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Cheab Sibora, le Cambodgien qui fabrique des poupées « Barbie » en costume traditionnel

Un étudiant cambodgien en informatique a tourné le dos au monde digital pour se consacrer à une activité bien plus inhabituelle et créative : concevoir des tenues traditionnelles khmères pour des poupées de style Barbie.

Le designer Cheab Sibora explique que chaque costume s'inspire des différentes cultures et identités des 25 provinces et villes du Royaume. Photo fournie

Malgré quelques réticences de sa famille au départ, Cheab Sibora a entrepris de concevoir et fabriquer des tenues traditionnelles pour les poupées dans le style khmer.

« Bien que je n’aie pas reçu beaucoup de soutien au début au départ, mes amis et ma famille ont finalement soutenu mon projet - fabriquer des tenues d'inspiration khmère pour des poupées de style Barbie », confie-t-il.

Inventée par Ruth Handler en 1959, Barbie est la poupée la plus populaire de tous les temps, avec plus d’un milliard d’exemplaires vendus depuis son lancement.

Sibora espère maintenant enrichir cet héritage en donnant aux poupées, pour la première fois, une touche traditionnelle khmère.

Selon le créateur, chaque costume s’inspire des différentes cultures et identités des 25 provinces et villes du Royaume, et ses créations sont devenues plutôt populaires au fil des années auprès de la diaspora cambodgienne et des étrangers.

Le jeune homme de 30 ans est un artiste autodidacte et passe deux à trois jours à terminer une poupée, qui se vend entre 30 et 50 dollars pièce

« Chaque poupée nécessite beaucoup de travail et d’attention pour concevoir la broderie. Le tissu doit être cousu avec de petites perles et des paillettes, une par une, pour créer les motifs traditionnels khmers », explique-t-il.

L’un des motifs est Reachny Ney Krong Kuch, qui représente Phnom Penh. Dans le cadre de ce projet, la Barbie est vêtue d’un costume argenté étincelant, orné de broderies et de perles de la tête aux pieds.

Pour la province de Pailin, célèbre pour sa danse traditionnelle du paon, le costume Moyurana est fait de plumes d’oiseaux qui complètent la jupe en soie à motifs bleus, le tout terminé par une tête de paon dorée.

Une autre tenue représentant l’ancienne capitale de Siem Reap, baptisée Neang Tep Apsara, intègre les sculptures et les gravures Apsara des temples emblématiques de la ville.

La passion de Sibora pour la mode et le design a commencé en 2011, alors qu’il était lycéen, où il s’est inspiré de l’art traditionnel khmer, des peintures et des livres d’histoire. En 2013, il a commencé son projet de costumes pour poupées.

« Bien que je n’aie pas étudié ce type de discipline artistique, j’aimais regarder les défilés de mode, parcourir les catalogues et lire les livres d’art. J’étais tellement intéressé que j’ai décidé de les essayer, même si c’'est l’exact opposé de mes études en informatique. »

Le jeune designer vonfie avoir été inspiré par un livre écrit par le célèbre spécialiste des arts, Pich Tum Kravil, intitulé Khmer Dance. cet ouvrage explorait d’anciennes écritures khmères découvertes au temple de Lor Ley, datant du IXe siècle, décrivant des scènes où une femme se déguise et danse pour les esprits saints. Cela l’a incité à transposer cette beauté ancienne dans l’ère moderne par le biais des poupées.

Si ses camarades de classe ont encouragé et salué son travail, sa famille s’est montrée moins enthousiaste au départ.

« Comme ma famille est très pauvre, ils craignaient que je ne puisse pas gagner de l’argent avec ça et m’ont demandé d’arrêter. Mais comme j’aime ce que je fais, je continuais chaque jour et chaque nuit en secret, sans qu’ils le sachent », raconte-t-il.

Après des années passées à concevoir et à produire ces costumes, Sibora a pu présenté son travail au public en 2018 dans le cadre d’une exposition officielle afin de promouvoir le patrimoine et la culture khmers.

Aujourd'hui, Cheab Sibora a développé son activité de designer en travaillant également sur des modèles vivants, il a notamment conçu les costumes du récent concours de beauté Miss Pre-Teen World 2023.

Pour plus d’informations, visiter ses pages Facebook Bora Apsara ou Banjureth Art Page.

Pann Rethea avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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