Le ministère de l’Éducation a annoncé qu’il mettra en place un programme d’éducation à la santé avec une approche plus globaliste à partir de 2022.
L’intention du nouveau programme est de fournir des informations scientifiques pertinentes et actualisées à propos de la santé sans omettre les problèmes de santé mentale et sexuelle. Un changement qui souhaite aller vers un enseignement plus complet et plus moderne que les cours classiques de biologie actuellement dispensés.
Nouveau programme
Le nouveau programme sera enseigné une fois par semaine pendant une heure et se concentrera sur les problèmes de santé physique et mentale spécifiques aux groupes d’âge des élèves. Chhaykim Sotheavy, directrice du département de la santé scolaire, déclare à ce sujet que le ministère souhaite que les étudiants comprennent mieux ces problèmes et entend les aider à éviter les risques pour leur santé. Le programme enseignera également aux élèves, de la première à la douzième année, la corrélation entre leur santé et l’environnement, le bien-être personnel et l’économie, tout en s’attaquant à des problèmes délicats et parfois tabous comme le harcèlement sexuel.
« Certains des modules proposent des méthodes pour affronter des situations difficiles comme apprendre à dire non, et cela aidera les élèves, les filles en particulier, à se protéger »
« Les étudiants doivent comprendre leurs droits. Même dans les relations conjugales, le mari et la femme sont des partenaires égaux, et personne ne peut forcer personne ».
Ros Soveacha, porte-parole du ministère de l’Éducation, annonce que le ministère a achevé la rédaction de certains des manuels scolaires et espère qu’ils seront publiés d’ici 2021. Compte tenu de la crise économique actuelle causée par le COVID-19, Chhaykim Sotheavy craignait de ne pouvoir obtenir le financement nécessaire pour lancer ce nouveau programme.
Rapport
Un rapport de 2018 du ministère de l’Éducation et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) révélait que 35 % des 5000 élèves de 15 ans interrogés avaient déclaré que leur santé était mauvaise ou moyenne, les filles signalant des problèmes de santé plus fréquents que les garçons. Outre des ennuis de santé tels problèmes gastro-intestinaux et grippe, les étudiants avaient mentionné qu’ils souffraient aussi de dépression, d’insomnie, de crises d’angoisse et de grande fatigue. Entre 5 à 7 % des élèves ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel de la part d’un camarade, des enseignants et du personnel de l’école, les garçons rapportant plus de cas. Le rapport attribue cela à des perceptions différentes du harcèlement sexuel. En effet, les garçons ont tendance à discuter plus librement et plus souvent du comportement sexuel, mais les normes culturelles pour les filles leur suggèrent d’être « polies et convenables » et donc de parler moins ouvertement des comportements sexuels.
Mom Kong, le directeur exécutif du Mouvement cambodgien pour la santé, se déclare sceptique quant au déploiement prévu, car un programme de santé avait été proposé depuis la fin des années 1990. Et même si le ministère a finalisé les nouveaux modules du programme, Mom Kong avance que le manque de ressources financières et humaines peut rendre difficile la mise en œuvre des nouveaux cours :
« Le Mouvement cambodgien pour la santé participe à la création d’un contenu similaire, mais principalement pour des informations sur les maladies non transmissibles. Nous conseillons également sur les effets secondaires du tabac et de l’alcool dans leur vie personnelle et sociale et aussi sur la façon de se protéger des maladies non transmissibles »
Bon accueil
Les responsables des établissements scolaires de Phnom Penh ont accueilli favorablement le nouveau programme tant qu’il s’agit d’informations actualisées et pertinentes sur les problèmes rencontrés par les élèves, et non d’une autre leçon de biologie classique. Hoy Kimse, le directeur de l’école primaire de Wat Koh à Phnom Penh, pense qu’il est important pour ses élèves d’avoir des informations précises sur la santé mentale et physique, ce qui leur permet de mieux se protéger :
« Au fur et à mesure qu’ils apprennent, ils peuvent utiliser ces connaissances pour leur propre compte, mais aussi en faire bénéficier leur famille »
Touch Kantal, le directeur du lycée Bak Touk de Phnom Penh, déclare que le ministère de l’Éducation devrait rendre le nouveau programme plus spécifique et orienté vers les problèmes de santé actuels, notamment en enseignant aux élèves la santé reproductive et ses relations avec d’autres affections. « Les gens de notre pays hésitent encore à parler de santé reproductive et d’hygiène », dit-il en ajoutant que :
« Nous ne parlons pas de vaccin pour la prévention contre le cancer du col de l’utérus ou à quel âge ils peuvent commencer à avoir des relations sexuelles et d’autres problèmes de santé reproductive, en particulier pour les étudiantes »
Le directeur soulève également que les élèves dont les parents ont divorcé ou qui ont été témoins de violence domestique sont susceptibles de souffrir de problèmes de santé mentale. Selon lui, fournir les bonnes informations à ce sujet pourrait les aider à comprendre et à mieux prendre soin de leur bien-être mental.
Katheryn Bennett, qui dirige le programme d’éducation de l’UNICEF au Cambodge, avance qu’il est essentiel de donner aux étudiants une bonne éducation sanitaire pour provoquer des changements de comportement à long terme — un problème qui a justement été mis en évidence pendant la pandémie.
« Il est nécessaire d’investir dans les ressources humaines pour garantir que la matière puisse être enseignée ecorrectement à tous les niveaux scolaires », déclare-t-elle.
Sokummono Khan et Hean Socheata VOA Khmer & CG
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