Le Cambodge compte environ 50 000 hectares de mangroves dans quatre provinces côtières : Kampot, Kep, Preah Sihanouk et Koh Kong. Retour sur leur situation dans le royaume et quelques initiatives enclenchées pour les protéger.
Les provinces de Kampot et Kep abritaient 7 900 ha de forêt de mangroves en 1992. En 2018, ce nombre a diminué de 62 %.
Pertes
Selon les chiffres officiels, il ne reste plus que 1 966 ha dans la province de Kampot et 1 005 ha dans la province de Kep. En 2014, les quatre provinces côtières — Kampot, Preah Sihanouk, Kep et Koh Kong — disposaient de 70 000 ha de couvert forestier de mangrove. En 2019 il ne restait que 50 000 ha dans ces provinces. La perte des forêts de mangrove est probablement due au dragage de sable, à l’exploration minière, aux activités de pêche à grande échelle et au changement climatique.
Potentiel économique et équilibre
Les forêts de mangrove ont le potentiel de générer un revenu de 16 à 220 millions de dollars américains pour les communautés de pêcheurs de la province de Kampot chaque année et si elles ne sont pas restaurées, cela pourrait détruire les moyens de subsistance des pêcheurs.
« Les herbiers marins et les récifs coralliens jouent un rôle vital dans l’équilibre des écosystèmes des zones côtières en absorbant le dioxyde de carbone, en filtrant les polluants, en protégeant les rives des inondations et des tempêtes, en prévenant l’érosion des sols et en fournissant un habitat et une aire de reproduction pour la vie marine »
Selon l’Administration des pêches, leur perte mettrait en péril le revenu de 3 500 familles de pêcheurs qui génèrent entre 12 et 17 dollars US par jour en provenance de l’écosystème des mangroves.
Restaurer la mangrove
En 2019, huit communautés de pêcheurs des districts de Trapaing Sangke, Kampong Samaky, Trapaing Ropov, Prek Tnort, Kep Thmey, Toteung Thngai, Koh Kroesna et Lok, des organisations de la société civile et les autorités provinciales de Kampot ont déclaré qu’elles allieraient leurs efforts pour remédier à la perte de la mangrove du Cambodge.
Une campagne ambitieuse de plantation de 100 000 arbres de mangrove près des côtes de la province de Kampot a été lancée. L’objectif annoncé est de restaurer le couvert forestier de mangrove perdu dans le pays et d’aider à améliorer les perspectives des communautés de pêcheurs côtiers.
Le chef de la communauté de pêcheurs de Trapaing Sangke, Sim Him, a déclaré que sa communauté avait déjà planté près de 40 000 mangroves bien avant l’annonce de la campagne. Il a exhorté les habitants à participer aux efforts de conservation en commençant par la plantation d’arbres et en évitant absolument les prélèvements et l’abattage.
La destruction de la mangrove entraînerait la perte des zones d’alimentation et de reproduction des poissons, ce qui entraînerait une réduction des stocks de poissons et d’autres ressources côtières, avec au final un impact négatif sur le bien-être des populations.
Écotourisme
La zone communautaire de Kampong Samaky est magnifique, entourée de mangroves des deux côtés de la rivière qui serpente vers la mer. Les membres de la communauté construisent actuellement des écolodges, sur le modèle de la communauté Tapaeng Sagke à proximité, un écocomplexe à succès. Le processus est lent, car il dépend des financements et du temps libre des membres de la communauté, qui sont tous deux rares.
Au-delà des avantages financiers apportés par l’écostation et les mangroves, Sorm An, pêcheur et ouvrier, affirme que les mangroves servent de zone de reproduction pour les poissons. Elles constituent aussi une barrière naturelle aux inondations pendant les tempêtes et il les décrit comme un amortisseur, supportant le poids des tempêtes. Les mangroves semblent également avoir leur propre microclimat plus frais.
Bémol
D’autres communautés voisines tentent de démontrer les avantages financiers de la protection des mangroves telle Loh Sadha, qui attire les touristes parfois pour les photos de mariage ou pour admirer un magnifique coucher de soleil. L’Ong ACTIONAID INTERNATIONAL qui intervient dans le projet de restauration de la mangrove souhaite toutefois tempérer les avantages du développement touristique :
« Si le développement dans cette zone commence, cela affectera la mangrove, les gens qui dépendent de la pêche ne pourront pas gagner d’argent, car la zone doit être draguée et remblayée pour créer des îles artificielles »
« Ils perdront leurs revenus, ne pourront pas envoyer leurs enfants à l’école et migreront vers d’autres provinces pour trouver un emploi »
Il n’y a pas de rizières dans ces zones et les pêcheurs dépendent totalement des produits de la mer pour vivre. Il est donc indispensable d’envisager un développement modéré et prudent afin de préserver les revenus des huit communautés de pêcheurs de Kampot.
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