Située au nord-est du Cambodge la province du Mondolkiri regorge de beautés naturelles avec de superbes paysages, de hauts plateaux vallonnés, des forêts tropicales et des cascades.
Chef-lieu de la province, Saen Monourom est située à 850 mètres d’altitude. La ville est habitée par des minorités ethniques (Stieng, Kraol et Bunong), aux traditions animistes et aux modes de vie ancestraux. Les Bunongs occupent la région depuis plus de 2000 ans.
Les zones aux alentours sont très riches en biodiversité, elles sont réputées pour leurs forêts épaisses, leurs collines vallonnées et leurs cascades pittoresques. La province abrite également une faune importante et notamment des espèces en voie de disparition telles que l’ours de Malaisie et quelques félins.
Il est plaisant d’explorer Saen Monourom en vélo, à pied ou en scooter, c’est une petite ville calme pas encore touchée par le tourisme de masse, comme le sont d’autres villes du Cambodge. Ce qui la rend très attrayante pour les voyageurs en quête d’aventure. Son centre-ville est organisé autour d’un marché où l’on trouve facilement des vers grillés et des mygales frites, du poisson, de la viande, des légumes, des épices, mais aussi des boutiques de souvenirs.
La majeure partie de la population vit de la terre en plantant du riz, des arbres fruitiers et des légumes. D’autres font pousser du café, des fraises, du caoutchouc et des noix de cajou. Il y a aussi une production assez commune du fameux vin de riz qui est l’un des meilleurs du pays. En outre, ces ethnies vendent des produits artisanaux tels que bracelets, colliers et kramas.
En route vers le sanctuaire des éléphants, le Mondolkiri Project
Depuis sa création en 2013, l’ONG Cambodia Elephant Rescue Organisation gère le Mondulkiri Project. Elle a pour objectif la sauvegarde de la forêt et le développement d’un sanctuaire pour éléphants. Face à une déforestation massive ces 10 dernières années, la province a perdu environ 45 % de sa surface forestière, perte due principalement au commerce de bois précieux.
L’activité principale de l’ONG aujourd’hui consiste à organiser des treks dans la jungle et proposer une journée complète en compagnie d’éléphants pour sensibiliser la population.
La déforestation est l’une des principales causes de la quasi-disparition des éléphants Le Mondulkiri Project loue une grande partie de la vallée proche de Saen Monourom à la minorité Bunong pour accueillir les pachydermes, dont beaucoup sont en fin de vie. Ces animaux ont beaucoup souffert de l’activité touristique, comme les promenades à dos d’éléphant, ou par l’exploitation des paysans qui s’en servaient pour le transport du bois et les dressaient pour leur force exceptionnelle.
Aujourd’hui, au Cambodge, les touristes ne peuvent plus monter sur le dos des éléphants lors des treks, une pratique abandonnée en 2020. Les fonds récoltés par l’ONG permettent de soutenir ce projet, mais également aider financièrement les populations Bunongs, afin de limiter leur dépendance économique à la vente de bois, en partie à l’origine de la déforestation.
Les éléphants sont actuellement au nombre de cinq : Princesse, Sophie, Happy, Comvine et Lucky, uniquement des femelles.
Mr Tree, le fondateur de l’ONG compte intégrer beaucoup plus d’éléphants notamment un mâle pour assurer la reproduction. Il mène différents combats pour préserver la forêt primaire, il apporte son soutien à la communauté Bunong et rachète des éléphants à leur propriétaire, victimes de violences et de mauvais traitements pour assurer à ces pachydermes une nouvelle vie sereine et une liberté en plein milieu naturel.
À la rencontre des éléphants d’Asie
L’éléphant d’Asie est végétarien. Il se nourrit d’une grande variété de végétaux comme de l’herbe, des plantes, des fruits, des racines ainsi que des tubercules. Il est plus petit : 2 à 3,5 m au garrot contre 3 à 4 m pour son cousin africain. Il est aussi plus léger, 2 à 5 tonnes contre 3 à 8 tonnes pour l’éléphant d’Afrique.
Autres particularités pour l’éléphant d’Asie : seuls les mâles ont des défenses proéminentes. Ils présentent une dépigmentation de la peau sur certaines zones comme la trompe et les oreilles. Ils doivent donc se recouvrir de boue, de poussière et de feuilles pour se protéger des agressions du soleil et des insectes. Leur dos est également vulnérable à cause du développement très prononcé des épines dorsales de leurs vertèbres. L’éléphant asiatique est classé comme espèce menacée depuis 1986.
Sa population décline depuis ces 30 dernières années. D’après l’organisation Cambodia Elephant Rescue, il resterait environ 400 éléphants au Cambodge.
S’aventurer au cœur de la jungle pour observer les éléphants dans leur élément naturel
Plus de 70 % des éléphants qui vivent en captivité au Cambodge se trouvent dans la région de Mondolkiri. Plusieurs ONG, dont le Mondolkiri Project, proposent trekking et balade avec les pachydermes. L’idée est à la fois de découvrir la beauté de la jungle en passant par des visites au milieu de villages des minorités de la région. Observer et suivre les éléphants dans leur habitat naturel, les approcher pour les nourrir et les laver, apprendre sur leur comportement est une expérience inoubliable et un moment fascinant !
La communauté ethnique des Bunongs
Ce peuple autochtone vit d’agriculture (riz, hévéa, anacardier, légumes divers), de cueillette, d’élevage, de pêche et de chasse. Il demeure en étroite symbiose avec son environnement. Notamment la forêt, grâce à laquelle les Bunongs survivent depuis plus de 2 000 ans. C’est une ethnie par ailleurs réputée pour ses qualités de dressage d’éléphants. Cette tribu majoritaire est animiste, elle croit, tant dans les esprits de la forêt que dans le pouvoir des ancêtres.
Un peuple autochtone et animiste
La communauté Bunong a toujours vécu en marge de la société. C’est une minorité ethnique vivant dans l’une des provinces les moins peuplées du Cambodge, le Mondolkiri. Aller à leur rencontre, vous comprendrez mieux leur lutte : la conservation de leur patrimoine. Leurs terres ancestrales sont actuellement très convoitées et achetées par des multinationales, notamment pour la culture de l’hévéa, l’arbre à caoutchouc.
Les Bunongs cohabitent avec les animaux qu’ils élèvent : les buffles, les vaches, les cochons, les volailles, les chats et les chiens. Aux habitations traditionnelles de huttes de paille se substituent progressivement de jolies maisons en bois. Ce sont des animistes, avant de manger, il prie pour les esprits du lieu ou pour la forêt en leur demandant sécurité, joie et pour que tout se passe bien. Ce sont des travailleurs acharnés et la vie est assez difficile pour les Bunongs.
Ils travaillent avec acharnement, même les plus âgés, pour se nourrir et survivre. La médecine traditionnelle est encore très présente chez cette population, elle a recours à différentes pratiques : du rebouteux à l’herboriste, en passant par l’accoucheuse et le sorcier. Ces professions se transmettent souvent de génération en génération.
Les sculptures d’Ou Vanndy
Ou Vanndy a effectué des études d’arts à l’Université Royale des Beaux-Arts de Phnom Penh. Ces sculptures sont constituées d’anciennes pièces de motos, de voitures et d’armes qu’il récupère ici et là. Pour exécuter ces œuvres, il dessine les plans à la main et façonne les objets pièce par pièce en les soudant et les forgeant ensemble.
Les processus de montage sont très compliqués, c’est un travail de minutie et de patience. Le résultat est spectaculaire. Ou Vanndy imagine des sculptures originales et donne ainsi une seconde vie à des pièces uniques.
Encouragé par les retours positifs de ses compatriotes cambodgiens, il expose dans des musées, des salons et commence à acquérir une certaine renommée. Une de ses œuvres est visible à Saen Monourom, il s’agit d’une sculpture d’éléphant haute de 2,8 mètres et longue de 3 mètres, réalisé avec 800 tronçonneuses.
Texte et photographies par Fabienne Nigon © Tous droits réservés
photographies additionnelles : Jacques Beaulieu
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