Elle fut la jeune, jolie et pétillante actrice cambodgienne du film l'Oiseau du Paradis, réalisé par le Français Marcel Camus en 1962. Nary Hem est décédée mercredi dernier à l'âge de 86 ans en France.
Actrice
Dans ce film, également connu pour la prestation royale de S.A.R Buppha Devi, Nary y incarne avec tant de grâce et de naturel la jeune Cambodgienne Dara, une belle danseuse, aux côtés d’autres acteurs célèbres de cette époque dite de l’âge d’or du cinéma cambodgien, Nop Nem, Meas Sam El et Saksi Sbong.
Le film raconte la rencontre entre un jeune cambodgien pauvre et cette ravissante danseuse Dara. Un oiseau merveilleux leur promet l’amour et les voilà tous deux partis vers leur destin...malheureusement tragique.
Bien que massacré par le journal Le Monde à sa sortie, le film est empreint d'une véritable poésie et d'une candeur tout-à fait séduisante et, on n'insistera jamais assez sur la performance de Nary, dont la beauté illumine l'écran mais dont le jeu sonne plutôt bien pour une actrice non-professionnelle à l'époque.
Beauté
Nary est née au Cambodge en février 1937, fille de Hem Chiam Reun, commissaire de police, et de Hem Dak Peay. Elle est la deuxième plus âgée d’une famille de onze enfants. Sa beauté lui permet de décrocher le titre de deuxième dauphine de Miss Cambodge en 1960. C’est la même année que naît à Phnom Penh, le 6 janvier 1960, son premier enfant, Armand. Viendra ensuite sa fille Soriya en 1961.
Après son expérience aux côtés du réalisateur Camus, avec l’aide de la famille, la jeune femme créera sa propre société de production, Baksey Thaansuo (« oiseau de paradis » en khmer). Elle produira et réalisera trois films entre 1963 et 1965. Le premier fut Rosat Tam Khyol (À la dérive dans le vent), suivi de Sekkarak Bopha (Bodhisattva) et Khmer Ler Lady (Khmer highland lady).
Des films qui n’ont jamais été retrouvés, car probablement détruits durant le régime des Khmers rouges. En 1967, Nary s’installe en France avec son premier mari, Armand Gaston Gerbié. Après la mort de ce dernier, elle se remarie et change son nom en Narie Duteil.
Une maman qui s’en va
Si Nary Hem demeure l’oiseau de Paradis pour l’éternité auprès de ses admirateurs et des cinéphiles, elle fut aussi la maman du fameux Armand, restaurateur fantasque et plein de cœur à Phnom Penh et fils aux mille vies. Et, dans chacune de ses conversations, Armand ne manque jamais d’évoquer cette maman aimante pour qui il éprouvait une admiration sans limites.
« L’oiseau de Paradis, c’était ma maman » disait-il pour se situer lorsqu’on l’interrogeait sur sa famille.
Une étoile à la carrière bien trop courte s’en est allée, une maman disparaît, reste le souvenir d’une beauté cambodgienne pleine d’énergie de talent qui aura brillé le temps d’un joli film inoubliable.
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