Les tigres font partie du paysage cambodgien depuis des siècles, mais malheureusement, le dernier spécimen sauvage du Cambodge a été vu en 2007. La principale cause de leur disparition est le braconnage pour leur fourrure, leur viande et leurs os, tous utilisés pour diverses pratiques culturelles et la médecine traditionnelle.
Quelques progrès
Les tigres étaient autrefois présents dans une grande partie du pays. En 1994, on estime que seules quatre zones non protégées abritaient des tigres. En l’absence de protection gouvernementale et face à la menace imminente des braconniers, due à la demande constante de produits dérivés du tigre, il y a peu d’espoir de les réintroduire à l’état sauvage dans un avenir proche.
Toutefois, ces dernières années, des progrès ont été observés. Des initiatives gouvernementales ont commencé à s’attaquer à la chasse illégale et à la perte d’habitat, tout en renforçant les lois anti-braconnage. Bien que les réintroductions n’en soient qu’à l’état de projet, il est envisageable d’espérer revoir des tigres se promener à nouveau dans les jungles cambodgiennes.
L’Inde et le Cambodge ont signé le 12 novembre 2022 un protocole d’accord visant à réintroduire des spécimens sauvages sans préciser toutefois s'il s'agissait de fournir une population de tigres ou d'utiliser les quelques couples survivants de la réserve de Phnom Tamao. Avec la première option, l'apport de tigres du Bengale, une espèce sensiblement différente, il y aurait à nouveau des tigres dans le Royaume mais l'espèce originelle disparaîtrait complètement.
Conditions
Pour que la réintroduction des tigres soit couronnée de succès, plusieurs facteurs doivent être pris en compte. Tout d’abord, l’habitat doit être adapté à l’espèce et capable de maintenir une population de tigres en bonne santé. Les forêts du Cambodge conviennent parfaitement aux grands félins, mais des décennies de déforestation et de dégradation des sols ont rendu difficile leur épanouissement.
Ensuite, la sécurité des tigres doit être assurée. Cela implique de créer et d’appliquer des lois et des règlements qui protègent les tigres du braconnage et du commerce illégal d’espèces sauvages. Le gouvernement cambodgien a fait quelques progrès dans ce domaine, mais il reste encore beaucoup à faire.
Ensuite, les tigres doivent disposer d’une source suffisante de proies. Cela signifie que la zone doit être en mesure de maintenir des populations saines de proies naturelles du tigre, telles que les sangliers et les cerfs. Il est donc essentiel de veiller à ce qu’il y ait suffisamment d’espèces pour assurer la survie des tigres à long terme.
Tigres et Hommes
Enfin, les attitudes culturelles des populations locales doivent être prises en compte. Si les Cambodgiens vivant dans et autour des zones où les tigres seront réintroduits sont hostiles à leur présence, il est peu probable que la réintroduction réussisse. Il est donc essentiel d’éduquer et d’informer les populations locales sur l’importance des tigres dans l’écosystème et sur les avantages de leur présence.
Ces considérations démontrent la complexité de la réintroduction des tigres au Cambodge. Il s’agit d’un processus difficile et complexe.
Pour que la réintroduction des tigres au Cambodge soit un succès, il est aussi essentiel de disposer d’un programme global qui tienne compte de tous les facteurs susmentionnés. Ce plan doit comprendre des actions telles que la restauration des habitats et le renforcement de l’application de la loi pour protéger les tigres du braconnage. Il doit également prévoir des initiatives visant à sensibiliser la population locale à l’importance des tigres et à leur présence dans l’écosystème, ainsi que des mesures visant à garantir un approvisionnement alimentaire suffisant pour permettre aux tigres de survivre.
Précautions
En outre, le projet doit inclure un calendrier et un budget afin de garantir que les efforts de réintroduction soient correctement financés et couronnés de succès.
Ces efforts de réintroduction nécessiteront un engagement fort de diverses parties prenantes, notamment le gouvernement cambodgien, les communautés locales, les organisations de conservation et les ONG internationales.
Il est essentiel que tout programme prenne en compte les besoins de toutes les parties prenantes. Il s’agit notamment de veiller à ce que les communautés locales ne subissent pas les conséquences négatives de la réintroduction. Par exemple, il est important d’examiner comment la présence de tigres dans les zones locales peut affecter ou même menacer la vie des communautés vivant à proximité. Tout projet doit donc proposer des stratégies visant à résoudre les conflits potentiels entre l’homme et le tigre.
Ressources
En outre, il est essentiel que le gouvernement cambodgien fournisse des ressources et un soutien adéquats au projet de réintroduction. Il s’agit notamment de fournir les fonds nécessaires à la restauration de l’habitat et aux efforts de conservation, ainsi qu’à la surveillance et à la protection à long terme des tigres et de leurs habitats. Le gouvernement doit également collaborer avec les organisations internationales, les groupes de conservation et la population locale afin de garantir la réussite et la durabilité de la réintroduction.
En fin de compte, avec la mise en place d’un plan global et le soutien de toutes les parties prenantes, il sera peut-être possible de voir à nouveau des tigres au Cambodge. Cela nécessitera le dévouement et l’engagement de toutes les parties concernées, mais c’est un objectif qui est certainement réalisable. En travaillant ensemble.
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