Actuellement en France, le très actif Président de la Chambre de Commerce France - Cambodge et PDG de Confluences, Soreasmey Ke Bin, a accepté de répondre à quelques questions à propos des satisfactions de l'année écoulée, des projets pour 2023 et de son audience privée avec Sa Sainteté le Souverain Pontife.
Vous êtes actuellement en France jusqu’au 23 janvier, vacances, affaires ou un peu des deux ?
Un peu des deux, j’essaye toujours d’allier l’utile à l’agréable lorsque je me déplace en France et sur le continent européen. C’est le cas cette fois-ci encore avec un programme qui est assez chargé et ne me laisse guère de temps libre hors les soirées.
Si vous deviez célébrer 2023 avec un regard sur l’année passée, quelles seraient votre impression en quelques mots, les satisfactions, les choses à améliorer, et vos grandes résolutions pour la CCIFC et Confluences CCIFC ?
Pour la CCIFC l’année a bien démarré avec cet événement fort qu’aura été le Forum des Affaires France Cambodge et nous aura vus repositionner le royaume comme destination d’affaires pour les entreprises françaises. La fin de l’année a été plus compliquée à gérer avec le départ de notre directeur et le report de notre Gala annuel. À n’en pas douter 2023 sera une année de transition avec une nouvelle directrice, et à titre personnel ce sera aussi ma dernière année à la présidence de la chambre.
« Il est temps de faire place à une nouvelle génération d’élus pour notre CCI. »
Nous avons réussi, je crois, à transformer positivement notre chambre, il faut désormais que d’autres personnalités prennent le relais et amènent à leur tour idées et ambitions nouvelles.
Pour Confluences, nous avons très bien fini l’année en dépassant le million de chiffre d’affaires annuel, c’était notre objectif, nous sommes donc très satisfaits. Nous avions fait le grand pari en plein Covid de tripler la taille de nos bureaux puis celle de nos effectifs, et en sommes aujourd’hui récompensés. Confluences va célébrer ses huit ans, le défi est de continuer sur le même rythme. 2023 nous dira aussi si nous continuons seuls cette aventure ou si nous nous rapprochons d’autres acteurs, toujours est-il que je vous promets plusieurs annonces à venir - la première est que nous allons enfin pouvoir avancer sur notre projet de musée immersif à Angkor, pour le reste il va falloir patienter encore quelques semaines.
Parvenez-vous à vous déconnecter (un peu) de vos activités professionnelles lorsque vous retournez au pays de votre enfance ? Comment ?
Je ne me déconnecte jamais entièrement et je passe souvent une partie de mes matinées en France à faire des appels avec mes équipes, celles-ci sont de plus en plus autonomes, mais nous avons beaucoup de nouveaux projets, ce qui m’oblige à participer à pas mal de réunions.
Enfin vous le savez nous avons à Confluences de nombreux clients et partenaires en France même, les rendez-vous en présentiel sont donc nombreux et débordent parfois des frontières hexagonales, cet hiver je suis parti en Autriche pour signer un partenariat, l’été dernier c’était le Rwanda pour une mission de prospection.
Mais attention je consacre aussi beaucoup de temps à ma famille et mes vieilles amitiés qui sont regroupées à Lyon. Nous avons fait les 400 coups quand nous étions plus jeunes et j’ai toujours grand plaisir à les retrouver que ce soit pour aller soutenir un Olympique Lyonnais qui en a bien besoin ou vider quelques verres dans le vieux Lyon. La famille, les copains et un boulot qui me motive, voilà qui me lever tous les matins, et ce même lorsque je suis sensé être en congés.
Vous faites partie d’une délégation qui rend visite à Sa Sainteté le pape François, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Cette délégation est menée par deux personnalités religieuses du Cambodge : le vénérable bouddhiste San Sochea et le Père Will Conquer, lui-même prêtre des Missions étrangères de Paris et implanté au Cambodge depuis maintenant plusieurs années. L’objectif est de favoriser le dialogue inter-religieux et le programme est assez complet, avec comme moments forts une audience privée avec Sa Sainteté le Souverain Pontife et une autre avec le Conseil national de Monaco et sa première femme Présidente Mme Brigitte Boccone-Pagès.
Plusieurs personnalités cambodgiennes ont été invitées à se joindre à cette délégation, dont Neak Okhna Mengly J. Quach. Le Père Will est un ami et comme il m’a proposé de me joindre à eux, c’est un honneur que je ne pouvais décemment refuser.
Êtes-vous vous-même un catholique convaincu ou vous laissez-vous aussi influencer par quelques concepts bouddhistes tout en restant très attaché à votre religion ?
Je suis né dans la religion catholique et ai été éduqué selon ses rites et valeurs. Comme beaucoup de croyants, il m’est arrivé de douter, et même de m’éloigner un moment, mais je me définis aujourd’hui comme croyant.
Ma double culture m’a permis depuis tout petit de participer aussi à des cérémonies bouddhistes, et j’ai bien sûr continué de le faire depuis mon installation au Cambodge il y a 20 ans. Je le fais par fidélité à mes ancêtres et aussi par respect pour le côté cambodgien de ma famille.
À Confluences même, je tiens à ce que nous soyons très respectueux du calendrier bouddhiste et de ses traditions. Pour ma part j’essaye chaque jour de servir pour le bien commun. Je suis ainsi fidèle, je crois, à la fois au message de l’Église et à celui de l’Illuminé.
Est-ce votre première visite, que cela représente-t-il pour vous ?
Je suis, bien sûr, comme je pense, tout français, déjà allé à Rome et comme tout catholique, au Vatican. J’ai pu applaudir le Pape Jean-Paul dans sa papamobile à Lyon lorsque j’étais enfant, mais non je n’ai jamais connu l’honneur d’être reçu par le Saint-Père.
C’est une chance unique et inespérée, je ne doute pas que cela sera un moment fort émotionnellement et personnellement, et qu’il me marquera comme peuvent marquer toutes les belles rencontres et les beaux moments d’une vie.
Un vœu pour les communautés française et franco-khmère au Cambodge ?
Je crois que la pandémie nous a fait réaliser à tous la chance que nous avons d’être au Cambodge. Les relations entre les deux pays sont aujourd’hui au très beau fixe, on l’a vu avec la réception du Premier ministre cambodgien Hun Sen par le président français Emmanuel Macron, le plus beau symbole est la reconstruction décidée et financée par le gouvernement royal du Cambodge de ce monument aux morts franco-cambodgiens de la Grande Guerre qui avait été détruit par les communistes.
Être français au Cambodge ou être franco-khmer ce n’est pas anodin. Cela nous oblige, à chacun d’entre nous d’apporter sa pierre au développement de ce merveilleux royaume qu’est le Cambodge.
Un vœu pour les Français ?
Qu’ils retrouvent l’unité et que cessent les querelles gauloises sans fin qui empêchent toute ambition, et surtout que les Français retrouvent l’espérance, l’espérance en des lendemains meilleurs pour eux et les générations qui viennent.
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