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Photo du rédacteurMichael Grao

Culture & Économie : Le musée SOSORO, échappée au cœur de l’histoire cambodgienne

Dernière mise à jour : 29 oct. 2020

« L’histoire doit maintenir vivante la vie » affirmait le philologue historien espagnol Americo Castro dans Réalité de l’Espagne. Maintenir la vie c’est aussi conserver une envie d’apprendre, de se nourrir des informations qui nous entourent afin de compléter nos connaissances. Il existe un bâtiment, amarré au pied de l’ancien quai de Verneville, hissant l’une des nombreuses voiles de la connaissance. Visite :

Façade du SOSORO
Façade du SOSORO

En 2013, la Banque Nationale du Cambodge a décidé de doter le pays d'un espace d'information et de culture spécialisé dans l’histoire économique et monétaire du royaume. Le musée SOSORO fut inauguré par le Premier ministre Samdech Hun Sen le 8 avril 2019. Cette initiative ambitionne d’offrir aux étudiants, lycéens et étrangers un espace de savoir moderne, interactif et permettant de jeter un regard original sur l’histoire du pays. Le musée se concentre sur le système économique, politique et monétaire de l’ère du Funan (ou Nokor Phnom) jusqu’à nos jours.

Déambulation muséale

Nous nous retrouvons au cœur de Phnom Penh, là où se trouvent les bâtiments emblématiques du protectorat français ; gare, poste, résidence générale, trésor public, pont aux Nagas, ex-hôpital militaire… sans oublier le Wat Phnom. C’est au numéro 16 de la rue 106 que nous nous arrêterons, face à un édifice majestueux qui hébergeait autrefois l’ancienne mairie de la capitale. En entrant dans le musée, nous découvrons une architecture moderne à haut plafond. Dans le hall d’entrée à gauche se trouve le guichet d’information accompagné de la billetterie. Les visiteurs pourront louer un guide audio disponible en cinq langues : khmer, anglais, français, chinois et japonais. En empruntant l’escalier monumental reconstruit à l’identique de l’original, la belle bibliothèque apparaît.

La bibliothèque du SOSORO
La bibliothèque du SOSORO

Les salles 1 et 1bis adjacentes à la bibliothèque nous éclairent sur la période du Ier au VIIe siècle et abordent les royaumes du Funan et du Chenla, des périodes historiques encore peu connues du public. Huit vitrines présentent les différentes monnaies circulant à cette époque ; de la monnaie unique au nom Içanavaraman Ier à celle de type Puy, en passant par les drachmas grecques, les nummus de Constantinople et autres devises. Elles témoignent d’échanges entre les différentes peuplades dans la région du Sud-est asiatique. La salle 2 propose la découverte de la période angkorienne du XIXe au XVe siècle ; un royaume marqué par la disparition de la monnaie pour faire place place à une économie agricole sans unité monétaire. Le riz constituait l’étalon principal, accompagné d’autres produits agricoles, un système de troc complexe, en somme. On nous présente ensuite la chronologie des règnes de nombreux rois dont Yasovarman (889-910) et Jayavarman VII (1181-1218).

En s’aventurant dans la 3e salle, la plongée dans l’univers du Royaume de 1353 à 1863 est fascinante. L’exposition retranscrit la nature des transactions de cette époque à travers les récits des premiers voyageurs européens. Un témoignage d’une période instable et souvent opaque, affectée par des successions de conflits avec les antagonistes voisins. Le roi Ang Duong, épuisé par les conflits, est inquiet de voir le pays dépecé par ses voisins et demande l’appui d’une puissance étrangère, la France. C’est son fils, Norodom, qui signera les termes du Protectorat français qui s'étendra de 1863 à 1953.

Clichés datant de la période du protectorat
Clichés datant de la période du protectorat

La période du protectorat est le sujet principal traité dans la 4e salle ; 90 ans de présence coloniale française menant à la création d’un système juridique et administratif, celle de la banque d’Indochine et de la première dualité monétaire dans le pays avec le jeune riel et la piastre. Après un engagement fort coûteux sous de nombreux aspects dans la guerre d’Indochine et à la demande du souverain Norodom Sihanouk, la France se retire du Cambodge après les accords de Genève en juillet 1954.

Indépendance et guerre
Indépendance et guerre

Le voyage dans le temps se poursuit dans les salles 5 et 6. De 1953 à 1978, trois régimes politiques se succèdent. 1953 ouvre la voie à des années de paix, d’indépendance et de renaissance culturelle et artistique, cette période appelée le Sangkum est fréquemment évoquée comme l’âge d’or du royaume. Le Cambodge s'émancipe avec la création de la BNC, le lancement du riel et la mise en place d’une politique monétaire. Mais, le pays bascule soudainement dans la guerre avec le coup d’État de 1970 suivi de la prise du pouvoir par les Khmers rouges en 1975.

Vue de la salle 7
Vue de la salle 7

La 7e salle nous transporte dans l'époque de la reconstruction de 1979 à 1998. Notre première escale prend place au sein de la République Populaire puis l’État du Cambodge marqué par un manque de ressources et le besoin de reconnaissance internationale. La visite continue avec la tutelle onusienne instaurée à partir de 1991 et se conclut avec la restauration du Royaume en 1993. Ces régimes, bien que très différents, n’auront de cesse d’œuvrer à remettre en marche un pays économiquement dévasté par la dictature de Pol Pot.

Frise chronologique
Frise chronologique

L’aventure continue dans la 8e salle. Elle témoigne de la période de croissance et du développement économique, de 1979 à 2017. Trois thèmes principaux et interdépendants sont examinés : la mise en place d’une paix civile, l'ouverture à l’international et la stabilisation économique. Le processus est évoqué à travers une large frise chronologique expliquant les fondements institutionnels et économiques de cette évolution plutôt rapide à l’échelle d’un pays.

Vue de la salle 9
Vue de la salle 9

La salle 9 est le début d’une expérience multimédia proposant un ensemble d’espaces permettant la compréhension de phénomènes économiques complexes de manière ludique, concrète et interactive. Les supports sont riches ; films dans les locaux de la BNC et dessin animé, en passant par des jeux interactifs, tous les âges y trouveront de quoi nourrir leurs connaissances. Enfin les salles 10, 11, et 12, mettent brillamment en valeur trois aspects ; le premier situe le Cambodge au niveau mondial, en le comparant aux autres acteurs économiques alors que le second met le visiteur en situation de récession ou d’inflation auxquelles les dirigeants sont parfois confrontés. La dernière partie est purement ludique, entre création de billets et quiz de 150 questions. Proche de la sortie du musée, les visiteurs souhaitant acquérir des souvenirs de leur excursion pourront s’attarder dans la boutique prévue à cet effet.

Boutique souvenir
Boutique souvenir

Après ce voyage intime dans l’histoire du Cambodge, il est temps de prendre une pause dans le jardin de l’établissement et de déguster une délicieuse boisson ou bien de se restaurer.

Musée SOSORO

16 Avenue, Preah Moha Ksatreiyani Kossamak , Sangkat Wat Phnom, Phnom Penh,

Horaires d’ouvertures : du mardi au dimanche/9H-18H

Étudiant/Enfant : 2000 riels ou 14 000 riels avec audioguide

Cambodgien : 4000 riels ou 16 000 riels avec audioguide

Étrangers : 20 000 riels ou 32 000 riels avec audio guide

Texte et photographies par Michael Grao

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