnée pandémie.
Volontaires de PSE et Bophana, permanents du festival et de la commission du film du Cambodge, tous portés par cette irrésistible envie de réussir l’événement, s’affairent aux quatre coins du tapis rouge et de ce théâtre mythique qui a vu défiler tant de stars du Royaume.
Les premiers journalistes arrivent et la nouvelle chaîne locale d’information Eac News s’active aux derniers préparatifs de sa station grandeur nature qui permettra aux invités de se transformer en présentateur TV pendant quelques minutes, petite initiative sympathique d’un média qui a su capter la fibre sensible des invités, chacun veut être une star, nous voulons tous devenir une star. Et cela marche, nous y passerons presque tous.
Quelques minutes avant l’ouverture officielle, Cédric Eloy, l’homme du festival depuis sa création arpente l’aire d’accueil et le tapis rouge avec précaution, s’assure qu’aucun détail ne viendra troubler cette belle fête du cinéma.
En grillant une cigarette, la dernière avant celle qui sera aussi la dernière, Cédric confie un peu de fébrilité, mais se dit confiant, rappelant que ce « retour » a forcément provoqué un fort enthousiasme et que chacun y a aussi mis une belle dose d’énergie et de bonne volonté.
Moments glamour
Vrai, les premiers invités arrivent et rien ne vient contrarier ces premiers moments glamour de l’arrivée des acteurs et personnalités qui se prêteront avec gentillesse aux demandes de photos en présence des membres du public ou même des volontaires.
Premier acteur star à se prêter au jeu, Tep Rindaro, l’artiste, acteur et chanteur cambodgien qui est apparu dans une multitude de productions télévisées et musicales et demeure l’une des stars cambodgiennes à la plus longue carrière, plus de 30 ans, dans le Royaume.
Étonnamment en forme et plus séduisant que jamais à l’aube de la soixantaine, Tep cabotine, il en a habitude et ce seront forcément vers lui qu’afflueront les demandes de selfies et les micros et objectifs des médias présents. Si la scène internationale ne le connaît pas si bien, l’acteur demeure une personnalité très populaire dans le pays et sa présence au festival vise, ainsi qu’il le confie lui-même, à « supporter et encourager l’industrie locale du cinéma ».
Belle actrice du temps jadis
Elle est venue, elle est éternelle. Avec sa silhouette menue, son sourire à peine timide et cette classe naturelle : Dy Saveth, l’une des actrices les plus populaires et les plus aimées du public dans les années 60. Avec plus de cent films à son actif, elle est encore aujourd’hui considérée comme une véritable légende du cinéma cambodgien.
Pour la petite histoire, dès ses débuts en 1964, Dy Saveth fut surnommée « l’actrice aux larmes », car elle savait pleurer avec une étonnante sincérité lors que le script du film l’exigeait.
Pour ce festival dont les murs peints de nostalgie lui rappellent probablement le défunt roi-père qui la dirigea à plusieurs reprises, elle confie ressentir une belle et sincère émotion :
« Oui, c’est vrai, cela me rappelle tant de souvenirs », dit-elle avec cette voix qui a charmé tant de foules de salles obscures.
Elle aussi, alors qu’elle a été très impliquée dans la formation des jeunes artistes avec l’université royale, vient aujourd’hui apporter sa pierre à l’édifice du cinéma cambodgien, « transmettre sa passion aux plus jeunes », ajoute cette immense star avant d’être, sans surprise, sollicitée par les objectifs et micros des jeunes journalistes auxquels parents et grands-parents ont certainement confié leur admiration pour cette très belle actrice du temps jadis.
Une ministre enchantée
Entre flashes et micro-perches qui remuent au-dessus des têtes de plus en plus nombreuses autour du tapis rouge, une autre grande dame fait son apparition, Son Excellence Dr Phoeurng Sackona, ministre de la Culture et des beaux-arts du Royaume. « Je suis ravie et c’est un honneur. Je veux exprimer mon admiration et remercier tous ceux qui participent au retour de ce festival », dira la ministre visiblement enthousiaste et admiratrice des efforts entrepris pour ramener cet événement à la vie.
Alors que certains continuent de tenter de capter quelques clichés avec des starlettes, influenceurs et autres artistes connus et moins connus et que d’autres s’affairent autour du buffet - exposition, les portes de la grande salle à l’étage se referment pour ouvrir officiellement cette onzième édition.
Cérémonie
Après un hommage rendu aux réalisateurs et producteurs disparus, cambodgiens ou étrangers ayant tourné dans le Royaume ces deux dernières années, le public aura le plaisir de découvrir — autre séquence nostalgie — un film touristique produit en 1960, festival vintage de paysages et de couleurs bien sixties et totalement en phase avec la nostalgie de ce que beaucoup appellent « l’âge d’or ».
Après une performance très athlétique et largement applaudie, des jeunes du cirque Phare Ponleu Selpak suivront la présentation du généreux programme du festival qui durera jusqu’au 3 juillet et la remise officielle des CIFF Talents Awards.
Nouveau clin d’œil — involontaire peut-être — de cet âge d’or avec une chanson interprétée par Sin Setsochhata qui n’est autre que la seule et unique petite-fille du regretté et légendaire Sin Sisamouth, peut-être le chanteur le plus célèbre de la période de renaissance culturelle du Cambodge d’avant-guerre.
Toutefois, rien de très Sisamouth dans sa jolie performance, comme elle le dit assez souvent, elle souhaite développer sa propre marque, loin de l’influence de son illustre grand-père.
Avant le discours de l’ambassadeur d’Australie, très impliqué dans cette édition, Frankie le dinosaure des Nations Unies nous rappellera que faute de réagir maintenant, nous courrons vers notre extinction, un rappel en phase avec le thème récurrent du festival, à savoir l’environnement.
Et pour clore sur ce sujet ce sera au tour du jeune réalisateur Ramich MOEUN de voir son œuvre de 22 minutes : À Tasty drop, projetée sur grand écran.
Ce documentaire fait partie d’un projet porté par le Centre Bophana ayant permis à trois jeunes originaires de la province du Nord-est de s’exprimer à propos de leur communauté à travers l’objectif.
Influences
Après 10 ans d’existence, le festival du film a attiré de nombreux talents, en a vu éclore d’autres et a largement contribué à mettre en avant la qualité des productions cambodgiennes.
Mais si l’ombre de l’âge d’or, le cinéma des années 60-70 plane, quelque part en permanence et contribue à lui donner un cachet tout particulier et à l’évidence plein de charme, cet événement unique est aussi un révélateur de talents et cette édition qui propose un peu plus de 140 films de fiction et documentaires à travers tous les cinémas de la capitale permettra d’apprécier la diversité et la qualité du travail effectué par les jeunes réalisateurs cambodgiens.
Derrière cette tendance et cette volonté de partage, on ne peut pas ne pas citer Rithy Phan, qui fut le premier réalisateur cambodgien à connaître un succès international, qui fut à l’origine de la création de la Commission du film du Cambodge, elle-même initiatrice de ce festival. En attendant une 12e édition…
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