L’actuel directeur Asie et Océanie au Quai d’Orsay, Bertrand Lortholary, 61 ans, était l’invité cette semaine d’une conférence organisée par l’Institut Cambodgien pour la Coopération et la Paix, un événement qui s’est déroulé dans les locaux de l’ambassade de France à Phnom Penh en présence de la presse et de personnalités.
Sur la base d’objectifs communs et de valeurs partagées
Quelques semaines avant sa prise de fonction comme ambassadeur de France en Chine et après avoir rencontré le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, S.E. Prak Sokhonn, Bertrand Lortholary animait donc cette rencontre de deux heures sur le thème « La stratégie indo-pacifique française : Trouver un équilibre stratégique en Asie-Pacifique ».
Bertrand Lortholary, souvent décrit comme un « super diplomate », a tenté de décrire les grandes lignes de la position française dans la région indopacifique, « là où se joue l’avenir du monde », précisait-il, arguant que « les conflits entre les deux grandes puissances, la Chine et les USA, n’avaient cessé de dominer l’actualité géopolitique, provoquant ainsi de sérieuses inquiétudes parmi les pays de la région Asie-Pacifique et des pays de l’ASEAN en particulier ».
« Il est donc important que la France et ses alliés participent à un rétablissement de l’équilibre mondial », a-t-il précisé.
Alors que le Cambodge est fréquemment considéré comme un partisan - ami d’acier - de la Chine, M. Lortholary a tenu à souligner que l’initiative française visant à atteindre un équilibre dans la région indopacifique n’avait pas été conçue pour contrarier ni la Chine ni les États-Unis, malgré les tensions actuelles entre les deux superpuissances, mais « plutôt sur la base d’objectifs communs et de valeurs partagées ».
Toutefois, a-t-il ajouté, « l’équilibre mondial implique que les pays assument leur souveraineté et prennent des décisions de manière indépendante ».
Un pays souverain, mais aussi un pays fort
En effet, sur ce point, M. Lortholary a tenu à souligner que le Cambodge ne pouvait être considéré comme un « petit pays », mais comme un État souverain susceptible de contribuer à résoudre les problèmes mondiaux :
« Nous considérons le Cambodge comme un partenaire naturel en raison de notre longue histoire commune mais aussi parce que nous partageons la même position sur un certain nombre de sujets, comme la guerre en Ukraine. »
« En acceptant de défendre le grand principe de base de la Charte des Nations unies, le Cambodge a prouvé qu'il n'était pas seulement un pays souverain, mais aussi un pays fort », a-t-il ajouté.
De son coté, S.E. Pou Sothirak a précisé :
« Nous ne pouvons pas éviter la pression des rivalité géopolitiques, mais nous avons besoin d'unité nationale, de consensus et de prospérité économique. Si vous n'êtes pas économiquement indépendant et fort, vous ne pouvez pas être politiquement indépendant.»
Toutefois, un équilibre est souvent très difficile à atteindre, a ajouté M. Vannarith, lorsqu'il s'agit de s'engager dans une confrontation entre superpuissances et qu'il fallait parfois se référer au droit international lorsqu'un consensus semble impossible.
Élargir la coopération
M. Lortholary a ajouté que la France, déjà partenaire de développement du Cambodge ainsi que de l'ASEAN, souhaitait aussi élargir ces relations, qui « évoluent sur la base de valeurs et d'intérêts communs » :
« Nous voulons faire de cette coopération un succès et démontrer notre engagement afin de prouver que nous sommes un partenaire de confiance. »
« Nous avons plusieurs visions en ce qui concerne le partenariat entre la France et l'ASEAN, mais aussi entre l'ASEAN et l'Union européenne elle-même un partenaire stratégique du bloc asiatique.», a-t-il ajouté. Bertrand Lortholary a également rappelé les quatres axes essentiels formant la stratégie française dans cette région du monde : défense, relations économiques, multi-latéralisme, et environnement.
Le diplomate a ensuite cité quelques-uns des axes de coopération dans la région, notamment à propos de l'accord FRANZ (France-Australie-Nouvelle-Zélande), entente tripartite visant à coordonner et rationaliser l’aide civile et militaire aux États et territoires du Pacifique insulaire victimes de catastrophes naturelles, les relations économiques fructueuses entre l'Europe et le Pacifique, et sa volonté de considérer le géant chinois comme un concurrent économique, « une bonne chose », et non comme un ennemi même si les positions divergent sur certains sujets, créant parfois des liens complexes avec la 3e puissance mondiale.
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