Pour sa première visite au Cambodge, le sénateur Damien Regnard a tenu à rencontrer une communauté française marquée par la diversité.
Tiré à quatre épingles dans son costume-cravate et affichant un large sourire, le sénateur Damien Regnard distribue les poignées de main aux invités venus le rencontrer. Tandis que devant Larry D. Riverside s’intensifie peu à peu la valse des tuk tuks, Diego Dimarquès égrène sur sa guitare quelques notes qui résonnent dans la chaleur de la nuit. Sénateur des Français établis hors de France depuis 2018, Damien Regnard est coutumier de ce genre de réception qui constituerait presque son quotidien. Après une étape aux Philippines, c’est au Cambodge que se poursuit la visite du sénateur, qui s’apprête à décoller dès le lendemain pour l’Indonésie. Et, comme lors de chaque visite, une large place est accordée aux rencontres et aux échanges avec la communauté française.
Un rythme de marathonien
« On peut dire que j’ai fait quelques Miles », lance le sénateur en plaisantant, avant de reprendre son sérieux pour tirer le bilan de l’année précédente. Pas moins de 32 pays auront été parcourus en 2022, mais relativement peu en Asie, où les mesures sanitaires se sont souvent montrées plus drastiques qu’ailleurs. « Ces déplacements se révèlent parfois éprouvants pour l’organisme, car il faut affronter le décalage horaire, tenir un planning pour le moins chargé tout en se montrant disponible et à l’écoute à chaque instant », constate Damien Regnard, qui avoue néanmoins éprouver une inextinguible passion pour sa fonction. « Une énergie extrêmement positive se dégage de ces rencontres. Tous les profils y sont représentés et l’on est sûr de croiser des personnalités particulièrement intéressantes. Du tout petit entrepreneur à la grande boîte du CAC 40, chacun témoigne d’une expérience riche d’enseignements. Tous, aussi, se confient sur leurs sujets de préoccupation, qui peuvent être communs ou au contraire très particuliers. Les restrictions sanitaires liées au Covid ou, plus d’actualité, la réforme des retraites sont des sujets qui touchent la plupart des citoyens français que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors de mes récents déplacements. Mais d’autres thématiques occupent aussi les conversations, qu’il s’agisse de la place de la francophonie dans le monde, des problématiques liées à l’éducation, à la santé ou à la fiscalité. »
Rêve américain
Ces problématiques, Damien Regnard les connaît bien, puisqu’il a lui-même passé 26 années à l’étranger.
« Sur le continent américain notamment, d’abord au Canada, puis aux États-Unis, à la Nouvelle-Orléans plus précisément », raconte le sénateur qui a auparavant été chef d’entreprise, président de la Chambre de Commerce Franco-Américaine de Louisiane, parent d’élève et membre actif de l’Alliance Française.
« Vivre loin de son pays entraîne son lot de questionnements et de difficultés à surmonter. Avoir été confronté à certaines de ces situations aide à mieux les cerner, à y apporter des réponses ainsi qu’à faire remonter les problématiques auprès des assemblées. »
« Cela n’est pas toujours simple : tout d’abord, nous ne sommes que 12 sénateurs chargés de représenter les 3,5 millions de français vivant à l’étranger. C’est peu, surtout si l’on rapporte ce nombre aux 348 sièges du Sénat. Ensuite, les préoccupations des ressortissants qui ont choisi de vivre hors de France sont encore trop souvent jugées comme n’étant pas ou peu prioritaires. Il faut quelquefois batailler ferme afin de protéger leurs intérêts. En cela, notre rôle n’est pas tant de rédiger des projets de loi, mais plutôt de veiller à ce qu’aucun ne pénalise les français établis hors de France. Nous jouons donc, quelque part, un rôle de lanceurs d’alerte, en exerçant une vigilance constante sur les textes votés et en proposant des amendements lorsque cela est jugé nécessaire. Un grand nombre de sujets s’avèrent transversaux et concernent plusieurs ministères. Le travail peut donc s’avérer long et fastidieux, mais il est en tout cas absolument indispensable. Je prends comme exemple la politique mise en place durant la pandémie, qui empêchait littéralement les ressortissants français de regagner l’Hexagone. Cela a fait l’objet d’un difficile combat parlementaire qui a finalement permis d’abolir cette injustice. »
Réchauffement des relations France-Cambodge
Le sénateur a pu s’entretenir avec chacune des personnes présentes, guidé par Florian Bohême qui se chargeait de faire les présentations. Connaissant personnellement chaque ressortissant, le Conseiller des Français de l’étranger a tenu à démontrer toute la richesse et la variété d’une communauté engagée dans de multiples domaines d’activités. Après avoir louvoyé de groupe en groupe, les deux hommes ont ensuite pris le micro pour effectuer une déclaration. Florian Bohême a tout d’abord souligné que cette visite s’inscrivait dans le cadre d’un réchauffement des relations entre les deux pays, culminant avec la présence récente à l’Élysée du Premier ministre Hun Sen, qui exerce aussi la présidence de l’ASEAN.
Diplomatie parlementaire
« Chaque déplacement fait aussi l’objet d’entretiens avec des parlementaires, des diplomates, des ministres, des sénateurs et des militaires » a précisé ensuite Damien Regnard, qui a abordé tous les enjeux liés à ces visites qui sont loin d’être anodines. « Elles permettent de tisser ou de renforcer des liens qui ne sont parfois pas médiatisés, mais qui sont pourtant très forts avec certains pays. Et c’est aussi, et surtout, l’occasion de rencontrer la communauté française et ses représentants. » Se tournant vers Florian Bohême, dont la sensibilité est de gauche, le sénateur Les Républicains a souligné :
« La disparition des frontières politiciennes lorsqu’il s’agit de s’unir dans l’intérêt des Français. Les clivages s’estompent lorsqu’il nous faut défendre un amendement ou nous relayer au Parlement afin de défendre une cause qui transcende les partis. »
Pour conclure la rencontre, Damien Regnard a tenu à faire passer deux messages selon lui très importants : s’inscrire sur les listes consulaires permet d’obtenir des moyens auprès du Quai d’Orsay ainsi que d’augmenter le nombre de Conseillers des Français de l’étranger. « Le nombre de représentants est établi en fonction du nombre de citoyens inscrits au Consulat », a expliqué le sénateur, qui a ensuite rappelé l’importance du vote. « Quelle que soit l’élection, il faut montrer que les Français de l’étranger s’intéressent à la politique et possèdent autant de légitimité que les citoyens vivant en France. Cela permet de rappeler à nos gouvernants que toutes nos voix comptent. »
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