En tant que directrice adjointe principale du Centre de documentation du Cambodge (DC-Cam), j'ai l'honneur de faire part de mes observations sur la première journée d'une conférence de trois jours sur le génocide, intitulée « Écouter et diriger », qui s'est tenue à Kigali, au Rwanda.
Le premier jour de la conférence a été marqué par les discours d’ouverture des sponsors, des invités d’honneur et des invités de marque, notamment le président du conseil d’administration d’Aegis Trust, l’ambassadeur de Suède au Rwanda, le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide, le ministre rwandais de l’unité nationale et de l’engagement civique et le sous-directeur général de l’UNESCO pour l’éducation, entre autres. En outre, l’ancien président des États-Unis, William J. Clinton, a prononcé un discours vidéo préenregistré.
Parmi les temps forts de la première journée, la conférence a été marquée par l’annonce officielle de la création de l’Institut Isoko pour la paix, qui servira de centre régional et mondial pour le Rwanda. La journée a également été rythmée par des sessions consacrées à l’éducation à la paix et à l’importance du pardon.
Un jeu de rôle sur le pardon a été organisé dans le cadre d’une discussion animée par un panel sur la signification et l’état du pardon, et la dernière session de la journée était centrée sur un panel d’une douzaine de survivants racontant leur histoire de pardon. Cette dernière séance a été particulièrement marquante, car elle a réuni des victimes et des auteurs de crimes du village de réconciliation de Rweru, qui ont fait part de leurs expériences pendant le génocide.
La discussion et le pardon dans le contexte rwandais dépendent en grande partie des concepts de leadership et de religion, mais la prévention des massacres repose avant tout sur l’éducation, le dialogue et la responsabilité personnelle. La responsabilité personnelle peut s’exercer de nombreuses manières, dont certaines ont été explorées au cours de la première journée de la conférence. Tout d’abord, la recherche et l’octroi du pardon sont des actes personnels de la plus haute importance, car ils peuvent contribuer à la guérison, à la paix et à la transformation aux niveaux familial, collectif et national.
Comme cela a été expliqué au cours de la conférence, le pardon peut être obtenu par des routines aussi simples que profondes. Par exemple, les auteurs de crimes peuvent demander pardon en envoyant une lettre d’excuses à la famille de la victime.
La conférence a fait écho au thème de la responsabilité personnelle prononcé par Samdech Moha Borvor Thipadei Hun Manet, Premier ministre du Royaume du Cambodge, qui a déclaré :
« Nous devons insister sur le fait que l’obligation de promouvoir l’éducation sur le génocide est la responsabilité de tous, et pas seulement du gouvernement. La conférence d’aujourd’hui (l’avenir du Cambodge sans génocide) est un excellent exemple de coopération et de solidarité entre les différentes parties prenantes. Je tiens à remercier le Centre de documentation du Cambodge d’avoir aidé le gouvernement royal à intégrer l’enseignement de l’histoire du génocide dans le développement professionnel et institutionnel et à diffuser les activités dans la société nationale et internationale, en utilisant l’histoire pour réfléchir et inspirer l’avenir du Cambodge ».
La conférence du Rwanda, tout comme la récente conférence sur le génocide du 20 mai 2024 au Cambodge, est un effort de promotion de la responsabilité personnelle et collective. La responsabilité personnelle éclaire la responsabilité collective, qui éclaire à son tour notre compréhension des obligations nationales et internationales. Notre travail doit toujours se concentrer sur les niveaux de responsabilité collective, nationale et internationale, mais nous ne devons pas non plus oublier que la prévention des crimes d’atrocité commence et se termine par la responsabilité personnelle. Chaque individu a un rôle à jouer dans la prévention des crimes d’atrocité, et parfois les plus grands obstacles à la prévention des crimes d’atrocité aux niveaux national et international peuvent être surmontés par un exercice écrasant de détermination au niveau personnel. L’expression « plus jamais ça » est autant une obligation personnelle que nationale et internationale.
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