Le président américain Joe Biden a remercié samedi le gouvernement cambodgien d’avoir réaffirmé sa ferme opposition à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, alors qu’il rencontrait le Premier ministre Hun Sen en marge du sommet de l’ASEAN à Phnom Penh. Satisfait de la présidence cambodgienne de l'ASEAN, le président américain a toutefois rappelé quelques sujets locaux délicats comme la base navale de Ream et l'approche des élections.
Selon un communiqué de presse publié par la Maison-Blanche à l’issue de la rencontre entre les deux leaders, M. Biden a salué le leadership du Cambodge au sein de l’organisation intergouvernementale au cours d’une « année difficile ».
Selon l’assistant personnel du Premier ministre, Eang Sophalleth, M. Biden aurait également déclaré au Premier ministre que la communauté de pays revêtait une importance stratégique pour les États-Unis et que Washington « poursuivrait son soutien à l’unité et à la position centrale du bloc régional ».
Engagement et bémol
Sur sa page Facebook, le leader américain a écrit :
« J’ai rencontré le Premier ministre Hun Sen pour discuter du leadership cambodgien de l’ASEAN au cours d’une année difficile. J’ai également réitéré l’engagement des États-Unis envers le peuple cambodgien et leurs aspirations à un pays plus prospère, démocratique et indépendant. »
M. Biden s’est aussi déclaré satisfait des efforts de l'ASEAN, visant à résoudre la crise actuelle au Myanmar afin d’aider le pays à retrouver une situation normale. Toutefois, ce dernier a réitéré les préoccupations des États-Unis concernant la base navale de Ream et sur la « transparence totale » des activités qui y sont menées.
Ce n’est pas nouveau, à maintes reprises l’administration américaine s’est dite inquiète de la possibilité d’une base militaire chinoise dans la province côtière de Preah Sihanouk. Des allégations qui ont été tout autant de fois, réfutées par le gouvernement cambodgien.
Il a enfin exhorté le gouvernement à « garantir une atmosphère favorable à l’approche des élections générales de 2023 », faisant probablement allusion aux précédentes élections législatives à l’issue desquelles la diplomatie américaine s’était élevée contre « le manque organisé de réelle opposition politique ».
Au préalable à la venue du leader américain, l'ambassade américaine au Cambodge réaffirmait déjà cette position affirmant que « les États-Unis demeuraient engagés envers le peuple cambodgien et ses aspirations et demandaient instamment au Cambodge de prendre des mesures significatives pour rouvrir l'espace politique et civique, notamment en mettant fin au procès prolongé du leader de l'opposition Kem Sokha et en libérant d'autres militants politiques et de la société civile détenus, dont la citoyenne américano-cambodgienne Seng Theary ».
L'ambassade exhortait également le Cambodge à « s'attaquer à la corruption systémique et au trafic humain, qui entravent le développement du pays, et à résoudre le conflit du travail en cours entre NagaWorld et l'un des plus grands syndicats du pays ».
Remerciements
En réponse, le Premier ministre cambodgien a remercié le président américain de sa présence au sommet de Phnom Penh. Selon le chef du gouvernement royal, « cette présence souligne l’attention que les États-Unis portent à l’ASEAN.
S.E. Hun Sen a informé M. Biden de la coopération du Royaume avec le Japon pour aider l’Ukraine en matière de formation au déminage et pour s’opposer à la menace des armes nucléaires.
Hun Sen a également remercié les États-Unis pour le retour au Cambodge d’objets pillés, soulignant qu’ils étaient le pays « numéro un » en matière d’aide au rapatriement d’objets pillés au Cambodge.
Relations économiques
Les échanges commerciaux entre le Cambodge et les États-Unis ont augmenté de 45 % en 2022 pour atteindre 5 892 millions de dollars au cours des sept premiers mois de cette année. Les exportations du Cambodge vers les États-Unis ont bondi de 47 % pour atteindre 5 695 millions de dollars entre janvier et juillet 2022. Les importations du royaume en provenance des États-Unis ont également légèrement augmenté (+3 %) en glissement annuel pour atteindre 196 millions de dollars.
Les principales exportations du Cambodge vers les États-Unis sont les vêtements, les chaussures, les articles de voyage et les produits agricoles.
Le Cambodge se classe ainsi 49e en tant que partenaire commercial des États-Unis, et cela est dû en grande partie aux exportations. En conséquence, le déficit commercial des États-Unis avec le Cambodge dépasse largement les six milliards de dollars. Les principales importations américaines en provenance du Cambodge sont les vêtements tricotés, les produits en cuir, les vêtements tissés, les meubles, la literie et les chaussures. »
Bien que l’on ne s’attende pas à ce que des accords commerciaux entre les États-Unis et le Cambodge soient signés à court ou moyen terme, l’agriculture constitue, selon les experts, un domaine de croissance potentielle pour les échanges. La relation commerciale bilatérale est toutefois confrontée à quelques challenges alors que les États-Unis déploient le cadre économique indo-pacifique (IPEF), qui est au cœur de leur stratégie économique pour l’Asie-Pacifique et la genèse attendue des futurs accords commerciaux américains dans la région. Treize autres États indo-pacifiques en sont membres, tandis que le Cambodge n’en fait pas encore partie.
Coopération
Selon l'ambassade américaine au Cambodge, au cours des 30 dernières années, les États-Unis ont fourni trois milliards de dollars d'aide étrangère pour la santé, l'éducation, la sécurité alimentaire, la croissance économique, la réconciliation nationale, la démocratie et les droits de l'homme, l'environnement et l'élimination des munitions non explosées et des mines terrestres.
Les États-Unis ont également soutenu la nutrition et l'alphabétisation des enfants, promu les normes et les conditions de travail internationales et fourni une formation pour la protection des enfants, l'application des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment sur le régime de sanctions de la RPDC, la lutte contre le blanchiment d'argent et celle contre le trafic humain.
L'aide à la santé publique au Cambodge a permis de lutter contre la mortalité infantile et maternelle, le paludisme, la tuberculose et le VIH/SIDA, et de renforcer les systèmes de santé.
Les agences américaines - y compris les Centres de contrôle et de prévention des maladies, les Instituts nationaux de la santé, l'Agence américaine pour le développement international, la Marine américaine et le Département d'État - ont aidé le Cambodge pendant la pandémie de COVID-19 à se préparer à d'éventuelles futures épidémies en fournissant une assistance technique et en contribuant plus de 15 millions de dollars d'aide d'urgence supplémentaire et trois millions de doses de vaccin données en partenariat avec le système COVAX.
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