Alain Delon, qui vient de rejoindre bien d’autres légendes du cinéma là-haut, n’était pas seulement l’acteur emblématique au physique ravageur. Au-delà du 7e art, l’immense star s’était aussi illustrée dans les affaires en diversifiant ses sources de revenus via des investissements dans le cinéma et d’autres secteurs, dont les fameuses cigarettes bien connues dans le Royaume.
Dès 1968, Alain Delon fondera sa propre société de production baptisée Adel Productions qui, jusqu’en 1988, produira une vingtaine de films. En parallèle, l’acteur lancera Adid Alain Delon International Distribution, une entreprise basée en Suisse et chargée de distribuer des produits de luxe à son nom. Parfums, meubles (oui) cigarettes, cosmétiques… il existât même une bière Alain Delon.
Quant aux cigarettes, la marque a été lancée en 1992 pour le marché asiatique, principalement en raison de l’immense popularité de l’acteur dans cette région du monde. La marque est, sans surprise, devenue très populaire, en particulier au Cambodge. Elle était également également distribuée en Thaïlande, au Myanmar, au Laos et au Vietnam.
Les cigarettes Alain Delon ont été à l’origine créées par l’entreprise française Seita, pour être diffusées sur le marché japonais avant d’être produites par la British American Tobacco. En 2000, le magazine Les Échos évoquait l’immense succès de cette cigarette commercialisée alors par le groupe Altadis au Cambodge. Sur Internet, on trouvait de nombreuses images de ces paquets de cigarettes, et même un spot publicitaire dans lequel une voix féminine chantait, sur un air de jazz, « Alain Delon, le bon goût de France, Alain Delon, the taste of France », le tout sur des images mêlant clichés nocturnes de Paris, le Moulin Rouge, les Champs-Élysées et des photos de l’acteur en noir et blanc. On trouvait aussi régulièrement d’immenses affiches sur les billboards des rues de Phnom Penh et autres capitales.
L’existence de la marque, quasiment inconnue en France, fut révélée en 2013 par le documentaire « Tabac : nos gosses sous intox » sur le tabagisme des enfants au Cambodge, puis relayée par le vidéaste Antoine Daniel lors d’un « stream twitch » suivi par plus de 800 000 abonnés en mai 2022.
Pour le tournage du documentaire, le journaliste Paul Moreira s’était rendu au Cambodge et avait ainsi découvert que l’image d’Alain Delon était utilisée partout par la British American Tobacco. Le documentariste aura l’occasion d’interviewer Dominique Warluzel, l’avocat d’Alain Delon, qui confirmera alors que l’acteur était bien rémunéré pour ce partenariat, mettant fin ainsi aux nombreuses rumeurs qui suggéraient que l’image de l’acteur aurait été utilisée à son insu dans une région ou le respect du copyright est souvent malmené. L’avocat reconnaîtra aussi que l’acteur concédait une marque à l’industrie du tabac et qu’il l’assumait parfaitement. Ironie du sort, Alain Delon qui fumait énormément dans ses rôles a cessé de fumer il y a plus de 35 ans.
Selon la British American Tobacco, cette marque n’est plus commercialisée depuis 2018 et n’est apparemment aujourd’hui plus disponible sur aucun marché dans le monde.
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